L’hégémonie des All Blacks devient monotone

La suprématie de l’équipe néo-zélandaise de rugby est malsaine et présente une menace pour le développement mondial du sport.

Mi-septembre, le monde du rugby a été stupéfait : les All Blacks ont balayé les Springboks sud-africains, champions du monde en 1995 et en 2007, sur le score de 57-0, à Auckland. Les Kiwis sont restés invaincus durant le Rugby Championship, une compétition internationale entre l’Argentine, l’Afrique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande qu’ils remportent pour la cinquième fois en six éditions..  » Une équipe qui domine toutes les autres, ce n’est jamais bon pour un sport « , a déclaré Graham Henry, l’entraîneur qui a conduit les All Blacks au titre mondial en 2011 et a travaillé quelques années en Argentine.

L’adjoint d’Henry, Steve Hansen, a pris la relève et quatre ans plus tard, a conduit l’équipe à un deuxième succès mondial d’affilée, en Grande-Bretagne. Les deux années suivantes, elle n’a perdu que deux parties : un match d’exhibition contre l’Irlande à Chicago et un match amical contre une équipe mixte anglo-irlandaise, après avoir joué plus de la moitié de la rencontre avec un homme en moins, à cause d’une suspension.

La Nouvelle-Zélande est une des meilleures équipes de rugby, une des plus renommées aussi, depuis plus de cent ans, mais elle n’avait jamais été invincible, au contraire. À l’issue de son premier sacre mondial, lors de la première édition en 1987, l’équipe a dominé les matches internationaux de préparation mais de 1991 à 2007, elle a échoué, le titre revenant à des outsiders : l’Australie et l’Afrique du Sud à deux reprises, l’Angleterre une fois. Aux Mondiaux 2011 et 2015, en revanche, les All Blacks sont restés invaincus pendant 14 matches tout en obtenant un goal-average inédit de 591-168.

 » La plupart des grandes compétitions ont introduit un salary cap ou une limitation du nombre de joueurs étrangers pour empêcher un gouffre de se creuser entre les équipes mais c’est impossible pour les équipes nationales « , explique Henry, qui relève toutefois des failles chez les Kiwis.  » Le match d’Auckland est un véritable blâme pour l’Afrique du Sud mais au Cap, les All Blacks ne se sont imposés qu’avec un point d’avance. Ils ne dominent pas tous les matches mais ils ont l’art d’exploiter la moindre erreur adverse. Les autres en sont encore incapables mais la différence n’est pas insurmontable.  »

L’entraîneur néo-zélandais attend beaucoup de l’Afrique du Sud et de l’Australie, deux pays qui ont une véritable culture du rugby, de la France, toujours dangereuse au Mondial, et de l’Angleterre, qui n’a perdu qu’un match sur vingt depuis l’embauche de l’Australien Eddie Jones en novembre 2015 et qui a dominé le tournoi des Six-Nations en 2016 comme cette année.  » Heureusement car autrement, le Mondial 2019 et le rugby des prochaines années sera prévisible et ennuyeux.  »

CHRIS TETAERT

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