Le pouvoir de l’argent

Anderlecht négocie donc, lui aussi, avec des investisseurs. C’est révélateur de la direction qu’emprunte le football. L’argent est au pouvoir à tous les niveaux, même quand c’est au détriment de l’âme d’un club. Le Bayern Munich, l’adversaire d’Anderlecht ce soir en Ligue des Champions, est un des rares clubs européens qui ne galvaudera jamais son identité. Le grand club bavarois se flatte de n’avoir jamais enrôlé de footballeur qui coûte plus de 50 millions et la direction estime que ça ne peut pas changer.

Les supporters s’associent au succès. Ils peuvent avoir leur idée sur certains développements étranges mais ce qui se passe sur le terrain reste déterminant à leurs yeux. C’est ce qui ressort du cas du Paris Saint-Germain. Depuis qu’elle aligne Neymar, l’équipe marque en moyenne quatre buts par match en Champions League et le Brésilien a le ballon à 102 reprises, en moyenne toujours.

Le département marketing tourne à plein régime. Il vend des maillots de Neymar partout, en Amérique du Sud, en Asie comme au Moyen-Orient. Sans l’argent du Qatar, rien n’eût été possible. Il faut noter que ce sont surtout des personnes exotiques qui s’intéressent au football moderne de haut niveau et y injectent de gros capitaux.

Anderlecht vit évidemment dans un autre monde. Il a toujours tenté de dégager une certaine grandeur et il est dirigé depuis 46 ans par la famille Vanden Stock. Le Parc Astrid est conscient du changement des rapports financiers et du fait qu’il ne joue plus qu’un rôle de figurant en Europe. Notre marché est beaucoup trop petit pour qu’un de ses représentants puisse être ambitieux sur le plan international. Faute de base large, il risque de rester petit, voire même de diminuer encore. Même si les droits TV ont augmenté, ce ne sont que des cacahuètes en comparaison avec certains autres pays.

On peut se demander si des investisseurs constituent une bouée de sauvetage. Ils ont souvent d’autres intérêts que le seul bien-être d’un club. La Belgique est un pays facile. Elle n’impose quasiment pas de limites de nationalités et les investisseurs peuvent aligner qui ils veulent, voire même se lancer dans des projets immobiliers.

Anderlecht doit déterminer si Paul Gheysens, peut-être avec Wouter Vandenhaute,est bien une piste, même si le promoteur n’est pas bien vu par tout le monde, suite aux discussions difficiles au sujet de l’Eurostade. Le richissime Russe Alisher Usmanov, actionnaire d’Arsenal, fait plutôt craindre qu’il ne case au Sporting les joueurs non-utilisés par le club londonien, dans l’espoir qu’ils y réussissent. Anderlecht prend le temps d’étudier toutes les pistes, a-t-il annoncé. Ça peut durer. Une chose est sûre : ce tournant sera une révolution. Sans un président chaleureux comme Roger Vanden Stock, qui n’apprécie guère l’évolution du football, le caractère familial du club risque de disparaître.

Kevin De Bruyne inscrit un but mondial pour Manchester City, Eden Hazard marque deux goals pour Chelsea, Radja Nainggolan occupe le rôle principal dans le derby romain. Chaque week-end, les superlatifs pleuvent sur les Diables Rouges. Il est grand temps qu’un sélectionneur mue ces talents en ensemble complémentaire. Ça requiert un grand professionnalisme.

Est-ce hors de portée de Roberto Martinez ? La question est encore plus insistante depuis les matches amicaux contre le Mexique et le Japon. Le prochain match, fin mars, probablement contre une grande nation, situera clairement les limites de cette équipe. Entre-temps, le nom de Michel Preud’homme revient de plus en plus fréquemment pour succéder à Martinez. Reste à voir si ça émeut les Diables Rouges, qui travaillent tous avec des ténors dans leurs clubs respectifs.

PAR JACQUES SYS

Sans un président chaleureux comme Roger Vanden Stock, le caractère familial du club risque de disparaître.

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