Un people manager

Après le limogeage de Hein Vanhaezebrouck, Anderlecht a-t-il vraiment esquissé le profil de l’entraîneur qu’il cherchait ? Au début, celui-ci devait rendre aux Mauves leurs valeurs typiques, un football offensif et attrayant. Puis on a vu Phillip Cocu en tête de liste. Le Néerlandais a, certes, gagné trois titres en cinq ans avec le PSV mais son objectif, créer une culture offensive à Eindhoven, n’a jamais vu le jour. Le PSV a continué à miser sur la transition et son jeu était rarement beau. Son successeur, Mark van Bommel, est parvenu à y implanter un style de jeu offensif en peu de temps.

Anderlecht a surtout besoin de sérénité.

Cocu, qui réclamait quatre millions par an, était-il donc l’homme idéal pour Anderlecht ? A-t-on aussi réfléchi à la philosophie de ceux qui ont ensuite défilé ? D’abord Frank de Boer, puis le peu communicatif Martin Jol et enfin Fred Rutten, qui était en concurrence avec le Danois Kasper Hjulmand, un parfait inconnu, dans la dernière ligne droite. Il eût été plutôt ridicule d’engager celui-ci alors qu’on donnait l’impression de vouloir un nom. Évidemment, Fred Rutten n’est pas un ténor non plus. Avec tout notre respect, le fait que le Sporting se soit finalement tourné vers lui, après le refus d’une série d’autres, en dit long sur le statut actuel des Bruxellois au niveau international.

Fred Rutten
Fred Rutten© BELGAIMAGE

Fred Rutten est un homme de principes, pour lequel un contrat a encore une signification. L’été passé, il avait l’opportunité de retourner au FC Twente mais il a préféré respecter son bail au Maccabi Haïfa, malgré sa clause de départ. Ensuite, Rutten a démissionné par solidarité avec le directeur technique du club israélien, le Néerlando-Marocain Mo Allah, limogé.

Le palmarès de Fred Rutten au poste d’entraîneur ne compte qu’une ligne : un succès en coupe avec Twente. C’est dans ce club, dont il a porté le maillot durant toute sa carrière de footballeur, qu’il a obtenu le meilleur rendement. Rutten a travaillé pour de grands clubs comme le PSV et Feyenoord mais il y a été mis sur une voie de garage en fin de contrat, comme durant son passage au tumultueux Schalke 04, après neuf mois de résultats très décevants, en mars 2009, alors que le club de Gelsenkirchen parlait du titre en début de saison. Ceci dit, Erik ten Hag, l’actuel entraîneur de l’Ajax, affirme s’être inspiré de Rutten, dont il a été l’adjoint au PSV.

Reste à voir si Fred Rutten est un entraîneur dur, qui parviendra à faire jouer un noyau qui a tendance à se surestimer et à se laisser aller. Il donne l’impression d’être agréable mais il peut être très direct avec son groupe. Rutten gère bien les caractères difficiles, c’est un people manager qui fait progresser les joueurs et qui aime travailler avec les jeunes. Il n’est pas d’un naturel contemplatif mais c’est un battant. À ses yeux, les points priment tout. Mais n’est-ce pas le cas de tous les entraîneurs ? L’usage nous apprendra ce qu’il reste de toutes ces qualifications.

L’engagement de Fred Rutten est la première décision prise par le nouveau directeur sportif Frank Arnesen, qui s’est présenté avec esprit jeudi dernier. En pareilles occasions, les clichés et les déclarations creuses abondent. Anderlecht veut désormais des joueurs qui apportent une plus-value mais n’est-ce pas le souhait de tout club ?

La vérité se trouve sur le terrain et nulle part ailleurs. Après toutes les spéculations qui ont accompagné sa quête d’un entraîneur, Anderlecht a surtout besoin de sérénité. Et d’un entraîneur qui affûte le groupe. La direction ne peut pas se permettre de nouvelle erreur de casting à ce poste.

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