RDC: Human Rights Watch accuse le Rwanda de toujours soutenir la rébellion M23

(Belga) Un rapport de l’ONG des droits de l’Homme Human Rights Watch affirme que le Rwanda continue de soutenir la rébellion congolaise Mouvement du 23 mars (M23), active dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine, et accusée de graves exactions.

« Des habitants de la région et des rebelles déserteurs ont décrit de récentes activités attestant que les forces criminelles du M23 ont reçu de l’aide en provenance du Rwanda », écrit HRW, qui dit avoir mené depuis mars plus de 100 entretiens, notamment avec des victimes près de la frontière congolo-rwandaise. « Parmi ces activités figurent des mouvements réguliers du Rwanda vers la RDC d’hommes en uniforme de l’armée rwandaise et l’approvisionnement du M23 en munitions, en vivres et en autres fournitures provenant du Rwanda », poursuit le rapport, qui confirme des accusations de Kinshasa. Le document évoque aussi des recrutements forcés de jeunes hommes et de garçons en RDC et au Rwanda. Au Rwanda, « des officiers de l’armée rwandaise ont formé de nouvelles recrues du M23, et ont communiqué avec et rencontré des dirigeants du M23 à plusieurs reprises », est-il précisé. Parmi les hommes recrutés au Rwanda « figurent des militaires rwandais démobilisés et d’anciens combattants des FDLR (Forces démocratiques de Libération du Rwanda, rébellion hutu), dont la plupart avaient été intégrés dans la Force de réserve de l’armée rwandaise, ainsi que des civils rwandais », poursuit le rapport. Selon HRW, le soutien de Kigali continue malgré la reddition en mars de Bosco Ntaganda, ancien chef militaire du M23, à la Cour pénale internationale (CPI). Le rôle du Rwanda dans la prise de Goma avait déjà été souligné par un groupe d’experts des Nations Unies. « Ce soutien permet la survie d’un groupe armé qui est responsable de nombreux meurtres, viols et autres graves exactions », a dénoncé le directeur pour l’Afrique de HRW, Daniel Bekele. Fin février, onze pays ont signé l’accord d’Addis-Abeba, selon lequel ils s’engagent à ne plus soutenir de groupes armés dans l’Est de la RDC. Le Rwanda et l’Ouganda, voisins de la RDC et signataires de cet accord, ont été accusés par des experts de l’ONU de soutenir le M23 – des accusations qu’ils réfutent. Le rapport explique aussi que le M23 a « exécuté sommairement au moins 44 personnes et violé au moins 61 femmes et filles depuis mars ». En outre, des officiers de l’armée congolaise auraient soutenu des factions de miliciens hutu congolais coupables de « plusieurs meurtres et viols (…) dans les zones contrôlées par le M23 et aux alentours ». Parmi ces factions figureraient certaines qui composent les FDLR, actives dans l’est congolais, où elles commettent régulièrement des exactions (viols, pillages…) contre les civils. Des éléments des FDLR sont recherchés pour participation au génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda. Le M23 est actif depuis mai 2012 dans la province riche et instable du Nord-Kivu. Il est essentiellement composé de Tutsi congolais intégrés dans l’armée congolaise après un accord de paix signé en 2009. Ils se sont mutinés en avril 2012, estimant que cet accord n’avait jamais été pleinement respecté. La Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco) a commencé à déployer une nouvelle force, la Brigade d’intervention. Celle-ci est composée de 3.000 Casques bleus sud-africains, tanzaniens et malawites et a pour mandat pour d’éradiquer les groupes armés. (Belga)

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