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Lieux de culte

Le monde compte de nombreux stades mythiques. Chacun a sa propre histoire. Nous avons sélectionné dix de ces arènes.

ALLIANZ ARENA

Munich

Ouverture : 2005

Capacité : 75.000

club : Bayern Munich

8.000 ampoules LED permettent de déployer un spectre de 16 millions de couleurs : l’Allianz Arena de Munich brille de multiples manières. Par temps clair, on peut distinguer le stade des sommets autrichiens, à 75 kilomètres de là. L’Allianz Arena a été construite par des architectes suisses. De l’extérieur, elle ressemble à une immense piscine. Sa construction a coûté 340 millions d’euros, dont 90 ont été acquittés par l’Allianz AG, la grande compagnie d’assurances, qui a donné son nom au stade.

Le jeu de couleurs dont nous venons de parler est la caractéristique de ce stade. Il est généralement rouge, représentant le Bayern, son club, mais il se teinte aussi de noir-rouge-or quand l’équipe nationale s’y produit. Jusqu’à la saison passée, il passait même au bleu quand Munich 1860, depuis rétrogradé en division quatre, y disputait ses matches à domicile. L’Arena dépasse aussi ses frontières. Ainsi, le 1er juillet 2013, le stade a adopté le rouge et le blanc du drapeau croate, ce pays ayant officiellement intégré l’Union européenne.

Il est impossible de louper l’Allianz Arena quand on rallie Munich depuis Nuremberg. Depuis qu’il y joue, le Bayern a été sacré champion à huit reprises. Il y a disputé moult matches légendaires en Ligue des Champions, le premier contre le Club Bruges. Le stade possède aussi le plus grand parking d’Europe, avec une capacité de 11.000 places.

OLD TRAFFORD

Manchester

Ouverture : 1910

Capacité : 75.731

club : Manchester United

Une statue reprenant des vedettes du club, des tribunes baptisées du nom de légendes telles que Bobby Charlton et Alex Ferguson, une horloge qui s’est arrêtée à l’heure la plus sombre de l’histoire de Manchester United, le 6 février 1958, à trois heures quatre, quand l’avion de l’équipe, pris dans une tempête de neige, s’est écrasé à Munich, coûtant la vie à huit membres du club…

Old Trafford, inauguré en 1910, a longtemps fait la fierté de l’Angleterre. Au début, il pouvait accueillir 100.000 personnes mais les frais de maintenance étaient trop élevés. Le stade fait rêver les amateurs de football du monde entier. On l’appelle parfois le Theatre of Dreams et, de fait, beaucoup de rêves y sont devenus réalité. Old Trafford est magique. Chaque année, en dehors des matches, il est visité par 330.000 personnes. Le tour du stade coûte l’équivalent de vingt euros.

Le tourisme à lui seul rapporte 6,5 millions par an à Manchester United. C’est à peu près le budget d’un club comme Mouscron. Old Trafford associe passé et présent. Par la statue mais aussi les photos des anciennes vedettes qui ornent ses murs. Le stade a été touché par les bombes allemandes en 1941, contraignant United à déménager pour huit ans dans le stade de son rival, Manchester City.

MARACANÃ

Rio de Janeiro

Ouverture : 1950

Capacité : 74.738

club : Flamengo, Fluminese

L’actuel Maracana n’a plus rien à voir avec le temple qui avait failli plonger tout le Brésil dans l’extase, en 1950. C’est là que, pendant le Mondial de la même année, les Brésiliens se sont inclinés 1-2 face à l’Uruguay, devant une imposante muraille de 173.850 spectateurs. Ce revers était d’autant plus cuisant qu’il suffisait, d’après le règlement de l’époque, au Brésil de faire match nul pour être champion du monde. Le pays a sombré dans la dépression. Il allait s’écouler 64 ans, jusqu’à la Coupe du Monde 2014, avant que le football brésilien ne soit à nouveau touché au plus profond de son âme, suite au 1-7 contre l’Allemagne. Étrangement, le Brésil ne s’est pas produit une seule fois au Maracana pendant ce tournoi.

La construction de ce stade mythique, entamée en 1948, n’a duré que deux ans. Elle a nécessité l’embauche de 10.000 travailleurs. Le gigantesque bâtiment fascine. C’est un colosse dont toutes les places étaient accessibles à chacun. Les amateurs de football s’y sont régalés de la classe de l’équipe nationale brésilienne mais le Maracana s’est aussi érigé en lieu de rencontre de toutes les classes sociales. Désormais, il ne reste plus grand-chose de cette splendeur. Le délabrement est tel que tout un temps, les touristes n’ont plus pu le visiter. On n’y joue plus que sporadiquement des matches, dont le derby Fla-Flu. La querelle entre différentes entreprises de construction et le comité organisateur des Jeux Olympiques illustre le déclin du Brésil moderne, devenu le symbole d’un état en lambeaux, économiquement et administrativement. Il n’y a pas d’issue en vue.

Santiago Bernabéu

Madrid

Ouverture : 1947

Capacité : 81.044

club : Real Madrid

Le stade du Real Madrid se dévoile subitement, au coin d’une rue. Un géant qui regorge de puissance, de gloire, de titres. C’est ainsi que le voyait Santiago Bernabeu, joueur, entraîneur puis président du club. Il a eu une vision en 1943 : ériger un grande stade qui ferait exploser les rentrées du Real et en ferait un géant du football. Les supporters du Real ont offert de l’argent. Le stade se trouvait alors en bordure de la ville, dans un endroit vert. Il est maintenant au coeur de la capitale.

Bernabeu est bien plus qu’une simple arène de football. C’est un vaste théâtre. Les footballeurs n’y disputent pas de match, ils s’y produisent sous les yeux d’un public très gâté. Les plus grandes stars du football y ont dévoilé leur art. Puskas, Butragueno, Hugo Sanchez, Raul, Figo, Zidane, Kaka, Casillas, Cristiano Ronaldo, la liste des vedettes est longue. Elle renforce la magie, initiée par les exploits des premières icônes, Di Stefano et Gento. Ceux-ci jouaient alors dans un stade de 125.000 places.

Mais un club qui grandit finit par se heurter à ses limites. Le stade va être refait d’ici 2020. Le nouveau temple comprendra un hôtel conçu de façon à ce qu’on puisse suivre les matches de son lit. Il y aura aussi des bars, des restaurants et un nouveau musée du club. Le nouveau stade sera pourvu d’un toit coulissant et la rue qui mène au stade sera entièrement piétonnière. Le projet coûte quelque 400 millions d’euros. Comme Madrid le dit, quand on veut être le meilleur club, il faut aussi avoir le meilleur stade.

SOCCER CITY

Johannesbourg

Ouverture : 1989

Capacité : 94.700

club : Kaizer Chiefs

Du centre de Johannesbourg, il faut plus d’une heure pour rejoindre Soccer City. On passe par Soweto, une des plus grandes townships du pays. Le stade, rebaptisé FNB-Stadium, a été érigé dans un no man’s land. Il symbolise le développement politique d’un continent. Le temple futuriste a été conçu par un architecte néerlandais et c’est un ingénieur civil belge, Marc Meire, qui a dirigé les travaux. Le stade a été agrandi et rénové à l’occasion du Mondial 2010.

Soccer City a été construit avec un profond respect pour la culture africaine. Il a été au coeur de l’actualité pendant un mois, durant la Coupe du Monde 2010, accueillant huit matches et la finale. Les spectateurs ont été abrutis par la cacophonie produite par les fameuses vuvuzelas, les trompettes d’un mètre de long. Le son produit se situe quelque part entre le bruit d’une corne de brume et le barrissement d’un éléphant. Soccer City a également été le théâtre d’une cérémonie de commémoration à la mort de Nelson Mandela. C’est là que celui-ci a tenu son premier discours en 1990, après 18 ans de prison.

CAMP NOU

Barcelone

Ouverture : 1957

Capacité : 99.354

club : FC Barcelone

Une chapelle est nichée au coeur du Camp Nou. Jadis, les footballeurs s’y recueillaient avant les matches. On ne sait pas si c’est toujours le cas car le club estime qu’il s’agit d’une question personnelle, qui doit faire l’objet de la plus grande discrétion.

Le stade de Barcelone est lié pour toujours à une légende : à partir de 1951, le Hongrois Laszlo Kubala a conduit le club à un niveau jugé impossible. Les spectateurs ont alors afflué dans le stade vétuste. En 1957, on a donc inauguré le stade actuel au même emplacement. Le Camp Nou signifie nouveau terrain en catalan. Il a plongé le club dans le rouge, au point que le Barça a été contraint de vendre sa vedette Luis Suarez à l’Inter Milan pour 200.000 euros, une somme-record à l’époque.

Le Camp Nou a été un des rares endroits, sous la dictature de Franco, où on osait ouvertement parler catalan, langue alors interdite par le régime. De nos jours, le Camp Nou est le cinquième plus grand stade du monde. Comme il ne pouvait pas être agrandi en hauteur, à l’époque, on a travaillé en profondeur et le terrain est très bas. Le stade est entouré d’une mosaïque de pavés colorés qui permettent de modifier la couleur de la façade. Il va être rénové d’ici 2022. Pendant ce temps, le club continue à développer un football de niveau mondial.

STADE LOUZNIKI

Moscou

Ouverture : 1956

Capacité : 81.000

club : Spartak Moscou

Ce stade accueille le match d’ouverture de la Coupe du Monde, le 14 juin, ainsi que la finale, le 15 juillet. Les événements négatifs constituent le fil rouge de son histoire. Ce stade a baigné dans le sang. Le 20 octobre 1982, le Spartak Moscou a affronté Haarlem au deuxième tour de la Coupe UEFA. Comme le club avait écoulé fort peu de billets, il n’avait ouvert qu’une seule tribune. Le Spartak menait 1-0 et comme il régnait une température sibérienne dans le stade Lénine, de son premier nom, des supporters ont voulu s’en aller peu avant la fin de la partie.

Le Spartak a doublé la marque dans les arrêts de jeu. Les supporters ont essayé de revenir mais les marches verglacées ont provoqué des chutes en cascade. Des gens ont été écrasés ou sont passés à travers les rampes, notamment à cause de la police, qui tentait de les repousser. On a couché 66 morts à l’entrée du stade, devant la statue de Vladimir Lénine, le premier leader de l’Union Soviétique. Les premières ambulances ont mis 40 minutes à arriver sur les lieux. Il y aurait finalement eu plus de 300 morts.

Plus rien ne rappelle cette tragédie. Le stade a été reconstruit et les spectateurs sont confortablement installés jusqu’au bord du terrain. On a fait appel massivement appel à des ouvriers de Corée du Nord pour les récents travaux, une pratique critiquée par l’ONU, parce qu’une grande partie du salaire de ces travailleurs tombe dans l’escarcelle de l’état nord-coréen.

SAN SIRO

Milan

Ouverture : 1926

Capacité : 80.018

club : AC Milan, Inter

Jadis, on avait coutume de dire qu’il fallait enfiler un smoking pour pénétrer dans ce stade. San Siro est la Scala du football. Ou plutôt le stade Giuseppe Meazza, comme il s’appelle depuis 1979, du nom d’un joueur qui s’est produit pour l’AC Milan comme pour l’Inter. Les supporters, eux parlent de San Siro, du nom du quartier qui abrite l’enceinte. Les derbies le transforment en chaudron infernal car ils opposent deux clubs à l’identité radicalement différente depuis toujours, même si le contraste s’est dilué au fil des années. L’AC Milan est le club du peuple. Ses supporters sont issus des quartiers ouvriers. L’Inter, lui, puise l’essentiel de ses partisans dans la bourgeoisie.

Comble, San Siro dégage une atmosphère particulière. Il est empreint de mysticisme et donne l’impression de planer. Initialement, San Siro n’accueillait que l’AC Milan. Il y a disputé son premier match contre… l’Inter et s’est incliné 3-6. Ce n’est que plus tard que l’Inter y a également pris ses quartiers. Les années ont marqué le stade mais chaque mètre carré continue à rappeler une grande histoire, marquée par des matches des Coupes du Monde 1934 et 1990, sans oublier l’EURO 1980. San Siro a une autre particularité : il est strictement interdit d’y fumer. Celui qui s’y risque écope d’une amende de 250 euros.

WEMBLEY

Londres

Ouverture : 2007

Capacité : 90.000

club : Tottenham Hotspur (de 2016 à 2018)

La cathédrale du football. On ne peut mieux définir Wembley. Nulle part ailleurs le football ne vit autant, nulle part ailleurs le gazon n’est aussi sacré. Wembley respire l’histoire du football. Toutefois, l’arène, avec ses deux tours si spéciales, était en si piètre état qu’elle a dû être rénovée de 2000 à 2007. Une couche de modernité a revêtu la nostalgie. Ainsi, le stade actuel est-il surplombé par un arc de 315 mètres et les 90.000 places assises offrent plus d’espace aux spectateurs que l’ancien. Le confort a vraiment fait l’objet de tous les soins : il y a 2.618 toilettes à Wembley.

Le stade, qui s’appelait autrefois l’Empire Stadium, a été inauguré en 1923 à l’occasion de la première finale de FA Cup, devant 127.000 spectateurs alors qu’il y avait eu 250.000 demandes. Plus tard, la piste de sable entourant le terrain a été utilisée pour des courses de chiens. Durant le Mondial 1966, il a d’ailleurs fallu déplacer un match entre la France et l’Uruguay à cause de ces courses.

Wembley n’a pas ouvert ses portes qu’aux matches de football et aux courses. En 1982, le pape Jean-Paul II y a célébré une messe devant 80.000 croyants et on y a organisé des concerts des Beatles, des Rolling Stones, de Michael Jackson, de Tina Turner et de Queen. Mais Wembley est avant tout le port d’attache de l’équipe nationale d’Angleterre et le décor des finales de coupe. Tottenham Hotspur peut s’y produire, à titre exceptionnel, le temps que son nouveau stade soit bâti.

Signal Iduna Park

Dortmund

Ouverture : 1974

Capacité : 81.390

club : Borussia Dortmund

En 2009, le quotidien britannique TheTimes a effectué le classement des plus beaux stades du monde. Il a placé l’arène du Borussia Dortmund en premier. Le Westfalenstadion, comme beaucoup de gens continuent à l’appeler, doit une grande partie de son attrait à la tribune debout de 25.000 places située derrière un des buts. Le mur jaune, la Südtribüne, fait cent mètres de largeur, 52 mètres de profondeur et 40 mètres de hauteur. En pénétrant sur le terrain, on a l’impression que 150.000 personnes y sont et que le stade explose, a confié l’ancien entraîneur du Borussia, Jürgen Klopp. La tribune aspire littéralement les joueurs.

La Südtribüne est la caractéristique numéro un du Borussia Dortmund. Elle est symbole de passion. Pourtant, elle a souvent été exploitée par des groupements d’extrême-droite. En 2006, quand le stade a été agrandi en plusieurs étapes et a pris le nom de la compagnie d’assurances Signal Iduna, en échange de son soutien financier, il a envisagé d’installer des places assises dans cette tribune mythique mais il a finalement cédé face aux protestations du public, qui craignait que le club ne perde ainsi une partie de son identité. Mieux même : le Borussia a étendu la capacité de cette tribune debout à 24.454 places.

par Jacques Sys/Kicker (esm) – photos belgaimage

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