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Exclusif: l’inquiétant business photovoltaïque

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Ils se disent visionnaires et assurent détenir les clés d’un monde meilleur. En moins d’un an et demi, 50 000 investisseurs ont rejoint les rangs de Power Clouds, un étrange projet photovoltaïque qui semble dicté par l’appât du gain.

« Nous pouvons changer le monde », clament les partisans de Power Clouds, lancé en février 2013 par Wor(l)d Global Network, une entreprise de marketing de réseau d’envergure mondiale. Le concept imaginé par son intouchable CEO, un Italien nommé Fabio Galdi, surfe sur l’urgence climatique pour justifier un business-modèle en apparence attrayant.

Concrètement, le projet Power Clouds propose à tout particulier de devenir propriétaire d’un ou plusieurs panneaux photovoltaïques dans diverses nouvelles centrales solaires (des « clouds ») implantées aux quatre coins du monde. Les cinq premières centrales ont vu le jour en Roumanie, tandis que les prochaines fermes solaires sont prévues en Thaïlande.

La société Power Clouds, dont le siège est situé à Singapour, promet un rendement annuel de 14% durant vingt ans à chaque investisseur qui décide d’acquérir, pour un coût minimal de 1 200 dollars, une unité photovoltaïque. Les versements mensuels alimentent un compte ouvert par Wor(l)d au nom de l’investisseur. Le calcul est vite fait : au terme du contrat, son placement est censé lui rapporter 3 360 dollars.

En l’espace de 15 mois, Power Clouds a déjà séduit près de 50 000 investisseurs à travers le monde, dont quelques centaines en Belgique. La méthode de marketing qu’applique Wor(l)d fait croître leur nombre de manière exponentielle. Comme pour toute entreprise construite sur le marketing de réseau, le succès de Power Clouds repose exclusivement sur les recommandations des membres adhérant déjà au projet. Outre le rendement de leur investissement, ces derniers ont en effet la possibilité de devenir de précieux intermédiaires, copieusement rémunérés par la société en vue de conclure de nouveaux contrats.

Les organisateurs des réunions d’information, orchestrées dans la plus pure tradition du coaching à l’américaine, ne manquent pas de superlatifs pour vanter les mérites du monde de possibilités qu’offre un investissement personnel et financier dans le projet : Power Clouds vise à construire 1 000 centrales solaires de 5 000 panneaux dans les cinq prochaines années.

Comment Wor(l)d peut-elle garantir un rendement annuel de 14% pendant 20 ans ? Comment l’investisseur a-t-il l’assurance d’être le détenteur légal d’un panneau photovoltaïque installé à plusieurs milliers de kilomètres ? Que devient le contrat en cas de faillite de la société mère ? Le modèle de Power Clouds est-il de type « pyramide de Ponzi » ?

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