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Réunion sur le sport et l’éthique, une absente: la FIFA!

La Fédération internationale de football (FIFA) a brillé par son absence mardi lors d’une réunion de l’Intergroupe sport du Parlement européen à Bruxelles dont le thème était l’éthique et la gouvernance dans le sport.

Sans fournir d’explication, la FIFA a indiqué lundi soir par mail qu’elle n’enverrait personne à ce colloque, prévu depuis cinq mois, où étaient présents des membres de l’UEFA, du CIO ou encore de la Football Association anglaise.

« Les institutions européennes ont été insultées. » Le co-président de l’Intergroupe sport du Parlement européen, le député Marc Tarabella (PS), ne mâche pas ses mots pour qualifier l’absence de la FIFA à la réunion du groupe. « Cette non-comparution devant les autorités européennes, au-delà du manque de respect qu’elle souligne, est un signal supplémentaire que la transparence et l’éthique ne sont toujours pas parmi les priorités de la FIFA », dénonce le mandataire anthisnois.

Il était initialement prévu que ce soit Jérôme Valcke, désormais ex-secrétaire général de la FIFA et bras droit du président Sepp Blatter pendant huit ans, qui vienne représenter la fédération. Le Français a cependant été rattrapé le 17 septembre dernier par l’ouragan qui fait tomber un à un depuis le mois de mai les caciques de l’institution établie à Zürich. Il est soupçonné d’avoir activement participé à la revente de milliers de places pour la Coupe du monde 2014 sur le marché noir à des prix doublés voire triplés. Des allégations que l’intéressé nie vigoureusement.

Un autre directeur de l’organisation sportive devait dès lors être dépêché à Bruxelles, mais il s’est désisté lundi en fin d’après-midi. « L’absence de la FIFA aujourd’hui après pourtant une confirmation depuis plusieurs mois est un très mauvais signal: celui d’une entreprise qui n’a que faire de l’éthique et de la bonne gouvernance », poursuit Marc Tarabella.

L’organisation sportive se trouve dans l’oeil du cyclone depuis l’inculpation en mai de neuf dirigeants du football mondial dans une sombre affaire de corruption. Vendredi, c’était au tour du président Sepp Blatter d’être rattrapé par la justice. Les autorités helvétiques ont ouvert une procédure pénale à l’encontre du quasi-octogénaire valaisan (président de la FIFA depuis 1998 après en avoir été secrétaire général à partir de 1981) pour abus de bien sociaux et abus de confiance.

De lourds soupçons de corruption et de malversations planent également au-dessus de l’attribution de l’organisation de la Coupe du monde 2018 à la Russie et plus encore de l’édition 2022 au Qatar. Marc Tarabella a ainsi rappelé que le Parlement européen exige la publication du rapport Garcia sur le processus de désignation des deux événements. La FIFA s’est jusqu’à présent toujours refusé à publier le rapport dans son intégralité. En décembre 2014, Michael Garcia, l’auteur du rapport, ancien procureur fédéral américain, avait démissionné de son poste de président de la chambre d’enquête de la commission d’éthique de l’organisation pour protester contre cette non-divulgation.

Lors de la réunion de mardi, la FIFA a également essuyé les tirs de la Confédération syndicale internationale (CSI) qui a fustigé l’hypocrisie de la maison-mère du football. La FIFA a offert l’organisation de la Coupe du monde 2022 au pays au monde respectant le moins les droits des travailleurs, selon la CSI. D’après les chiffres de celle-ci, un millier de travailleurs par an décèdent sur les chantiers qataris. Des données qui sont en pratique impossibles à vérifier étant donné le secret avec lequel Doha nimbe la situation.

Ces ouvriers, provenant essentiellement du Népal, d’Inde, du Pakistan et du Bangladesh, n’ont pas le droit de se regrouper en syndicat. Plus grave encore, plusieurs médias font état de passeports confisqués dès leur arrivée au Qatar, de salaires payés en retard ou pas payés du tout et de conditions de travail dignes du 19e siècle à 40 degrés au soleil. En refusant de prendre ses responsabilités dans ce drame, la FIFA se rend complice d’esclavage, selon Tim Noonan, directeur de la communication de la CSI.

La Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH) a également décoché ses flèches sur la FIFA, dont la crédibilité est encore davantage sapée lorsqu’elle attribue la Coupe du monde à des pays aussi peu respectueux des droits de l’Homme que la Russie et le Qatar. L’ONG rappelle que les grands événements sportifs ont déjà été de grosses opérations de propagande pour des régimes totalitaires, comme ce fut le cas de la Coupe du monde de football 1978 organisée en Argentine.

Aux abonnés absents d’une réunion dont les thèmes sont les remèdes aux deux principaux maux qui la gangrènent, la FIFA a manqué une occasion supplémentaire de répondre à ces critiques et de redorer un blason déjà bien terni.

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