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Retour d’exil

On a cru que sa carrière allait passer des bords de la Volga à ceux du Nil. Franky Vercauteren a finalement privilégié la quiétude des canaux brugeois.

En signant jusqu’en juin 2018 au Cercle Bruges, Franky Vercauteren est réapparu, ce lundi 16 octobre, dans le giron du football belge. Depuis une courte expérience à Malines, lors de la deuxième partie de la saison 2013-2014, on avait quelque peu perdu la trace du triple champion de Belgique (deux fois à la tête d’Anderlecht et un fois avec Genk). Après avoir goûté à une première expérience exotique à Al Jazira, suivie d’un séjour de quelques mois au Sporting Lisbonne, Vercauteren était parti s’aventurer en juin 2014 en Russie, au Krylia Sovetov Samara alors en D2. Près de deux ans et demi plus tard, en octobre 2016, le Bruxellois s’est retrouvé sur le carreau. Depuis pas nouvelles ou presque, hormis le fait qu’il partageait sa vie entre la Belgique et la Russie où il vivait la majorité de son temps.

L’annonce de son arrivée au Cercle, grand favori de la D1B, étonne d’autant plus que quelques jours avant sa nomination, Vercauteren avait déclaré qu’il se verrait bien goûter à une nouvelle expérience hors de nos frontières.  » J’ai refusé deux offres. J’attends encore la bonne opportunité venue de l’étranger.  »

Malgré ses dehors un peu bourru et froid, Vercauteren s’est découvert, avec le poids des ans, une âme d’aventurier. Les arguments financiers venus de Chine ou du Golfe ne l’auraient certainement pas laissé insensibles. Par contre, à tout juste 61 ans, il n’était pas prêt à se lancer dans l’inconnu, lui qui a toujours préféré privilégier des projets solides.

Sur les bords de la Volga, l’expérience fut belle malgré de trop longues coupures hivernales, occupées par un stage de plus de deux mois en Turquie ; ce qui n’a jamais été sa tasse de thé. Aujourd’hui encore, Franky multiplie les allers-retours avec Samara pour y régler des affaires privées. En Belgique, et vu que la valse des entraîneurs a démarré avant l’heure, on l’a annoncé en contact avec Gand et Ostende, voire au Standard où on en faisait un éventuel successeur de Ricardo Sa Pinto. Certes, des agents ont avancé son nom, mais jamais Vercauteren n’a négocié un retour sur le sol belge. Avant que le Cercle n’entre dans la danse.

Le bordel égyptien

Après avoir refusé une proposition d’un club turc, on a longtemps cru que l’entraîneur bruxellois allait goûter à une première aventure africaine. Début juillet, le Zamalek SC, géant du foot égyptien, entreprend des premiers contacts avec Vercauteren. Quelques semaines plus tard, ce dernier s’envole vers Le Caire avec un agent belge pour une première entrevue. Celle-ci a lieu dans un des salons de l’aéroport international de la capitale égyptienne en présence de cinq agents, trois conseillers du club et du président de la section foot de Zamalek, fils du président, Mortada Mansour personnalité égyptienne au bras long, une sorte de Berlusconi local. Vercauteren passe un semblant d’entretien d’embauche avant de se rendre à l’Hôtel Méridien. L’homme est séduit par le projet, et l’ambition d’un club qui lutte habituellement pour les plus hauts prix en Afrique. Le lendemain, Vercauteren s’attend à faire un tour du propriétaire et visiter les luxueuses installations mais ne voit finalement rien venir et poireaute à son hôtel avant de reprendre le vol retour le lendemain matin. Une absence totale de communication qui le refroidit.

Trois semaines plus tard, les dirigeants égyptiens réapparaissent et sont décidés à lui donner les rênes de l’équipe première. Deux de ses conseillers s’envolent vers la fin du mois d’août en direction du Caire pour clore une offre qui, apparemment, lui tendait les bras.

Sur place, au milieu de la chaleur étouffante de la capitale, ils assistent à un véritable capharnaüm. Pendant trois jours et quatre nuits, ils négocient dans les bureaux du club, en plein quartier des ambassades. Un pré-accord est trouvé concernant la durée du contrat et le salaire, plutôt conséquent. Vercauteren, alors à Samara, à plus de 3.000 kilomètres, propose un staff, dont fait notamment partie Glen De Boeck, qui est également validé. Au fil des jours, les dirigeants de Zamalek augmentent la pression pour arriver à une signature. Vercauteren ne cède pas, d’autant qu’il perçoit un projet brouillon.

Le président, Mortada Mansour, convoque télés et radios et annonce à ses plus de 50 millions de supporters avoir trouvé leur nouveau coach. Le 24 août, Vercauteren échaudé par ces techniques, annonce à son agent sur place qu’il met un terme aux négociations. Ahmed Hassan, qui a connu un long contentieux avec Mansour, serait même à la base de cette volte-face. Les dirigeants cairotes sont alors fous de rage.  » Les négociations se sont arrêtées avec lui après que des vandales lui ont dit que l’Égypte souffre du terrorisme et que les Chrétiens sont persécutés « , balance même le président égyptien.

Un peu plus d’un mois plus tard, après des vacances en Espagne, Franky Vercauteren a donc retrouvé les terrains. Lui qui rêvait d’une nouvelle expérience exotique ou d’un club de tradition en Belgique, se retrouve de façon assez surprenante au Cercle Bruges. Une longue discussion avec les dirigeants de l’AS Monaco (nouveau propriétaire des Vert et Noir depuis mai dernier) a fait pencher la balance.  » J’ai eu une très bonne discussion avec eux concernant la vision et la structure. Je veux utiliser cette collaboration avec Monaco afin de rendre le Cercle meilleur « , déclarait-il lors de la conférence de presse d’intronisation.

Le mardi 17 octobre, l’ex-coach d’Anderlecht retrouvait enfin le terrain lors d’une double séance d’entraînement aux côtés de son nouveau bras droit, Vincent Euvrard (ex-coach du Cercle).

Vercauteren, l’hyper méticuleux, qui aime organiser lui-même la préparation, débarque en plein milieu de saison au sein d’un club dont l’unique objectif avoué est d’être champion malgré un engouement modeste, mais des moyens importants (8 millions d’euros de budget)  » Je préfère l’ombre à la lumière « , affirme Vercauteren, même si l’idée est de ramener rapidement la deuxième équipe de Bruges sous le feu des projecteurs.

par Thomas Bricmont – photo Photonews

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