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Israël et Palestine vont reprendre les négociations de paix gelées depuis trois ans

Le Vif

Après trois ans d’attente, des négociations directes entre Israël et l’Autorité palestinienne vont reprendre ce lundi à Washington, suite à la décision du conseil des ministres israéliens de libérer 104 prisonniers palestiniens.

Israéliens et Palestiniens vont reprendre des négociations de paix directes, gelées depuis trois ans, à Washington dès lundi soir, alors que le gouvernement israélien a approuvé dimanche la libération de prisonniers palestiniens en signe de bonne volonté.
La libération prochaine de 104 Palestiniens apaise les tensions
« Aujourd’hui le secrétaire d’Etat John Kerry s’est entretenu avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et il les a personnellement invités à envoyer leurs équipes de négociateurs à Washington pour reprendre formellement les négociations directes. Les premières réunions sont prévues lundi soir 29 juillet et mardi 30 juillet », a indiqué le département d’Etat.

« Ces négociations seront une occasion de développer un plan de travail qui déterminera comment les parties procèderont dans ces négociations au cours des prochains mois », a ajouté la porte-parole.

Plus tôt dans la journée, le gouvernement israélien a approuvé la libération de prisonniers palestiniens, selon la radio publique. Le conseil des ministres a adopté un texte prévoyant la libération de 104 prisonniers palestiniens détenus en Israël, par 13 votes pour, 7 votes contre et 2 absentions, a indiqué la radio. « Le gouvernement a approuvé l’ouverture de négociations diplomatiques entre Israël et les Palestiniens et (…) la formation d’un comité ministériel en charge de la libération de prisonniers palestiniens dans le cadre des négociations », a indiqué un communiqué du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, précisant que ce dernier présiderait le comité.
Les services de Benjamin Netanyahu n’ont pas précisé le nombre ni l’identité des prisonniers qui seraient libérés. L’Autorité palestinienne a immédiatement salué la décision israélienne. « Nous saluons la décision du gouvernement israélien de relâcher les prisonniers qui ont été arrêtés avant les accords d’Oslo (en 1993, ndlr). Nous estimons qu’il s’agit d’une étape importante et espérons pouvoir saisir l’opportunité fournie par les efforts de l’administration américaine pour parvenir à un accord de paix durable et juste », a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat.

Des « décisions difficiles pour le bien du pays »

Le feu vert du cabinet israélien est intervenu après plusieurs heures de délibérations en raison de l’opposition farouche aux libérations de prisonniers exprimée par plusieurs ministres, se faisant l’écho d’une bonne partie de l’opinion publique israélienne. Les noms des prisonniers n’ont pas été officiellement rendus publics, mais la liste inclurait des meurtriers de femmes et d’enfants israéliens ainsi que des détenus ayant tué des Palestiniens soupçonnés d’avoir collaboré avec Israël, selon les médias.
« Il y a des moments où on doit prendre des décisions difficiles pour le bien du pays et c’est un de ces moments », a dit Benjamin Netanyahu aux ministres au début de la réunion, selon son bureau. Selon Almagor, une association représentant des victimes israéliennes des attentats palestiniens, la liste comprendrait aussi des détenus de droit commun.
Qadura Fares, chef du Club des prisonniers palestiniens, qui défend les droits des Palestiniens détenus en Israël, avait assuré dimanche avant le vote qu’il n’y aurait aucune négociation avec l’Etat hébreu sans la libération des 104 détenus. « S’ils ne les libèrent pas tous, il n’y aura pas de négociations », avait-il dit à la radio publique israélienne.

Un référendum en cas d’accord de paix

Avant d’approuver la libération de prisonniers palestiniens, le Conseil des ministres avait adopté un projet de loi prévoyant un référendum en cas d’accord de paix avec les Palestiniens. Selon un communiqué de ses services, Benjamin Netanyahu a jugé « important que, pour de telles décisions historiques, chaque citoyen vote directement ». Le gouvernement a indiqué qu’il demanderait au Parlement de se prononcer rapidement sur ce texte.

Selon les médias, il pourrait être présenté cette semaine pour une première lecture. Le référendum deviendrait ainsi la dernière étape nécessaire pour entériner un éventuel accord de paix, après l’approbation du gouvernement puis celle du Parlement. Ce projet de loi est vu comme un geste envers les ministres de droite qui appréhendent les concessions pouvant être demandées à Israël lors des négociations. Ils craignent la cession de territoires sous contrôle israélien, comme Jérusalem-Est, sur une simple décision du cabinet, alors que nombre d’Israéliens y sont opposés.

John Kerry prêche pour les négociations de paix

Des responsables américains seront présents aux négociations qui seront dirigées côté palestinien par le négociateur en chef Saëb Erakat et côté israélien par la ministre de la Justice Tzipi Livni. Selon les médias israéliens, la ministre sera accompagnée par Yitzhak Molcho, l’émissaire personnel de Benjamin Netanyahu.
A l’issue de son sixième voyage dans la région, le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait annoncé la semaine dernière un accord pour une reprise prochaine des pourparlers de paix gelés depuis septembre 2010. Les dernières négociations de paix avaient rapidement tourné court en raison de la poursuite de la colonisation israélienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.

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