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Le souvenir de Raymond Goethals

Jacques Sys
Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Le 3 décembre, Philippe Clement a reçu le Trophée Raymond Goethals. Cette cérémonie entretient le souvenir de l’entraîneur bruxellois, haut en couleurs.

Jeudi dernier, le 6 décembre, il y avait 14 ans que Raymond Goethals était décédé. Il avait 83 ans. Peu d’entraîneurs ont marqué notre football comme Goethals, qui a été le premier à appliquer efficacement le piège du hors-jeu. Partout où il a travaillé, Goethals s’est distingué par son parler savoureux et son absence de formalisme.

L’interviewer était toujours un plaisir. Une demi-question suffisait à le lancer dans un exposé interminable. Il griffonnait en même temps des schémas tactiques sur des cartons de bière, pour se défaire de l’étiquette qu’on lui avait accolée au fil de sa carrière : celle d’un entraîneur défensif. Cigarette au bec, Goethals s’exprimait avec passion. Et avec un sens inné du drame et du pathos.

Raymond Goethals a disputé sept finales européennes et en a gagné deux. Il a été sélectionneur pendant dix ans. Il avait coutume de dire qu’il fallait deux jours pour parler de sa carrière et il le pensait. Les anecdotes sont nombreuses. Notamment sur son passage à Marseille, le club avec lequel il a enlevé la Ligue des Champions en 1993. Rétabli d’une blessure, Eric Cantona, avait demandé à Goethals s’il allait jouer. De marbre, celui-ci lui a répondu qu’il ferait banquette. Cantona ne voulait pas, estimant qu’un footballeur de son calibre n’avait pas sa place sur le banc. Et Goethals, alors, de répondre :  » Pas de problème, assieds-toi à côté du banc.  »

Raymond Goethals était un entraîneur spécial. Il avait l’art d’entretenir l’ambiance au sein de son noyau, par ses farces et ses plaisanteries, mais il piquait de véritables crises de rage quand ses joueurs n’appliquaient pas ses consignes. Il ne cessait de sauter et de gesticuler pendant 90 minutes, et menait de véritables combats de boxe dans le vide.

Goethals était aussi un professeur distrait. Pendant son séjour au Brésil, en allant chercher le journal dans sa boîte, il est rentré dans le mauvais appartement. Sans rien remarquer, il s’est plongé dans sa lecture jusqu’au retour de la voisine, effrayée.

La carrière de Goethals comporte une tache : en 1984, il a été suspendu dans le cadre de l’affaire de falsification du match Standard-Waterschei. Ce faux-pas a sali son image mais Goethals a qualifié l’affaire, qui a fait trembler tout le football belge sur ses fondations, de  » beaucoup de bazar pour rien « .  » Une magoule ? Quelle magoule ?  »

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