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« Il est petit, pas très imposant mais il est très tenace »

10 juillet 2018, 15 h. Alors que le Mondial bat son plein, les fans d’Arsenal peuvent enfin exulter : les performances du jeune Lucas Torreira avec la Céleste ne font que confirmer les attentes portées sur ce joueur.

Retour en arrière, quelques jours auparavant à 11.000 kilomètres de là. Il est 17h45 en ce 30 juin 2018, le soleil se couche sur Fray Bentos, ville portuaire d’Uruguay. Dans les rues de la capitale du département de Rio Negro cependant, la nuit ne fait que commencer. La Céleste vient d’éliminer le Portugal en huitième de finale de Coupe du Monde, grâce à un doublé de son avant-centre Edinson Cavani. Pourtant, dans les bars du centre, on ne parle que d’un seul homme: Lucas Torreira.

Issu du quartier, le nouveau milieu de terrain des Gunners a grandi avec les couleurs du 18 de Julio, le club de la ville. À l’âge de 17 ans, il décide de prendre son envol et rejoint la capitale, Montevideo. Avec les équipes d’âge des Wanderers, le jeune Lucas se fait remarquer et attire des clubs italiens. C’est finalement le Delfino Pescara qui remporte la mise. Fraîchement débarqué sur le territoire européen, le jeune Lucas prend rapidement ses marques en Serie B. Après à peine cinq rencontres dans cette compétition, cette saison-là, il obtient un transfert pour la Sampdoria de Gênes, tout en restant encore une année supplémentaire en prêt dans l’antichambre du Calcio.

 » Le club m’a demandé de le tenir à l’oeil en me disant : s’il n’est pas bon, nous le renverrons en Uruguay  » commente à La Repubblica Massimo Oddo, entraîneur du Delfino Pescara à l’époque.

 » J’ai vu en lui une intelligence de jeu, de la personnalité et, par-dessus tout, une énorme force physique. Je lui ai suggéré de jouer comme milieu défensif au lieu d’être meneur de jeu. Ce fut un coup dans le mille et je l’ai alors directement intégré à la Première.  »

Oscar Tabarez sous le charme

En 2016, Torreira goûte aux joies de la première division italienne. Une nouvelle fois, son adaptation au jeu prôné par Marco Giampaolo se fait rapidement.  » Si Torreira faisait 180 centimètres, il coûterait déjà 100 millions d’euros et serait considéré comme un des meilleurs médians du monde  » annonçait déjà fièrement son entraîneur à la Sampdoria au Corriere dello Sport.

Avant d’ajouter :  » Il peut jouer court ou long, récupérer des ballons, reconstruire le jeu et semble toujours savoir où le ballon se trouvera. Il ira dans un grand club qui ne se préoccupera pas de sa taille.  »

Il est bon manieur de ballon et redouble de courage. Il a un impact certain sur la mentalité.  » – Gary Neville

Ses prestations en Serie A italienne impressionnent les observateurs du football mondial et en particulier l’entraîneur de la sélection uruguayenne, Oscar Tabarez. Le 4 mars 2018, ce dernier le reprend pour la China Cup, à quelques mois seulement de la Coupe du monde en Russie.

Avec la Céleste, Torreira ne dispose encore d’aucun statut. Le jeune milieu de terrain de la Sampdoria doit faire ses preuves et dispose de 40 minutes de jeu lors des deux matchs disputés par l’Uruguay dans cette compétition.

Ayant convaincu le sélectionneur national sur ces quelques bribes disputées en Chine, Torreira obtient son billet pour la Russie. Régulièrement sur le banc lors de la préparation, le garçon s’impose finalement dans le onze de la sélection uruguayenne.

Comme à son habitude, une fois en place, le jeune prodige ne bouge plus et s’installe dans le onze de son équipe nationale, lui apportant cette fameuse  » garra charrua  » uruguayenne, l’équivalent de la grinta italienne.

La Coupe du monde comme vitrine

Dans l’entrejeu, Torreira rayonne, aussi bien à la récupération qu’à la construction du jeu. Le parcours de l’Uruguay jusqu’en quart de finale lui vaut d’être mis sur le devant de la scène. Le jeune Lucas attise les convoitises. Au final, c’est plus de 36 kilomètres parcourus en 304 minutes disputées. Un véritable poumon à crampons…

Après cette campagne réussie, Torreira veut changer d’horizon et prend alors la direction de Londres pour retrouver l’Arsenal du nouveau coach, Unay Emery. L’entraîneur en a fait une de ses priorités pour ce mercato estival.

 » Avec lui, nous avons signé un très grand talent. Lucas est un milieu de terrain avec de grandes qualités. Personnellement, j’ai adoré regarder ses matchs avec la Sampdoria ces deux dernières saisons, sans compter qu’il a excellé avec l’Uruguay au Mondial. C’est un jeune joueur qui a déjà de l’expérience et qui va encore grandir  » se réjouissait fièrement l’ancien entraîneur du PSG sur le site internet du club londonien.

Pourtant, c’est sur le banc que Torreira débute à l’Emirates Stadium. Et les résultats s’en ressentent : trois victoires et deux défaites sur les cinq premières rencontres de Premier League pour des Gunners qui laissent déjà les prétendants au titre s’échapper.

Après cette période d’acclimatation, l’Uruguayen ne bougera plus de l’équipe de base des Londoniens. S’ensuit alors une période de onze matchs sans défaite en championnat. Arsenal semble retrouver des couleurs avec un Torreira au four et au moulin.

Un impact sur la mentalité

 » Il est petit, pas très imposant mais il est très tenace. Il sait s’infiltrer dans le rectangle adverse et il a notamment inscrit des buts face à Tottenham et Huddersfield. Il est bon manieur de ballon et redouble de courage. Il a un impact certain sur la mentalité  » analysait Gary Neville dans le Monday Night Football, une émission renommée en début de semaine outre-Manche.

Après des débuts aussi prometteurs sous le maillot des rouge et blanc, Torreira sait qu’il devra confirmer dans les mois à venir, dans un club où Guendouzi ou Xhaka sont de redoutables concurrents. Mais une chose est sûre : Torreira s’est déjà bien mis à l’heure londonienne.

Romain Goffin

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