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Anderlecht, le tremplin de Markovic vers l’équipe nationale?

Quel Markovic Anderlecht va-t-il bientôt voir ? Le Markovic qui a eu toute l’Europe à ses pieds à 19 ans ou le joueur qui, loué à Fenerbahçe, au Sporting Portugal ou à Hull City, n’a pas réussi ?

Lazar Markovic est une garantie de titres. Il est la version serbe du Special One. Durant sa présentation à Liverpool lors de l’été 2014, Markovic a été clair quant à ses ambitions à Anfield : être champion.  » Je l’ai été avec le Partizan Belgrade. J’ai encore remporté le titre avec Benfica. Maintenant, je veux lutter pour le titre avec Liverpool.  »

Nul ne s’est interrogé devant autant d’assurance. Les Reds, qui venaient de louper le titre suite à une erreur de Steven Gerrard, étaient prêts à reprendre leur place traditionnelle en tête de la Premier League. Au total, cet été-là, Liverpool allait dépenser 130 millions d’euros pour enrôler des joueurs comme Divock Origi, Mario Balotelli, Emre Can et Adam Lallana.

Benfica avait reçu quelque 22 millions d’euros pour le transfert de Markovic, qui était alors le meilleur ailier d’Europe. Liverpool l’avait soufflé à Chelsea. Un an plus tôt, Markovic avait déjà eu droit à une visite guidée de Stamford Bridge en prévision de son futur transfert.

Markovic et Liverpool ont tenu les rôles principaux d’un drame passionnel. En trois saisons et demi, l’ailier de 24 ans n’est entré en action que 34 fois. Pendant ce temps, Liverpool n’a obtenu qu’une quatrième place. Les premiers mois du Serbe sous la direction de Brendan Rodgers ont été bons mais ensuite, il a disparu de la scène. Il faisait parfois banquette mais il pouvait tout aussi bien prendre place dans la tribune.

 » Mon frère a commis une erreur, selon moi. Il aurait dû persévérer à Liverpool, au lieu de demander aussi vite à être loué « , explique Filip Markovic, qui a quitté Mouscron pour Lens, pensionnaire de Ligue 2, la saison passée.  » Il n’a pas été mauvais à Fenerbahçe non plus. Les supporters l’idolâtraient même puis il s’est blessé aux ischiojambiers et à partir de là, sa carrière a décliné.  »

Benficovic

Tout a sans doute été trop vite pour Markovic. Il a effectué ses débuts en équipe première du Partizan à 17 ans. Deux ans plus tard, il obtenait un premier gros transfert à Benfica et l’année suivante, il était en Premier League.  » Au pays, il était considéré comme le miracle boy du football serbe « , raconte Aleksandar Jankovic, entraîneur des espoirs serbes de 2010 à 2013.

 » Lazar était le plus jeune footballeur de ma sélection. Certains avaient quatre ans de plus que lui. Je l’ai même convoqué plus tôt qu’ Aleksandar Mitrovic, qui est de la même année. Mon équipe, quasiment invaincue pendant trois ans, alignait des joueurs comme Milivojevic, Djuricic, Nastasic, Gudelj etc. C’était une des générations les plus talentueuses des dernières années et Lazar en était un des meilleurs. 70 à 80 % de cette levée est actuellement dans le noyau de l’équipe nationale A.  »

Markovic s’est perdu quelque part entre Benfica et Liverpool. Sa première saison à l’Estadio da Luz a été formidable. Il se sentait bien au Benficovic, un surnom donné au champion portugais quand il a eu, un moment, six Serbes : Fejsa, Djuricic, Markovic, Matic, Mitrovic et Sulejmani. Toutefois, on décelait déjà une faille. Il ne parvenait pas à gérer la pression que faisaient peser sur ses épaules toutes les attentes d’une nation.

 » Les Serbes portent un regard spécial sur les sportifs de haut niveau « , explique Ivan Obradovic, son coéquipier à Anderlecht et en équipe nationale.  » La Serbie est un pays pauvre. Dès que vous gagnez beaucoup d’argent, vous êtes considéré comme quelqu’un d’exceptionnel. Il a commencé à profiter de la vie comme je l’ai fait quand j’ai rejoint l’Espagne. J’avais 21 ans et il ne pouvait rien m’arriver. Du moins c’est ce que je pensais. Je me suis blessé et je n’ai plus joué.

C’est ce qui est arrivé à Lazar. Il a savouré ce qui lui arrivait et il a sans doute cru que le plus gros était fait, qu’il pouvait se reposer sur ses lauriers. C’est là que les problèmes ont commencé. Avec le temps, il a compris qu’il devait changer de mentalité. La situation lui a pesé. Il lui aurait sans doute fallu quelqu’un qui le remette les pieds sur terre. Un bon manager aurait pu prévenir sa chute.  »

A Borboleta

Nul ne doute du talent de Markovic. À Lisbonne, on le surnommait A Borboleta, le papillon en portugais. Parce qu’il était petit et insaisissable. Jorge Jesus, son entraîneur à Benfica puis au Sporting Portugal, l’a dépeint comme un rebelle extrêmement créatif. Un garçon qu’il ne faut pas accabler sous les tâches tactiques.

 » Markovic a toujours fait la différence, dans toutes ses équipes « , relève Jankovic.  » Il n’a pas de rythme dans les jambes mais ses qualités lui permettent d’être décisif quand il entre au jeu pour dix ou quinze minutes.

Le passé a révélé que le championnat de Belgique était tout sauf facile pour les jeunes Serbes. Milivojevic et Djuricic étaient également considérés comme de grands talents mais ils n’ont pas réussi en Belgique.  »

Tout le monde s’interroge sur la motivation et la condition physique de Markovic, jusqu’en Serbie. Dès le début, Hein Vanhaezebrouck était sceptique quant à l’utilité du transfert hivernal. Il avait calculé qu’il lui faudrait au moins cinq semaines avant de pouvoir l’aligner. Les séances de footing le long des étangs de Neerpede n’ont pas manqué leur effet : contre Mouscron, Markovic a effectué une entrée au jeu de vingt minutes et à Zulte Waregem, il a pris place sur le banc pour la deuxième fois d’affilée.

L’adjoint Gino Caen, plutôt adepte des séances d’intervalles sur le terrain, et la cellule de performance, doivent préparer le Serbe pour les play-offs. L’ailier de 24 ans est en effet arrivé avec un sérieux retard de condition à Neerpede. Il a obtenu de loin le plus mauvais score lors des tests à l’effort réalisés à la mi-février.

Toutefois, Anderlecht a été vivement impressionné par sa vitesse sur des distances courtes. Markovic est sous les quatre secondes sur trente mètres. Son meilleur chrono ? 3.98. Un temps que personne n’a pu égaler.

Beli Orlovi

 » Avec sa vitesse, Markovic peut aider Anderlecht à conquérir la deuxième place des PO1. Et Anderlecht doit aider Lazar à se qualifier pour le Mondial « , commente Filip Markovic. Un rapide survol de l’équipe nationale serbe permet de constater qu’elle ne possède pas de joueur comme Markovic.

Les éléments offensifs ont chacun leurs atouts et sont capables de délivrer une passe décisive mais sur le flanc droit, les Beli Orlovi, les Aigles Blancs, n’ont pas d’autre joueur capable de fendre une défense en contre.  » Selon moi, mon frère a une chance réelle de participer au Mondial russe. Le sélectionneur Mladen Krstajic le connaît : ils ont joué ensemble au Partizan. Pendant leur dernier entretien, il lui a juste conseillé d’accumuler les minutes de jeu. Je suis quasi certain que Krstajic le sélectionnera si mon frère retrouve son niveau.  »

Anderlecht fait donc office de tremplin vers l’équipe nationale. Markovic est-il prêt à s’installer quelque part ? Il donne l’impression de chercher une certaine forme de stabilité, bien qu’il soit conscient qu’Anderlecht puisse lui ouvrir d’autres portes. Dans d’autres clubs ou même à nouveau à Liverpool. On ne sait jamais.

Filip Markovic :  » J’ai vu Lazar à l’oeuvre dans le match contre Mouscron. J’ai remarqué à des tas de détails qu’il était heureux. Pourquoi ne resterait-il pas plus longtemps ? Après cette saison, il est encore lié à Liverpool pour un an. S’il se sent bien ici, Anderlecht devrait essayer de se l’attacher plus longtemps.  »

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Comment Markovic s’est retrouvé à Anderlecht

La dernière journée du mercato d’hiver fut symptomatique d’un club aux abois et en perte totale d’identité. Longtemps, on a cru qu’ Aleksandar Mitrovic allait faire son retour à Anderlecht et donner du poids à une attaque mal en point, pour au final apprendre que c’est Lazar Markovic, un ailier de 23 ans qui n’avait joué cette saison que 63 minutes avec les U23 de Liverpool, qui débarquait en prêt dans les dernières minutes d’un mercato qui ne rassurait ni les fans mauves, ni le coach, Hein Vanhaezebrouck.

Cette arrivée avait tout l’air d’un transfert panique dictée par le refus de Mitrovic de rejoindre le champion en titre. Et pourtant, son agent, Milos Malenovic, assure  » que les négociations avaient débuté deux semaines avant l’annonce du transfert.  » Ce dernier s’était entretenu avec Herman Van Holsbeeck et Mogi Bayat, qui est son principal partenaire sur la Belgique.

 » Nous avions des propositions fermes d’un club du milieu de tableau en Premier League, d’un club de Bundesliga, mais aussi d’un gros club en Belgique « , assure-t-il. Mais ces offres venues de clubs issus de grandes compétitions se sont, semble-t-il, évaporées et la piste anderlechtoise s’est réactivée.

 » Son arrivée n’était en aucun cas liée à la réalisation du transfert de Mitrovic « , poursuit Malenovic, qui ne préfère pas s’exprimer sur les données du contrat qui lient son joueur à Anderlecht. Jusqu’à l’été dernier, Lazar Markovic était attaché à l’agent influent, Fali Ramadani, partenaire de Pini Zahavi, à la tête du fonds d’investissement maltais propriétaire de Mouscron. Un duo qui s’était notamment occupé du passage très rémunérateur de Mitrovic à Newcastle lors de l’été 2015.

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