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Afrimarket, la nouvelle concurrence de Western Union

Le Vif

Permettre à la diaspora africaine d’envoyer à ses proches au « pays », de l’argent que ceux-ci vont récupérer sous forme de biens de consommation. C’est le modèle « cash to goods » de cette start-up qui ne manque pas de soutien.

41 milliards de dollars. C’est le flux d’argent transitant des pays du Nord vers ceux du Sud chaque année. Celui correspondant aux fonds que les diasporas transmettent à leurs familles restées au  » pays « . Afrimarket arrive avec une nouvelle solution pour les migrants donateurs. Alors que chez ses concurrents Western Union ou MoneyGram, le transfert d’argent prend la forme d’un  » cash to cash « , la start-up se positionne sur du  » cash to goods « .

Autrement dit, le destinataire ne reçoit pas d’argent en espèces sonnantes et trébuchantes, mais des avoirs pour acheter des biens ou des services auprès de commerçants de quartier partenaires : supérettes, pharmacies, distributeurs de bonbonnes de gaz, libraires, hôpitaux ou services funéraires.  » Selon une étude de la Banque Mondiale, 70 % des donateurs voudraient avoir un droit de regard sur l’argent qu’ils transfèrent, d’où la pertinence du modèle que nous offrons « , affirme Rania Belkahia, qui a fondé Afrimarket aux côtés de Jérémy Stoss et de François Sevaistre.

Marchés spéciaux La start-up possède des représentants sur le continent africain, pour, dit-elle, sélectionner les commerçants selon des critères de transparence administrative et financière d’une part, de qualité d’autre part (pour la vente de médicaments notamment). Est-il toutefois judicieux de proposer des denrées alimentaires coûteuses en supérette, alors que les populations s’approvisionnent essentiellement sur les marchés ?  » Pour contourner ce frein, nous venons par exemple de nouer en Côte d’Ivoire un partenariat avec CDCI, une enseigne qui vend en demi-gros , explique Rania Belkahia. Nous savons aussi nous adapter aux spécificités culturelles. Nous avons ainsi réalisé en octobre une opération spéciale sur le Sénégal, pour l’achat d’un mouton pour la tabaski.  »

Coup d’accélérateur

Présents pour l’instant en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Sénégal, à travers une cinquantaine de points de vente, les fondateurs d’Afrimarket visent le Mali et le Cameroun en 2014. Autres challenges à venir : la mise en place d’un réseau de collecte de cash à travers des points de vente (banques ou bureaux de tabac), et l’extension des partenariats, de manière à permettre le paiement de ses factures (eau, électricité, gaz), de son crédit téléphonique ou de sa taxe foncière.

Tous ces développements vont nécessiter une seconde levée de fonds. Le premier tour de table, de 550 000 euros, a eu lieu cet été. On retrouve ainsi au capital de la société des business angels comme Xavier Niel ou Jacques-Antoine Granjon. Et dans son conseil d’administration, entre autres, David Foskett, ancien responsable financier de Western Union.

Par Marianne Rey


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