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Le calme de Roberto Martinez

Il y a deux semaines, Roberto Martinez a consacré trois heures de son temps à notre magazine. Il s’est promené dans les couloirs du Brussels Media Center, le coeur des magazines de Roularta. Il a distribué des autographes à ceux qui en demandaient et n’a pas ménagé son temps lors de la séance photos. Il s’est intéressé à l’élaboration de ce magazine et a regardé notre maquettiste Griet Peeters mettre en page un article sur un de ses anciens joueurs, Gareth Barry. Il a fait honneur à un délicieux plat de poisson préparé par nos excellents cuisiniers Erwin et Tom. Roberto Martinez est un homme du monde, un gentleman dépourvu de caprices et d’arrogance.

On ne pourra définitivement juger le travail du sélectionneur qu’à l’issue du Mondial russe. Naturellement, Roberto Martinez est empreint de confiance et il insiste sur les qualités exceptionnelles des Diables Rouges. Comme l’avait fait Marc Wilmots en 2014, avant la Coupe du Monde brésilienne et deux ans plus tard avant l’EURO français. La conclusion avait été décevante. Le pays s’était réveillé chaque fois avec la gueule de bois.

L’équipe a-t-elle accompli des progrès tangibles sous la direction de Martinez ? La concurrence était trop faible pour en juger. Les Diables Rouges dépendent moins de certains joueurs, l’équipe est plus équilibrée et des footballeurs qu’on n’attendait pas s’illustrent régulièrement. Mais cette formation ne développe pas toujours un jeu en rapport avec le talent qu’on lui prête. Il y a eu de belles combinaisons, plus que sous Wilmots, mais elles ont trop souvent été sans suite. Le match contre la Grèce en mars dernier a été en dessous de tout, de ce point de vue.

La quête de stabilité est le principal chantier de Roberto Martinez. Il l’avait annoncé dès son embauche : il fallait lier le jeu, tirer des lignes claires, cesser de faire des compromis. Clarté, discipline, ligne de conduite étaient ses mots-clefs. Il fallait apporter plus de vitesse et de profondeur, faire fonctionner ensemble les talents, surtout face à des adversaires de calibre. Et continuer à travailler la mentalité. Cette équipe a toujours du mal à rester concentrée pendant l’intégralité d’un match, même sous la direction de Martinez. Elle possède la classe, pas toujours la mentalité.

Plus loin dans nos pages, Roberto Martinez déclare qu’en possession du ballon, les Diables Rouges sont en état de faire mal à n’importe quelle équipe mais qu’ils devront travailler plus dur pour obtenir le ballon face à des équipes de haut niveau. Il fait allusion à son premier match (décevant) en Belgique, contre l’Espagne. On verra si l’équipe a progressé de ce point de vue quand elle disputera des confrontations de ce niveau.

Le bilan actuel de Roberto Martinez est bon : 28 points sur 30. Mais celui de Marc Wilmots était bon aussi. Les Diables Rouges avaient même été n°1 au classement FIFA, un moment donné. L’Espagnol a amené un grand calme. Il n’est pas un maniaque du contrôle qui se mêle de tout, il laisse les gens faire leur travail, chacun dans leur domaine.

Quelqu’un s’en souviendrait-il ? Il y a un an, l’Antwerp a engagé John Bico au poste de manager sportif. Nul n’avait trouvé trace de la moindre stratégie et le flux des réactions avait place le CEO Patrick Decuyper dans une situation difficile. Il avait repris David Gevaert, un entraîneur qu’il avait limogé. Le désespoir était total.

Il y a un an aussi, Waasland Beveren avait limogé le passionné Stijn Vreven. C’était le cinquième changement d’entraîneur en division 1A. La gestion du Freethiel était pitoyable : 15 transferts entrants, 19 sortants, 22 nouveaux et 18 partants la saison précédente, 64 transferts en l’espace d’un an. Quelle vision le club avait-il ? Tout peut décidément changer très vite en football.

PAR JACQUES SYS

On ne pourra établir le bulletin de Roberto Martinez qu’à l’issue du Mondial.

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