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Sebastian Vettel : l’étape la plus difficile

Jacques Sys
Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Sebastian Vettel est le plus rapide du paddock mais on ignore si Ferrari est parvenu à rattraper son retard sur Mercedes et le très talentueux Lewis Hamilton pendant l’hiver.

Sebastian Vettel a émergé de son hibernation en février, après avoir testé sa Ferrari SF71H flambant neuve. Il a déclaré que l’écurie avait travaillé d’arrache-pied pour combler son retard sur Mercedes. Ferrari n’en a pas moins perdu un ingénieur important, Lorenzo Sassi, qui a rejoint Mercedes, après avoir conçu le nouveau moteur, puissant. Mais apparemment, les Italiens ont surmonté ce départ sans peine.

L’écurie transalpine a peaufiné d’autres détails ces derniers mois, des petites choses qui ne sont pas visibles d’emblée mais qui rendent l’auto plus robuste, plus compacte, plus efficace. Sebastian Vettel a eu sa part dans le développement du nouveau bolide. L’Allemand est fasciné par la technique. Il est un des rares pilotes à discuter avec les ingénieurs après chaque séance d’entraînement. Même la veille des courses, il revient tard à son hôtel. Il sait que l’homme est une partie de la machine. Il veut tout savoir sur son auto. Sebastian Vettel a donc l’art d’expliquer ce qui ne fonctionne pas. Il peut raconter en détails les moindres réactions de son véhicule : le freinage, le pilotage, l’accélération, quand mettre les gaz ou pas -c’est crucial dans les virages. En expliquant le comportement du véhicule aux ingénieurs, il leur facilite la vie. De ce point de vue, Sebastian Vettel ressemble à son grand modèle, Michael Schumacher. Lui aussi était le dernier à quitter le circuit, après avoir tout passé en revue avec ses ingénieurs. Souvent, il ne réintégrait pas son hôtel avant minuit.

UN STAMPFTOPF

C’est devenu un rituel : Sebastian Vettel ne fait pas parler de lui pendant l’hiver. Il aime la tranquillité. Il n’a pas de compte Twitter, pas plus qu’il n’est sur Facebook. Il accorde fort peu d’interviews -le moins possible- en hiver. Il profite de sa famille. Il passe ainsi chaque Noël chez ses parents, en compagnie de son amie Hanna et de leurs filles Emily et Matilda. La famille se réunit autour d’une bonne table, pour un repas traditionnel : des saucisses de Francfort accompagnées d’une salade de pommes de terre. C’est son plat préféré, avec le Stampftopf, un mélange de purée de pommes de terre et de légumes. Vettel a beau se mouvoir dans un monde de paillettes, peuplé de dames au profond décolleté, un univers de technologie, il a conservé des goûts culinaires très simples.

Vettel entame sa quatrième saison chez Ferrari et cette fois, il est décidé à décrocher un cinquième titre mondial. Après quatre années chez Red Bull, consacrées par autant de titres, il a débarqué dans un autre univers. En 2015, Vettel a remporté trois courses. La saison suivante, il n’en a gagné aucune mais l’année dernière, il a triomphé à cinq reprises. Un moment donné, il a même été en tête du classement avec 14 points d’avance sur Lewis Hamilton. Il a longtemps été candidat au titre mais des problèmes techniques et quelques mauvaises décisions ont coûté des points à un Vettel qui n’a pas toujours piloté avec sagacité. En fait, ça a frappé les observateurs la saison dernière : en course, Vettel n’est pas toujours calme ni concentré. Il a le sang chaud, un tempérament plutôt sanguin, il devient imprévisible.

Vettel a parfois fait penser à ses débuts, à l’époque où il attaquait trop brutalement, manquant de sérénité et de sang-froid. Jadis, il avait dû travailler cet aspect pour parachever son apprentissage. Il était parvenu à mieux se contrôler, à ne plus rouler constamment à la limite. Il est retombé dans ses travers.

C’est précisément ce qui commence à irriter certaines personnes chez Ferrari. Pendant la fête de Noël qu’organise toujours l’écurie pour ses collaborateurs, Sergio Marchionne, le patron, lui a intimé de manifester moins d’émotions à l’avenir. Selon Marchionne, quand on obtient une auto qui permet de rivaliser avec ses concurrents, on porte une énorme responsabilité. De ce point de vue, le GP de Singapour a constitué le point de non-retour. Sebastian Vettel a remporté la pole position alors qu’Hamilton n’était que cinquième des essais mais dès le premier virage, il a commis une erreur de jugement fatale. Il est entré en collision avec Max Verstappen et son coéquipier Kimi Räikkönen. Lewis Hamilton a commis nettement moins de fautes. Il est le plus doué des pilotes et conduit à l’instinct. Au début, sa conduite agressive lui a souvent fait commettre des fautes mais il a appris à museler son tempérament.

47 VICTOIRES

Quand la saison de F1 reprendra ses droits, le 25 mars à Melbourne, Sebastian Vettel disputera déjà le 199e grand prix de sa carrière. Jusqu’à présent, il en a remporté 47 et est monté sur le podium à 99 reprises. Sebastian Vettel a enlevé la dernière édition du GP d’Australie. Il a triomphé à quatre reprises durant le premier volet de la saison. Cette année, il ne peut pas se permettre de saison à deux visages.

Ferrari voue toujours une énorme confiance à Sebastian Vettel. L’écurie a prolongé le contrat du quadruple champion du monde jusqu’en 2020. L’année dernière, les Italiens ont franchi une étape importante dans la conception de leur bolide. Ils doivent maintenant passer le dernier cap. Le plus difficile. Sebastian Vettel regorge d’assurance. Elle ne l’a même pas quitté pendant les essais, quand il s’est avéré que Mercedes avait sans doute toujours la voiture la plus rapide et que même Red Bull faisait mieux que Ferrari. Vettel s’est empressé de signaler qu’il n’avait utilisé qu’une sorte de pneus, ce qui n’était pas possible en compétition. En ajoutant que pour lui, le Grand Prix d’Australie ne commencerait jamais assez vite.

Par Jacques Sys

15

Ferrari a remporté à 15 reprises le titre mondial. Kimi Räikkönen (2007) est le dernier champion en combinaison rouge, Michael Schumacher (2000, 2001, 2002, 2003, 2004) est entré dans la légende à Maranello. Les autres héros Ferrari sont Alberto Ascari (1952, 1953), Juan Manuel Fangio (1956), Mike Hawthorn (1958), Phill Hill (1961), John Surtees (1964), Niki Lauda (1975, 1977) et Jody Scheckter (1979).

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