© BELGAIMAGE

Une révolution de palais ?

La fin de l’hégémonie ostendaise, est-ce pour cette saison ? Le club côtier, qui reste sur six titres d’affilée, a en tout cas perdu plusieurs pions majeurs.

Le championnat de basket reprend ses droits ce week-end. Avec toujours cette même question qui se pose depuis six ans maintenant : un club peut-il mettre fin à l’hégémonie d’Ostende ? Cette année, le BCO a quand même perdu quelques-uns de ses plus beaux fleurons.

A commencer par son pivot serbe RaskoKatic, qui a surpris tout le monde en rejoignant Charleroi. Mais aussi son autre pivot (belge) KhalidBoukichou – sans contrat fixe, il fait actuellement une pige concluante à Pau-Orthez – et son sniperPierreAntoineGillet, parti lui aussi dans l’Hexagone chez le champion de France, l’Elan Chalon.

Pour éventuellement succéder à Ostende, les regards se portent souvent sur Anvers, qui accueille – signe d’une possible passation des pouvoirs ? – l’ancien sponsor des Côtiers : la firme de télécommunications flamande Telenet.  » Nous n’avons jamais eu autant de moyens « , a confié le président RogerRoels.

A l’exception du MVP de la saison dernière, JasonClark, tous les étrangers ont été remplacés. Côté belge, Anvers a perdu DorianMarchant (parti à Charleroi) et ChristopheBeghin (devenu assistant-coach), mais a récupéré DennisDonkor (qui a mûri après des passages au Limbourg et à Willebroek) et son enfant prodigue ThomasAkyazili (de retour après deux saisons à l’université du Colorado), et s’est offert les deux derniers Espoirs de l’Année : IsmaëlBako (2017), arrivé de Louvain et qui était présent à l’EURO, et HansVanwijn (2016), arrivé du Limbourg et qui s’est bien musclé durant l’été.  » J’ai été longtemps blessé la saison dernière, cela m’a permis de travailler mon corps « , explique-t-il.

Curiosité : les deux principales équipes du nord du pays auront un pivot nigérian : JekiriTonye (2m13) pour les Côtiers et MosesKingsley (2m09) pour les Métropolitains. Ce dernier, formé aux Etats-Unis, a laissé une forte impression pendant les matches de préparation.

Du changement sur les bancs

Au rayon des outsiders, on pointera volontiers Charleroi, dont on attend impatiemment le retour au premier plan depuis plusieurs années. Cette saison, il disposera d’un atout considérable qu’il ne possédait pas les autres années : un pivot lourd et dominant, Rasko Katic qu’il a donc piqué à Ostende, ce qui lui a permis de se renforcer tout en déforçant le principal concurrent. Celui-ci s’est cependant fracturé la malléole interne lors du tournoi international organisé au Spiroudôme il y a dix jours et est out pour trois mois. Le Spirou comptera aussi sur la science du basket du coach BrianLynch, alias MisterClijsters, réputé pour son jeu rapide et spectaculaire.

Dans les autres clubs francophones, on sera également curieux de voir ce que donneront les nouveaux coaches. A Mons-Hainaut, DanielGoethals est loin d’être un inconnu. Il ne manque pas d’expérience, mais ce sera son premier test grandeur nature dans un club ambitieux après des passages en équipe nationale féminine et à Willebroek, un club de D1 aux moyens (très) limités.

Le Brussels, vice-champion de Belgique à la surprise générale, est orphelin de SergeCrevecoeur, parti mettre ses ambitions à l’épreuve à Pau-Orthez, l’un des clubs français les plus mythiques. Lorsqu’on regardera le petit banc, c’est sûr, on aura l’impression qu’il manque quelqu’un. Le Brussels, Crevecoeur l’a construit depuis la base, sur le terrain mais aussi dans les coulisses. Il a structuré le club et a rapidement progressé comme coach.

 » Quitter le Brussels n’a pas été une décision facile à prendre « , reconnaît-il.  » Mais Orthez, c’est Orthez. J’allais voir jouer ce club avec mon père quand j’étais petit.  » Pour lui succéder à Neder, les Bruxellois ont opté pour la continuité en confiant les rênes de l’équipe Première à l’ancien adjoint LaurentMonier, dont ce sera la première expérience en D1. Vous parlez d’un défi ?

Liège Basket, qui s’est rapproché du RFC Liège et jouera dans de superbes maillots lignés SangetMarine, a aussi opté pour un néophyte : il a désigné comme coach son ancien… directeur commercial, LaurentCostantiello. Certains ont cru à un gag, et cette décision a fait jaser les coaches sur le marché qui avaient postulé sur les hauteurs du Sart-Tilman, mais ce que de nombreuses personnes ignoraient, c’est que Costantiello coachait déjà l’an passé : en Régionale 1, et plus précisément à Ciney, là où GiovanniBozzi s’occupe de la section féminine. Pour lui aussi, ce sera une première expérience en D1.

Toujours à dix, quelle solution ?

En parlant de nouveauté : on sera aussi curieux de voir à l’oeuvre JeanMarcJaumin à Alost. Ce sera sa première expérience comme coach en Belgique après des passages convaincants aux Pays-Bas (Den Helder, qui a fait faillite) et en Suisse (Lugano puis Genève, où il a remporté la coupe et joué la finale des play-offs).  » Les dirigeants veulent le Top 4, comme chaque année « , prévient-il.  » Pour l’instant, on joue de façon trop… agressive. On doit trouver le bon équilibre entre le jeu rapide et le jeu posé, mais cela viendra avec le temps.  »

Le championnat se jouera toujours à dix clubs. Les dix mêmes clubs. Pepinster n’a pas trouvé les fonds nécessaires pour revenir, et aucun club de D2 n’a les reins assez solides pour tenter l’aventure. Le club de Gand, champion de D2, lance cependant une idée : faire monter les quatre premiers classés de l’antichambre ! Pardon ? Est-ce bien ce même Gand dont on parle depuis plusieurs saisons comme candidat à la D1, et qui a chaque fois renoncé ?

 » Oui, mais là on parlait d’un seul montant « , précise le coach EricRogiers, qui a fait les beaux jours de Fleurus lorsqu’il était joueur.  » Cela aurait engendré des coûts considérables pour répondre à toutes les conditions de la licence et pour mettre l’équipe au niveau de l’élite, alors que la perspective de résultats était très aléatoire : éviter la dernière ou l’avant-dernière place aurait été le seul objectif réaliste. Ici, on parle de quatre montants, avec des conditions allégées au niveau de la licence et – pourquoi pas – un statut de semi-pro pour certains joueurs, comme Liège l’a fait avec FrançoisLhoest. Au moins, on aurait trois équipes à notre niveau (les trois autres montants) et on aurait aussi un coup à jouer contre des équipes plus faibles comme Louvain, Liège ou Willebroek.  »

L’idée sera-t-elle suivie ? A notre avis, les chances sont minces : les clubs de D1 craindraient une baisse de niveau considérable du championnat. Mais, comme on dit dans ces cas-là : affaire à suivre.

PAR DANIEL DEVOS – PHOTO BELGAIMAGE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire