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Hollande et l’ombre de Sarkozy

Le Vif

Le président a lancé avec sa conférence de presse le match retour de la présidentielle de 2012. Il n’a jamais nommé Sarkozy mais a tellement parlé de lui…

Pendant que la première question sur Valérie Trierweiler lui était posée, la mimique de François Hollande fut toute mitterrandienne – jusque dans le clignement des yeux. Mais sa réponse fut du Sarkozy pur jus. « Chacun dans sa vie personnelle peut traverser des épreuves, c’est notre cas. Ce sont des moments douloureux. » On croyait entendre, en 2005, le ministre de l’Intérieur de l’époque s’expliquer, à la télévision, sur les difficultés rencontrées par le couple qu’il formait avec Cécilia. Les mots étaient quasi identiques.
Ce mardi, le parallèle entre François Hollande et Nicolas Sarkozy s’est arrêté là. Dès la phrase suivante, le premier a pris soin de faire l’inverse du second, en tentant de mettre un terme aux questions sur sa vie privée. On aurait pu en rester là dans le comparatif Hollande/Sarkozy. Une affaire de circonstances, une histoire de vies. Ce fut tout l’inverse. La perspective du duel politique entre les deux hommes a ensuite envahi cette conférence de presse. C’est le match retour de la présidentielle de 2012 qui vient de commencer. Sans jamais le nommer, François Hollande n’a cessé de se référer à Nicolas Sarkozy. Il s’est moqué de lui, le qualifiant d’extrême gauche (« S’il suffisait de creuser les déficits pour être de gauche »…) et l’a constamment renvoyé à son bilan. Il a opposé sa « politique du droit » menée vis-à-vis des Roms à « la politique du chiffre » de Sarkozy. Et il a rappelé que ce n’est pas lui, mais « ses prédécesseurs » qui avaient mené et conclu les négociations européennes à propos de la Roumanie et de la Bulgarie.

L’obsession Sarkozy de François Hollande s’explique facilement: le chef de l’Etat estime que son prédécesseur risque fort d’être son futur adversaire. Ses attaques étaient souvent précises. Sauf qu’il a fini par marquer contre son camp – son camp, la gauche. Interrogé sur les similitudes entre son action économique et celle de Nicolas Sarkozy, François Hollande répond au quart de tour : la première différence, c’est que lui applique cette politique, quand « l’autre » se contentait de mots. Les électeurs « socialistes », à moins qu’ils ne fussent « socio-démocrates », seront-ils suffisamment « patriotes », comme leur champion, pour se satisfaire de cette réponse?

Par Eric Mandonnet

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