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Verko 2.0

Après deux saisons quasi blanches passées entre Nice, Westerlo et la Croatie, Julien Vercauteren est de retour sur les pelouses et fait le bonheur de l’Union Saint-Gilloise.

Kevin Kis cède le ballon sur le flanc gauche à Serge Tabekou. L’ailier camerounais rentre dans le jeu et glisse le cuir à Julien Vercauteren qui frappe en un temps du pied gauche. Le ballon s’élève avant de retomber dans la cage de Koen Van Langendonck, lobé. Nous sommes à la 39e minute de la rencontre Union Saint-Gilloise – Westerlo, comptant pour la troisième journée de D1B, et c’est le soulagement dans le camp bruxellois : les Unionistes viennent enfin d’inscrire leur premier but de la saison.

Vercauteren n’est toutefois pas rassasié, le Bruxellois se fend encore d’un coup franc sur la barre, repris dans le but par Roman Ferber, et d’un second but, inscrit via une subtile Madjer. Un match plein qui fait du bien à Verko car c’est peu de dire que le milieu offensif revient de loin : en trois saisons, il n’a joué que 366 minutes en matches officiels, soit l’équivalent d’à peine plus de quatre matches complets.

Il est sans doute écrit que rien ne serait jamais facile pour le natif de Berchem-Sainte-Agathe qui a d’ailleurs bien failli passer à côté de ses débuts en D1 avec le Lierse :  » J’étais en équipe réserve, je voyais des jeunes de mon âge monter en A et moi, jamais « , se souvient Vercauteren.  » J’étais impatient et au bout d’un certain temps, j’étais complètement dégoûté. J’ai été à deux doigts de tout arrêter et de demander mon transfert. Heureusement, un soir où j’étais sur le banc chez les doublures, un joueur des A m’a prévenu que le nouveau coach égyptien (Hany Ramzy, ndlr) était là et qu’il voulait me voir. Quand je suis monté, j’ai tout donné. J’ai marqué, j’ai donné un assist et la semaine suivante, je jouais mes premières minutes en D1 au Standard.  »

Tantôt titulaire, tantôt utilisé en tant que joker, Vercauteren dispute 27 matches de Jupiler Pro League en l’espace d’un an et demi à la chaussée du Lisp. S’il montre d’évidentes qualités techniques, la constance lui fait défaut, ce qui n’empêche pas l’OGC Nice de jeter son dévolu sur lui, à la surprise générale, durant l’été 2014.  » Je connaissais mes qualités, mais j’étais quand même assez surpris qu’un club de Ligue 1 m’appelle du jour au lendemain, surtout avec aussi peu de matches de D1 dans les jambes « , se rappelle Verko.

Spleen niçois

 » J’avais 21 ans et je me suis dit que c’était une opportunité à saisir. Je voulais partir et je ne me suis pas dit que la marche serait trop haute « . Pourtant, d’entrée de jeu, la poisse s’acharne sur le Bruxellois qui loupe toute la préparation suite à une blessure. À nouveau opérationnel, il goûte pour la première fois à la Ligue 1, en août, à Lorient.

 » Je suis entré pour les cinq dernières minutes. La semaine suivante, je suis titulaire contre Bordeaux puis j’enchaîne avec une nouvelle place dans le onze à Marseille. Mais malheureusement, on perd les deux matches et je sors de l’équipe. Par la suite, à part une titularisation contre Monaco, j’ai dû me contenter de quelques entrées au jeu en fin de match.  »

En dehors des terrains, la vie n’est pas spécialement rose non plus sur la Côte d’Azur.  » Mon adaptation ne s’est pas passée comme je l’aurais espéré « , dit-il.  » Quand t’es petit, tu rêves d’aller à l’étranger. Après, quand tu le vis, c’est différent. Du jour au lendemain, tu quittes ta famille, tes amis. Au bout d’un certain temps, j’ai commencé à me sentir seul. C’est compliqué, surtout quand tu ne joues pas : tu rentres à la maison, t’es tout seul. Je n’avais plus mes repères. J’avais toujours tout axé sur le football. Donc, quand ça n’allait pas sur le terrain, ça n’allait pas dans ma vie non plus. Je n’arrivais pas à faire la part des choses. « .

La saison suivante n’est pas plus glorieuse : Claude Puel, le coach niçois, ne compte pas sur Vercauteren qui ne joue pas la moindre minute :  » C’est un bon entraîneur mais il restait fort en retrait. Il ne nous parlait vraiment pas beaucoup. J’aurais aimé plus de dialogue « . En janvier, le Bruxellois fait son retour au pays via un prêt à Westerlo, qui lutte alors pour sa survie en D1.

 » Pour mon premier match, je joue 8 minutes et je mets un but, on bat Malines 3-2. Ça ne pouvait pas mieux démarrer. Par la suite, j’ai joué deux bouts de matches puis je me suis à nouveau blessé pour deux semaines. À mon retour, il ne restait plus que quatre rencontres et j’ai eu une petite tension avec Bob Peeters. Il m’a dit clairement –Si je te fais jouer, tu vas faire ce que tu veux, tu vas quand même retourner à Nice. Comme l’équipe était dernière, il préférait faire jouer des joueurs plus ‘concernés’ que moi et il m’a écarté.  »

De retour sur la Côte d’Azur, Vercauteren croit toujours en ses chances, d’autant plus qu’un nouveau coach a débarqué : le Suisse Lucien Favre.  » Avec lui, tout le monde repartait de zéro. Dès les premiers entraînements, il m’a parlé, on avait un chouette dialogue. Il me disait ce qu’il attendait de moi, qu’il était satisfait de ce que je montrais aux entraînements. Il y avait une certaine confiance entre nous.  » Mais une fois de plus la malchance frappe et le Belge s’occasionne une déchirure qui le tient éloigné des terrains pour quatre longs mois.

Galère croate

 » À ce moment-là, l’équipe tourne bien, Nice est premier. On m’explique donc qu’on ne compte plus sur moi, que je dois trouver un prêt pendant le mercato de janvier et qu’en attendant je dois m’entraîner seul.  » Une opération qui s’avère loin d’être évidente.  » Je travaillais avec un agent français. Ce mec, ce n’était que du blabla ! Pendant un mois, chaque jour, il me parlait d’un nouveau club. Il m’en a cité au moins cent, il me disait de ne pas m’inquiéter et puis, à partir du 26 janvier, il n’a plus répondu au téléphone. Injoignable.  »

La date butoir dépassée, Vercauteren n’a plus le choix : s’il ne veut pas passer six mois à s’entraîner seul, il doit trouver un accord avec l’OGC pour rompre son contrat. Début février, c’est chose faite.  » J’aurais pu rester au soleil à toucher mon argent, mais ma priorité c’était le football. Andrea Mutombo (ex-Zulte, Standard ou encore Saint-Trond, ndlr) avait un contact avec un agent croate parce qu’il avait déjà joué là-bas. Le mec nous a proposé de rejoindre le RNK Split.

Andrea, c’est mon meilleur ami. Il a même vécu avec moi quand j’étais à Nice et lui à Fréjus, en National. Je me suis dit –Allons-y à deux. On va s’entraîner avec une équipe pendant six mois et peut-être jouer, c’est toujours mieux qu’être seuls en Belgique. Pourtant, l’aventure tourne court et au bout d’un mois et demi, les deux compères reviennent déjà en Belgique.

 » Sur place, on s’est trouvé un préparateur physique perso, avec lequel on s’entraînait pour récupérer notre retard en plus des séances de préparation normales. Mais on est tombé dans un club en pleine faillite. On n’avait même pas de salaire, tout était à nos frais : appartement, voiture, nourriture. On ne jouait pas et parfois, aux entraînements, on nous mettait même à l’écart. C’était du grand n’importe quoi.  »

De retour en Belgique, libre de tout contrat, Verko est rapidement mis en contact avec l’Union et son coach, Marc Grosjean :  » Son discours m’a plu. Il m’a dit qu’il ne voulait rien savoir de mon passé, que tout ce qui était important pour moi, pour lui et pour l’équipe, c’était le présent et le futur. Il connaît mes qualités et il voulait me relancer. C’est ce qu’il me fallait.  »

Force est de constater que c’est le cas jusqu’à présent. Titulaire indiscutable dans un club saint-gillois qui souffle le chaud et le froid en ce début de saison, Vercauteren, qui a signé pour un an + un an en option, retrouve ses sensations et compte déjà deux buts à son compteur.

 » J’ai toujours évolué en D1, je n’aurais imaginé jouer pour l’Union mais c’est un club qui est en train de revivre. Aujourd’hui, le plus important pour moi, c’est de rejouer sur la longueur. Je suis un nouvel homme, je fais plus attention à mon hygiène de vie pour éviter les blessures et, pour l’instant, ça fonctionne. Je touche du bois. L’objectif, c’est de faire aussi bien que la saison passée avec les PO2. Perso, j’aimerais parvenir à soigner mes stats, c’est ce qui me fait défaut depuis le début de ma carrière.  »

Avec, évidemment, dans un coin de la tête, l’idée de retrouver la D1, voire plus :  » Je suis à l’Union et c’est très bien par rapport à il y a six mois mais j’ai toujours de l’ambition. J’ai encore des rêves que j’espère atteindre.  »

PAR JULES MONNIER – PHOTO BELGAIMAGE

 » Je suis un nouvel homme.  » – Julien Vercauteren

 » J’avais toujours tout axé sur le football. Donc, quand ça n’allait pas sur le terrain, ça n’allait pas dans ma vie non plus.  » – Julien Vercauteren

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