© BELGAIMAGE

Le Viking

Bart Swings a continué à y croire envers et contre tout : il allait gagner une médaille olympique. La cinquième de notre histoire et la seule de ces Jeux.

Bart Swings a d’abord été déçu d’avoir loupé la médaille d’or à un mètre près, en patinage départ groupé. Puis, il a réalisé qu’il avait malgré tout accompli son grand rêve : enlever une médaille olympique. Le lendemain, il a analysé sa course dans ses moindres détails.

Ce n’est pas un hasard. Ingénieur civil en formation, il a une approche très scientifique de son sport. Son intelligence l’a parfois handicapé sur les distances classiques. Il est doté de capacités physiques de premier plan mais il a souvent été trop analytique, trop perfectionniste, hanté par une technique pas vraiment optimale, puisqu’il ne s’est tourné vers le patinage de vitesse qu’à 18 ans.

Ce n’est pas un hasard non plus s’il a gagné sa médaille, la seule de notre délégation, dans une discipline qui allie endurance, vitesse, poker et sens tactique. C’est en départ groupé qu’il a gagné neuf de ses quatorze médailles de Coupe du monde depuis 2014. C’est la discipline la plus proche de sa première, le patinage en ligne. La seule qu’il entame avec une confiance en béton, qu’il patine en fonction de son adversaire, sans trop penser à sa technique.

Quatrième et cinquième à Sotchi, sur 5 et 10 kilomètres, il a suscité les doutes. Ce scepticisme a crû cette saison : diminué par une blessure au genou et une gastro-entérite, il a même été contraint de courir les épreuves B. Mais Swings, animé par la rage de vaincre des vrais ténors, a continué à croire à une médaille olympique, certainement dans son épreuve favorite.

Faisant fi des regards incrédules autour de lui, il a même clamé son objectif haut et fort. Les Néerlandais, spécialistes du patinage, ne le craignaient plus ?  » Parfait, je vais les surprendre.  » C’est que, modeste en apparence, Bart allie l’assurance au calme et au sens du travail norvégiens, les qualités qui ont permis aux Vikings de remporter un nombre-record de médailles à PyeongChang.

Hasard ou pas, Swings s’est entraîné plusieurs mois à Stavanger avec l’équipe norvégienne et son copain Sverre Lunde Pedersen, dans un environnement idéal pour le sport, entouré d’excellents patineurs, ce qui lui a permis de s’exercer à la bonne vitesse, à la bonne puissance. En novembre déjà, Swings se déclarait prêt à réaliser son rêve. Mi-décembre, sa médaille de bronze dans la manche de Coupe du monde de Salt Lake City, a renforcé sa conviction.

En mars 2016, un an après que le CIO eut repris le départ groupé au programme olympique, son entraîneur, Jelle Spruyt, prédisait :  » Si Bart peut adjoindre à sa mentalité la bonne technique et un excellent physique, tout sera possible à PyeongChang. Même la médaille d’or.  »

Deux ans plus tard, Swings a été d’abord déçu : il n’a que la médaille d’argent, à cause d’une erreur à 700 mètres de l’arrivée. C’est justement cette mentalité, celle d’un Viking norvégien, qui l’a amené aussi loin.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire