Florence © Belga

L’Italie se dirige vers un automne orageux

Le Vif

De Venise à la Sicile, les panneaux « Complet » sont de sortie et les places sont chères sur les plages en ce week-end, apogée d’une saison touristique fastueuse, mais l’Italie se prépare à un automne politique et économique compliqué.

Dans la capitale envahie par les touristes et désertée de ses habitants, la nouvelle vendredi d’une stagnation économique au deuxième trimestre n’a pas fait beaucoup de bruit. Pour l’instant.

Plombée par une demande interne en berne et un secteur bancaire trop fragilisé par ses créances douteuses pour financer les investissements, la troisième économique de la zone euro est toujours à la traîne.

Pour le chef du gouvernement Matteo Renzi (centre-gauche), ce zéro pointé, après trois ans de récession et une année de redémarrage diesel, arrive au plus mauvais moment.

M. Renzi a en effet mis son avenir politique en jeu sur un référendum constitutionnel prévu en novembre. Et cette stagnation complique l’élaboration d’un budget 2017 dont les grandes lignes doivent être présentées avant la mi-octobre.

Arrivé au pouvoir début 2014 sur un programme de réformes tous azimuts, M. Renzi a reconnu la semaine dernière avoir fait une erreur en liant explicitement son sort à celui de sa principale réforme, destinée à mettre un terme à l’instabilité gouvernementale et à l’extrême lenteur législative.

Mais les experts sont unanimes: il est trop tard pour empêcher que le vote ne se transforme en référendum sur ses deux ans et demi de pouvoir.

Pour l’instant, les sondages donnent le oui et le non au coude-à-coude, ce qui accroît la pression sur M. Renzi pour présenter un budget qui ralliera les électeurs derrière lui, au risque d’un affrontement avec Bruxelles.

Le ministre du Développement économique, Carlo Calenda, a clairement dit ce week-end que le gouvernement envisageait d’ignorer les directives de l’Union européenne (UE) sur le déficit budgétaire pour dévoiler un bugdet de relance.

‘Le maximum possible’

Pourtant, après l’annonce de la stagnation du Produit intérieur brut (PIB) entre le premier et le deuxième trimestres, les analystes prévoient que le gouvernement va devoir réviser à la baisse ses prévisions de croissance de 1,2% cette année et de 1,4% en 2017.

« Je ne peux pas cacher que la marge de manoeuvre est serrée », a déclaré M. Calenda.

La Commission a fixé à l’Italie un objectif de déficit budgétaire de 1,8% du PIB pour 2017, seul moyen d’enrayer la progression d’une dette publique colossale qui a atteint 2.248 milliards d’euros en juin.

« Nous avons déjà obtenu beaucoup de flexibilité et nous avons l’intention de demander plus, le maximum possible, mais toujours dans les règles », a expliqué M. Calenda.

M. Renzi a déjà présenté des éléments de son possible plan de relance, comme une augmentation des pensions pour les retraités les plus pauvres et un programme anti-pauvreté financé par les 500 millions d’euros annuels d’économies évalués pour l’élément-clé de sa réforme constitutionnelle: la quasi-abolition du Sénat.

Le ministre des Infrastructures, Graziano Delrio, a aussi évoqué dimanche la relance dès septembre d’une série de grands travaux: le nouveau tunnel ferroviaire sous le Brenner, la liaison entre le port de Gênes et le réseau ferroviaire rapide, la ligne ferroviaire rapide entre Naples et Bari…

Selon le quotidien économique Il Sole 24 Ore, ces mesures pourraient représenter une dépense de quatre milliards d’euros dès 2017.

Mais M. Renzi pourrait réussir à forcer la main à Bruxelles, où beaucoup s’inquiètent des implications d’une éventuelle victoire du non au référendum, selon un haut responsable de l’UE proche des négociations avec l’Italie.

« On préfère le diable qu’on connaît ! Si Renzi s’en va, qui sait qui va le remplacer ? », a expliqué ce responsable à l’AFP sous le couvert de l’anonymat.

Selon les sondages, le Mouvement 5 étoiles (M5S), formation inclassable longtemps résolument anti-euro qui a remporté les mairies de Rome et de Turin en juin, pourrait arriver en tête en cas d’élections anticipées après une démission de M. Renzi.

Même si le M5S a mis sa promesse de référendum sur une sortie de l’euro en sourdine ces derniers temps, la perspective de son arrivée au pouvoir pourrait créer une nouvelle onde de choc après la décision du Royaume-Uni de quitter l’UE.

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