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Stéphane Pauwels sonne Anne Cheron, la première femme arbitre en D1

Elle le sait depuis le 25 mai: elle sera assistante arbitre en D1 la saison prochaine! Anne Cheron, cette maman de 36 ans, siffle depuis 15 ans et travaille à la RTBF. Découverte…

Salut Anne, dis, tu t’y attendais à évoluer en D1 la saison prochaine?
Pas du tout! Je faisais tranquillement mes matches en D2. Je sais que j’ai été supervisée et que des rapports ont été rendus à mon égard. Je pense avoir fait une bonne saison. Une bonne saison pour un arbitre, c’est évidemment différent que pour un joueur. Il s’agit principalement de ne pas faire d’erreurs et que le match se déroule correctement. Et ce qui est différent également, c’est que de temps en temps, on retourne officier en D2.

Tu vas assister un arbitre précisément ou pas?
Non, on tourne. Hormis De Bleeckere et Nzolo, qui ont leurs arbitres attitrés, les autres ont des juges de ligne et des assistants différents à chaque match. Cette année, ça fait quatre ans que je suis internationale FIFA chez les femmes. Je voyage donc beaucoup à l’étranger. En revanche, il sera bel et bien impossible pour moi de devenir internationale chez les hommes. Je ne joue pas dans la même cour.

Quand on est femme, maman et blonde, on n’a rien de mieux à faire que s’occuper du hors-jeu?
Quand j’étais petite, je jouais souvent au foot avec ma jumelle. Mais j’étais moins douée qu’elle. J’ai donc trouvé ma voie: l’arbitrage. J’avoue qu’il faut être un peu maso, car on se fait souvent insulter. Mais l’arbitrage a, pour moi, été une école de vie. Il ne faut pas oublier qu’être arbitre, c’est aussi faire partie d’un collectif. La semaine, on s’entraîne entre nous pour bien prester le week-end.

C’est quoi un bon arbitre pour toi?
Du point de vue de l’assistante ou du juge de ligne, un bon arbitre, c’est surtout quelqu’un qui collabore avec son staff. S’il dialogue avec nous, c’est beaucoup plus facile.

Tu as déjà été chambrée en tant que nana?Oui, ça m’est arrivé et pas qu’une fois! J’ai déjà entendu que dans les tribunes, certains spectateurs avaient parié sur la couleur de mes sous-vêtements. Si je fais un bon match, je n’ai évidemment aucun problème. En fait, les joueurs s’en foutent que tu sois une femme ou un homme. Si tu siffles bien, ils sont contents. Mais je dois être honnête: lors du contrôle des studs, je me suis souvent fait chambrer. En fait, c’est presque à chaque match qu’un ou deux joueurs essaient de me déstabiliser gentiment.

Qu’est-ce que tu dois encore faire pour qu’on puisse enfin te voir dans les stades?
Je dois passer les fameux tests physiques! Et les mêmes que les hommes, en plus. On court principalement et c’est du fractionné sur dix tours de piste, c’est-à-dire qu’on alterne entre sprint et course normale. Il y a aussi les six sprints de 40 mètres, qui doivent être réalisés en moins de six secondes. Je n’ai qu’un message à faire passer aux joueurs de l’élite: épargnez-moi les grossièretés et les insultes!

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