Les coformateurs Louis Michel (MR) et Kris Peeters (CD&V) © Belga

2015 en 15 mots: Participopposition (13/15)

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Ou la singulière et difficilement tenable position du CD&V, cette année, au sein de la majorité fédérale. Un pied dedans, un pied dehors. Et la tête à l’envers.

Le concept avait été inventé par les écologistes sous les gouvernements arc-en-ciel de la fin des années 1990. Il soulignait l’ambiguïté, pour ne pas dire la schizophrénie, de ministres verts alors forcés, car au pouvoir dans des coalitions, d’accepter et de promouvoir des mesures que leurs secrétaires fédéraux dénonçaient à longueurs d’interviews et d’assemblées partisanes. Ironie de l’histoire, ce sont ceux que l’arc-en-ciel avait jetés dans l’opposition qui rejouent ce spectacle de la participopposition.

Le CD&V, qui a porté la N-VA au pouvoir, tant en Flandre qu’au gouvernement fédéral, en choisissant de s’allier avec elle plutôt que dans une tripartite traditionnelle, se montre de plus en plus critique à l’égard de choix politiques imposés par son puissant partenaire nationaliste. Mais ici, paradoxalement, ce n’est pas la présidence du parti qui porte le plus bruyamment la contestation : elle vient du coeur même du pouvoir, et se répand dans des médias goulus. Membre du kern, le vice- Premier Kris Peeters, pourtant issu des milieux patronaux et de la droite du CD&V, veut porter une voix (un peu) de gauche dans un paysage en voie galopante de droitisation. A chaque fois, la N-VA le retoque méchamment. Il tente de renouer un dialogue fragile avec les syndicats, et en particulier avec la CSC ? La N-VA ressort sa proposition de leur accorder la personnalité juridique. Il veut, au cours des négociations sur le tax-shift, faire adopter des dispositifs de justice fiscale ? La N-VA le laisse s’agiter… et hurler, seul dans un désert orange, à la  » rupture de confiance « . Il veut adoucir les très martiales dispositions post- attentats ? Il y a toujours davantage de militaires dans les rues.

Certes, Peeters n’est pas seul. Au CD&V, un Eric Van Rompuy, tant par tempérament que par idéal, se collète très régulièrement avec la N-VA. Mais elle gagne toujours à la fin. Le président du parti, Wouter Beke, pas moins conscient de la difficulté pour les démocrates-chrétiens flamands d’imprimer leur griffe sur les décisions de la suédoise, adopte une tactique moins tapageuse. Il se souvient que les écologistes avaient subi une déculottée historique au terme d’une expérience de participopposition qui s’était close avec le départ, quelques semaines avant les élections législatives, des ministres verts du gouvernement Verhofstadt I.

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