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Le prix du public

Chaudron bouillant de la phase classique, le Mambour manque de quelques ingrédients pour assaisonner les play-offs 1 de ses Zèbres. Histoire d’un stade qui peine à se remplir.

Le printemps est arrivé, avec le retard d’un tacle défensif passible d’un avertissement. Mais le public carolo, lui, se fait toujours désirer. Pour accueillir l’autre Sporting, toujours champion de Belgique en titre, le Mambour ne s’est peuplé que de 10.918 habitants. Les clubs de supporters inscrivent le congé pascal en guise de mot d’excuse, mais les chiffres du jour sont très loin des 14.330 spectateurs qui s’étaient massés dans les tribunes zébrées au milieu du mois d’août dernier, pour saluer l’obus parti du pied gauche d’ Amara Baby et le slalom exaltant de Cristian Benavente face aux Mauves.

En l’espace de cinq ans, les Zèbres ont gagné plus de 4.000 fidèles de moyenne à domicile.

Le club cache difficilement sa désillusion. Pendant que le Standard fait carton plein, tutoyant la barre des 20.000 abonnés pour les play-offs, la billetterie carolo n’a accueilli qu’un peu plus de 6.000 spectateurs prêts à réserver leur siège pour les cinq matches à domicile du grand bal de la fin de saison.  » Ce n’est pas la juste récompense qu’on méritait « , peste-t-on au sein des têtes pensantes du projet zébré.

L’heure est évidemment à la recherche d’explications, pour comprendre ce soudain dédain. Les chiffres sont d’autant plus étonnants qu’ils surviennent au bout de la meilleure phase classique de l’histoire du club depuis l’intronisation des play-offs, que ce soit en termes de résultats (troisième place avec 51 points) ou d’affluence (10.749 spectateurs de moyenne à domicile, soit 1.190 de plus que la saison dernière).  » On va continuer de se poser des questions, même si on s’en est déjà posé beaucoup « , affirme Pierre-Yves Hendrickx, directeur général du Sporting.

NOUVEAU PUBLIC

Certains sont partisans du phénomène ponctuel. Celui qui veut que la phase classique n’a pas été conclue dans d’aussi fortes émotions que lors des précédentes qualifications pour les play-offs 1. Cette année, Charleroi a assuré sa place dans le top 6 assez tôt, et reste surtout sur une vilaine série de dix rencontres sans victoire qui n’est pas de nature à attirer les curieux.

Bercé par les émotions instantanées, le supporter carolo serait ainsi peu enclin à troquer son canapé pour un siège en T3 quand l’adrénaline n’est pas automatiquement comprise dans les 90 euros à débourser pour un bail de cinq matches au sommet dans le Pays Noir.

D’autres, comme Mehdi Bayat, analysent la situation avec plus de recul. L’homme fort du projet zébré sait que la séduction d’un nouveau public est l’une des batailles les plus ardues que doit mener son Sporting.  » Avec une vague de résultats positifs, au bout d’un certain nombre d’années, on ira chercher une nouvelle génération de supporters « , affirme l’administrateur-délégué du club. Ce fan du futur, Charleroi le cherche dans les clubs de la région, ceux-là même dont les équipes de jeunes défilent deux fois par mois sur la pelouse du Mambour avant le coup d’envoi des rencontres à domicile.

Le prix du public

Ce vendredi, ce sont les jeunes pousses d’Assesse, de Somzée ou de l’Entente Binchoise qui sont à l’honneur. Le tour de terrain, conclu par un clapping au pied d’une T4 bouillante et collaborative, doit leur laisser un souvenir indélébile d’une soirée au stade vécue en noir et blanc.

Mehdi Bayat sait aussi que l’ambiance ne suffit pas. Avançant sa théorie selon laquelle tout supporter est avant tout un supporter de la victoire, parce que  » personne ne vient au stade pour voir son équipe perdre « , il martèle chaque année que la Coupe de Belgique est son objectif prioritaire, conscient que six matches à élimination directe constituent le chemin le plus court vers ce sacre qui doit, un jour, déflorer le palmarès zébré.  » C’est peut-être parce que notre armoire à trophées est vide que Charleroi est toujours resté un club local « , affirme le Carolo d’adoption.

4.000 SPECTATEURS EN 5 ANS

 » Un jour, Gand s’est construit un nouveau stade et du jour au lendemain, ils ont doublé leur nombre d’abonnés « , souffle-t-on également au sein du club. Le modèle gantois est évidemment source d’inspiration pour les Zèbres, car la course à l’abonné est le cheval de bataille d’un stade rentabilisé tout au long de la saison.

 » On sait qu’on remplit toujours le stade pour les belles affiches « , analyse Mehdi Bayat.  » Le problème, aujourd’hui, il est au niveau du nombre d’abonnés. Et ça, c’est la force des grands clubs. Les abonnés y prennent des places parce qu’ils ont envie de voir sept ou huit matches, sur les quinze de la phase classique. Mais comme tout est vendu à l’avance, ils sont obligés de s’abonner.  »

À Charleroi, où l’abonnement n’est pas encore entré dans les moeurs, le stade fait donc occasionnellement grise mine, même si l’affluence moyenne suit une courbe ascendante depuis l’arrivée de Felice Mazzù à la tête de l’équipe. En l’espace de cinq ans, les Zèbres ont gagné plus de 4.000 fidèles de moyenne à domicile. Tout cela malgré un football pas toujours flamboyant, qui avait un jour suscité cette remarque agacée d’un dirigeant du G5, battu par un Sporting réaliste :  » Avec le football que vous jouez, ça ne m’étonne pas que vous ne remplissiez pas votre stade.  »

Si la manière joue peut-être un rôle dans la lassitude d’un supporter moins présent depuis le passage en 2018, ce sont avant tout les résultats qui attirent le grand public dans les travées du Mambour. Maintenir l’enjeu jusqu’au bout des play-offs est donc capital, pour limiter le manque à gagner de la vente d’abonnements. Avec un final en apothéose dans le viseur.  » Si tout se joue à la fin, on aura peut-être un grand match sold-out pour terminer ? « , rêve-t-on déjà au sein du club. Le 20 mai prochain, pour l’ultime journée de la saison, c’est un certain Standard de Liège qui débarquera dans le Pays Noir…

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