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Alzheimer : seul un patient sur cinq suivrait un traitement

Le Vif

Fin 2012, environ 20.000 Belges étaient traités pour la maladie d’Alzheimer, alors que le nombre de patients atteints dans notre pays oscillerait entre 100.000 et 130.000, estiment mardi les Mutualités Libres en prélude à la journée mondiale de cette maladie, qui se tiendra le 21 septembre.

Selon les résultats d’une de leurs études, le nombre de patients traités en Belgique a diminué de 22,5% entre 2010 et 2012, soit « depuis la limitation du remboursement des médicaments » contre cette maladie.

Le pourcentage de patients traités par un des médicaments spécifiques est ainsi passé de 69% à 46,5% en deux ans. Une baisse que les Mutualités Libres imputent principalement aux différentes mesures prises durant cette période. En effet, « ces médicaments ne sont plus remboursés dans les formes sévères de la maladie » depuis juin 2011 et les contrôles « des demandes de remboursement » ont été renforcés en 2012.

L’étude met également en exergue que la « dépense INAMI moyenne globale par patient » était en 2012 de 18.000 euros par an pour un patient en institution, soit le triple de la dépense pour un patient à domicile. Par ailleurs, ce coût a augmenté de 4.500 euros par patient en institution et de 1.500 euros par personne à domicile entre 2006 et 2012 alors que la proportion de patients suivis en institution a grimpé (+14%).

Autre constat, qui a « surpris » Ingrid Umbach, médecin expert à l’Union Nationale des Mutualités Libres: parmi les patients Alzheimer traités à domicile, « les coûts totaux des soins de santé » sont généralement plus faibles chez ceux traités par médicaments que chez ceux qui ont arrêté le traitement (20% de différence en 2012). Cela pourrait signifier que « ces médicaments ont un effet, ou que des patients suivis durant l’étude ont arrêté le traitement à cause d’un autre problème. Il y a plusieurs hypothèses possibles ».

Les Mutualités Libres ajoutent que la maladie est toujours sous-diagnostiquée et que l’âge moyen du début du traitement a augmenté d’un an entre 2006 et 2012 (79 ans à domicile, 84 ans en institution).

« Le premier facteur de risque reste l’âge », rappelle Ingrid Umbach, qui souligne que jusqu’à 30% des personnes âgées de plus de 80 ans développeraient cette maladie.

La prochaine journée mondiale dédiée à cette maladie est également l’occasion d’en rappeler les symptômes. Les premiers signaux sont des pertes de mémoire par rapport à des faits récents. « Une personne pose plusieurs fois la même question, ou achète un produit en plusieurs exemplaires au magasin et oublie l’essentiel », illustre Ingrid Umbach. Des modifications du comportement peuvent aussi donner l’alerte: le malade devient apathique, plus irritable ou souffre de dépression.

Actuellement, les traitements pour la maladie d’Alzheimer sont des traitements symptomatiques, qui améliorent le quotidien des personnes atteintes mais qui ne guérissent pas la maladie. L’effet des médicaments est d’ailleurs atténué au fur et à mesure que la maladie gagne du terrain.

Les recherches continuent pour tenter de comprendre le mécanisme de cette pathologie et la Belgique est d’ailleurs à la pointe de la technologie en la matière, précise le médecin expert.

Enfin, plus de 90% des patients respectent bien leur traitement, grâce à l’aide des aidants proches, qui prennent en charge les patients à domicile. « Il s’agit du/de la conjoint(e), d’enfants ou autres proches qui veillent sur le malade, qui a de plus en plus de difficultés à vivre seul. » Les Mutualités Libres demandent ainsi que le soutien consacré à ces aidants soit renforcé, pour « développer la prise en charge à domicile de cette maladie ».

Cette étude a été réalisée durant sept ans, en analysant les données de 14.855 personnes prenant un médicament spécifique pour la maladie d’Alzheimer.

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