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Un besoin de sérénité

Si on part du principe qu’il faut prendre 20 à 21 points en PO1 pour décrocher le titre, le Club Bruges sait ce qu’il lui reste à faire. Il a déjà gaspillé six unités et doit retrouver la sérénité.

Après les matches du Club Bruges, Ivan Leko, s’est souvent plaint de la qualité du jeu fourni par son équipe. Il n’en fut pas autrement dimanche dernier, après la défaite à Anderlecht. Ce qui a surtout dû l’énerver, c’est la façon lamentable – un hands de Lior Refaelov sur une rentrée de touche de Dion Cools – dont son équipe a concédé le coup-franc qui a amené le but de Lukasz Teodorczyck. Si l’Israélien avait marqué des points lorsqu’il était entré contre Genk et, ensuite, à Gand, il a laissé pas mal de crédit sur la pelouse du Stade Contant Vanden Stock.

Refaelov a laissé pas mal de crédit sur la pelouse du Stade Contant Vanden Stock.

Bruges ne doit pourtant pas se plaindre d’un manque d’efficacité défensive. Vladimir Gabulov, par exemple, a laissé une tout autre impression qu’à ses débuts, juste après le Nouvel An, lorsqu’il avait encaissé 13 buts en cinq matches. Cette fois, il s’est montré autoritaire sur les ballons aériens, s’est bien détendu sur les tirs, a capté les ballons et a eu un excellent réflexe sur un heading à bout portant de Josué Sá.

Contrairement au match à Gand, où elle prenait l’eau de toute part, la défense a donc tenu bon. Bien entendu, le jeu offensif d’Anderlecht ne s’étale pas sur toute la largeur du terrain comme celui des Buffalos, ce qui avait obligé les Brugeois à faire des choix : faire glisser un défenseur central ( Stefano Denswil ou Matej Mitrovic) sur le flanc et donc être plus fragile dans ce secteur ou demander aux médians latéraux ( Dion Cools et Ahmed Touba) de couvrir les flancs, ce qui les contraignait à repartir de plus loin en reconversion. Avant d’avoir trouvé la solution, Bruges était déjà mené.

Anderlecht joue également avec trois attaquants mais ceux-ci sont bien plus proches l’un de l’autre. Bruges a donc pu évoluer en un contre un, sans couverture. Avec audace mais comme Brandon Mechele contenait en bonne partie Teo, que Mitrovic en faisait autant avec Pieter Gerkens et que Denwsil se débrouillait bien face au dangereux Lazar Markovic, Anderlecht ne s’était pas montré trop menaçant avant d’inscrire son premier but. Sauf sur les phases arrêtés (Sá) ou sur des erreurs brugeoises à la relance (perte de balle de Mechele).

Indigence offensive

Offensivement, ce fut une autre paire de manches. Comme à Gand et comme contre Genk, où le penalty de Ruud Vormer a donné une fausse image du match, le Club Bruges s’est créé peu d’occasions. À Bruges, on s’est longtemps plaint de manquer d’efficacité devant. Maintenant, le Club n’est même plus dangereux, il ne domine plus son adversaire.

Après le match à Gand, on a dit que c’était dû à l’absence d’ AnthonyLimbombe et il est vrai qu’à Bruxelles, celui-ci a démontré qu’il pouvait déséquilibrer grâce à ses dribbles. La semaine dernière, à Gand, Moses Simon a fait la différence. Cette fois, Limbombe a essayé de le faire et les fans ont pris peur lorsque, en fin de match, il a eu des problèmes d’ordre physique. On verra ce jeudi s’il est prêt car, sur le plan de la récupération, les play-offs sont impitoyables.

Ce qui est sûr, c’est que Limbombe est resté collé à la ligne de touche pendant 90 minutes, même lorsque, avant le repos, Cools s’est engouffré dans les espaces sur la droite pour centrer. Ce n’était cependant pas à lui d’entrer dans le rectangle mais à Hans Vanaken. Ou à Refaelov. Ils l’ont fait à quelques reprises mais pas assez souvent.

Et c’est là que le bât blesse. Comme, face à Genk, l’entrejeu bleu et noir n’avait pas réussi à se défaire d’un marquage strict, Leko avait fait entrer Refaelov à la 64e minute, pour faire le lien entre la ligne médiane et l’attaque. C’est grâce à cela que le match avait basculé, le duo IbrahimaSeckEnzo Wouters devant soudain faire des choix et commettre des fautes. Vormer lui avait échappé une fois et c’est ce qui avait provoqué le penalty, transformé en but.

Comme, lors du match match de phase classique à Gand, Bruges avait perdu la bataille de l’entrejeu, Leko avait décidé de placer un homme de plus dans ce secteur. C’est ce qui avait permis à son équipe de très bien jouer après la demi-heure. Même s’il n’était pas parvenu à se créer beaucoup d’occasions, le Club était rentré de Gand avec de bonnes sensations car il avait rarement aussi bien joué à la Ghelamco Arena que ce jour là. C’est pour cela que Leko avait réitéré le pari à Bruxelles.

Deux matches at home

Avec autant de satisfaction ? Oui et non. Oui parce que, une nouvelle fois, Bruges est l’équipe qui a eu le plus le ballon (63 % à Gand, 57 % à Bruxelles). Mais alors qu’à Gand, il avait tiré 14 fois au but (dont 6 envois cadrés), à Bruxelles, il n’a tenté sa chance qu’à 10 reprises (dont 3 tirs cadrés). Vous comprenez la frustration d’ Abdoulay Diaby : pour avoir de l’espace, le Malien devait être servi le plus vite possible en profondeur mais ce ne fut pas le cas.

La question est donc la suivante : Bruges peut-il jouer rapidement avec Refaelov, qui aime toucher la balle ; avec son remplaçant, Wesley, qui présente les mêmes caractéristiques ; ou avec Limbombe, qui reste collé à sa ligne ? Une alternative aurait consisté à aligner Emmanuel Dennis aux côtés de Diaby mais comme Anderlecht se repliait, Leko a opté pour le solide Brésilien. Son choix se défend car Bruges a tout de même inscrit un but (annulé).

Pour Leko, aligner Vanaken + Refaelov + deux attaquants dès le coup d’envoi, c’était déséquilibrer l’équipe. C’était possible contre une équipe qui jouait sur toute la largeur du terrain, comme Gand, mais en 4-4-2. À Bruxelles, c’était plus difficile car les trois attaquants anderlechtois évoluent dans le même secteur.

En phase classique déjà, Bruges avait marqué lors de chaque déplacement, sauf à Genk, à Gand et à Anderlecht. Il poursuit sur cette lignée lors des play-offs. À domicile, il parvient toujours à faire trembler les filets. Et il est probable qu’il alignera à nouveau deux attaquants cette semaine. Au détriment de Refaelov.

Ce jeudi, Bruges accueille Charleroi, la seule équipe qui fait moins bien que lui en PO1. Dimanche, il reçoit le Standard. Face à Charleroi, Bruges a inscrit cinq buts en coupe et trois en championnat. Contre le Standard, il a marqué 3 fois en coupe et 4 en championnat. Dimanche soir, le classement pourrait donc être très différent.

Avant le début des play-offs, Bruges avait calculé qu’il lui fallait 20 ou 21 points pour être champion. Il en a déjà gaspillé six. Pas de quoi paniquer mais les play-offs, ça se joue aussi au mental. Il est donc temps que la sérénité revienne.

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