Les éternels boucs émissaires

Le Cercle Bruges a été relégué il y a trois ans. Avec trois entraîneurs consommés durant la saison, il avait mené une politique très éloignée de sa philosophie. Mais, à l’époque, le Cercle avait surtout fait la culbute parce qu’il avait été plus souvent qu’à son tour victime d’erreurs arbitrales. Comme dans le dernier match de championnat, contre Malines. Le Cercle menait alors 2-0 mais l’assistant n’avait pas levé son drapeau pour signaler un hors-jeu dans l’avant-dernière minute de jeu. Du coup, Malines avait réduit la marque et semé la panique dans les rangs du Cercle. Défait 2-3, celui-ci avait basculé à l’étage inférieur.

Le Cercle a passé trois ans dans le purgatoire de la D1B, dont il espère se libérer samedi. Il a abandonné sa mission initiale, qui consistait à faire éclore quelques jeunes. Pour survivre, le Cercle a été contraint de s’unir à l’AS Monaco. Que serait-il advenu de lui sans cette erreur arbitrale il y a trois ans ?

Les erreurs des arbitres sont le fil rouge de ce championnat. Le week-end dernier encore. L’Antwerp a obtenu un penalty injustifié contre Eupen. Quid si le représentant des Cantons de l’Est était relégué à cause d’un mauvais goal-average ? Et quel aurait été le déroulement du match au Standard si Luis PedroCavanda avait été exclu pour sa faute en tant que dernier homme ?

Les matches de Malines et d’Eupen seront supervisés par le VAR, ce week-end. Il aurait déjà fallu se servir de cet artifice samedi passé. Les clubs sont devenus des entreprises qui ne peuvent pas être victimes d’erreurs humaines, surtout quand il existe des moyens technologiques pour les éviter. Il n’est pas possible qu’il n’y ait qu’un arbitrage vidéo sur deux matches. Il faut trouver des solutions. Ça suscitera moins de frustrations et donc moins de réclamations.

La critique de l’arbitrage a atteint des sommets le week-end dernier. Beaucoup d’entraîneurs ont du mal à contrôler leurs émotions et s’épanchent en déclarations malheureuses. On ne peut pas mettre en doute l’intégrité des arbitres. Leur tâche est devenue très compliquée. On les insulte, on les conspue. Leurs erreurs sont grossies et repassées à l’infini à la télévision. Il faut être masochiste pour vouloir être arbitre de nos jours. Les réseaux sociaux jouent également un rôle néfaste.

La pression est devenue énorme. Est-ce pour cela qu’on siffle de plus en plus de penalties ? Les matches cruciaux du week-end à venir vont être suivis très attentivement. Y compris, et même surtout, les matches pour le maintien. Si Malines descend, c’est une catastrophe pour le club. Pour Eupen aussi. Un échelon en dessous, tant le Beerschot Wilrijk que le Cercle Bruges frémissent à l’idée de devoir se produire encore en D1B la saison prochaine. Pour eux, c’est l’enfer.

Les arbitres restent des boucs émissaires. Ils permettent aux clubs de camoufler leurs propres manquements. Après la défaite essuyée par Eupen à l’Antwerp, Hendrik Van Crombrugge et Mickaël Tirpan ont déclaré que l’équipe était responsable de sa situation, ayant gâché trop de matches précédemment. Ensuite, Claude Makélélé s’en est pris à l’arbitre. Il a déclaré qu’on ne voulait pas qu’Eupen reste en D1A. En haut lieu, on ne peut pas laisser passer pareilles déclarations.

Naturellement, la génération actuelle n’est pas la meilleure levée arbitrale de notre histoire. Mais n’est-ce pas le cas des entraîneurs aussi ? Sont-ils aussi critiques envers eux-mêmes qu’à l’égard des arbitres ? Et quelles sont leurs conclusions ? Ils reconnaissent rarement leurs erreurs, comme l’a fait Erik Lambrechts samedi à l’issue du match Standard-FC Malines.

Erik Lambrechts
Erik Lambrechts© BELGAIMAGE

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