Gérald Papy

France bashing, sport national

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Impopularité de Hollande et déprime des Bleus, symptômes d’une France malade ? Rien de commun sauf l’autodénigrement sûrement, l’incapacité de décider, peut-être

Le désamour entre les Français et leur gouvernement, la révolte des bonnets rouges contre l’écotaxe, la perte de la note AA +, la défaite des Bleus au match aller de leur confrontation face à l’Ukraine, voire la violence inexpliquée d’un individu en plein coeur de Paris… Les indicateurs semblent s’accumuler pour démontrer que la France va mal ou, en tout cas, vit un mal-être existentiel. Mais, honnêtement, y a-t-il un point commun entre le record d’impopularité de François Hollande et la déprime de l’équipe française de football ? A priori, non.

Et pourtant, la juxtaposition de ces actualités suscite deux questionnements conjoints. Ils portent sur la prise de décision et sur l’autodénigrement.

Le premier a été suggéré par le coup de gueule de l’ancien journaliste sportif de TF1 et consultant d’i-Télé, Pascal Praud, qui a expliqué la « détestation » de l’équipe nationale par le ras-le-bol des Français à l’égard du comportement de certaines « stars » et par l’absence de véritables sanctions de la Fédération française de football envers les mutins de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud ( le fameux épisode de refus d’entraînement à Knysna) et à l’encontre de Patrice Evra qui, plus récemment, a insulté des chroniqueurs sportifs. L’absence de décisions tranchées, c’est exactement ce qui est reproché à François Hollande, président « pépère », depuis son avènement. Revient dès lors l’antienne d’une France engoncée dans ses conservatismes et incapable de se réformer en profondeur.

La seconde similitude qu’inspire le malaise autour des Bleus et du président est l’extraordinaire dénigrement dont ils sont l’objet. La passion du débat fait partie de l’ADN de la culture française. C’est une richesse et un ferment de la démocratie. En comparaison, nombreux sont ceux qui, en Belgique, regrettent que les intellectuels, notamment, ne l’alimentent pas avec la même densité. En France, tout est matière à débat, y compris la moindre composition d’une équipe de foot. Et une radio (RMC) s’en est même fait une spécialité. Revers de l’addiction : les commentateurs de l’actualité ne cultivant pas l’autodérision à la belge, le propos se veut le plus souvent docte et sérieux et sombre de temps en temps dans une sidérante violence verbale. Ferment d’une autre violence ? De surcroît, le questionnement permanent, notamment sur « l’identité française », risque, à la longue, de saper les plus apaisantes certitudes.

Les critiques exprimées à des époques pas si lointaines à l’encontre d’un Nicolas Sarkozy ou d’un Raymond Domenech (ex-sélectionneur de l’équipe de France) démontrent que personne n’est a priori épargné par la vindicte. Un président présumé faible et un entraîneur trop tâtonnant s’exposent sans doute plus que d’autres à pareils traitements. C’est la loi de la jungle. Ils ne l’ignoraient pas avant d’assumer leur fonction.

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