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L’envol des Super Eagles

Gand a surpris le Club Bruges grâce à son démarrage et a pris six points sur six. Suite de la course-poursuite du TGV gantois : Sclessin.

À la mi-mars, Moses Simon – officiellement âgé de 22 ans – a mis le cap sur le Nigeria, avec un match et demi dans les jambes et plutôt contre le gré de son club. L’international s’était blessé aux ligaments de la cheville pendant le stage de janvier et avait ainsi loupé deux mois importants avant les PO1. Il a retrouvé les terrains peu avant le terme du championnat régulier.

Il est brièvement entré au jeu contre Ostende, un match perdu 2-3 par Gand, et a été titularisé contre Genk, un match remporté 1-2. Ensuite, Simon a rejoint le Nigeria, où il s’est moins entraîné que prévu. Des terrains trop petits, la crainte de blessures, les excuses n’ont pas manqué et, quoi qu’il en soit, le staff n’a pas été heureux de l’apprendre. Qu’est-ce que ça allait donner en PO1, avec dix matches sur le fil du rasoir ?

Les Buffalos sont rassurés depuis dimanche soir. Moses Simon est de nouveau en forme. Il avait déjà été bon contre Anderlecht et il a répété cette prestation pendant vingt à trente minutes contre le Club Bruges. Des dribbles dangereux, de la vitesse, de l’imprévisibilité. Il a déstabilisé la défense brugeois. Cools a failli, Mitrovic a tremblé et le Club a pu s’estimer heureux que ses trois centres n’aboutissent qu’à un seul but. Ensuite, Bruges a retrouvé son équilibre.

Les deux font la paire

Simon est-il vraiment de retour ? Ça demande confirmation car le Nigérian, le seul du trio titulaire à Gand (avec Esiti et Kalu) à être international, affiche régulièrement son talent mais n’est pas efficace sur le long terme. Il a débarqué dans notre championnat en janvier 2015. Le Club avait déjà été battu à la Ghelamco Arena (2-1) et Simon l’avait déjà tourmenté du flanc gauche. Six buts et quatre assists en quelques semaines lui ont valu une grosse réputation et ont placé les Buffalos sur les rails du titre, même si le joueur n’a plus été aussi décisif dans les play-offs.

Le 4-3-3 de Vanderhaeghe convient à merveille à Simon et Kalu.

La suite a été moins brillante. Hein Vanhaezebrouck l’a posté dans le dos de l’avant-centre mais le Nigérian a trop souvent émigré sur le flanc, s’emmêlant les pinceaux avec le médian latéral. Simon s’est effacé, lentement mais sûrement. Y compris dans les statistiques. Il n’a marqué que deux buts et délivré deux assists en championnat régulier durant sa première saison complète, il est resté à trois buts et quatre assists l’exercice suivant. Il a parfois fait banquette. D’un coup, l’homme à vingt millions, voire plus, était surchargé de consignes tactiques qu’il était incapable d’appliquer. Il était toujours aussi rapide mais sans vista.

Il y a un an et demi, un deuxième Simon s’est présenté à Gand. Samuel Kalu. Officiellement âgé de vingt ans mais aussi spectaculairement adulte que son compatriote. Ses débuts ont été aussi remarqués : deux buts et trois assists de janvier à début mars. Aussi vif, aussi menaçant mais de la droite. Ses stats en PO1 ont été encore meilleures que celles de Simon un an auparavant : un but, quatre assists. Il était et allait rester plus présent dans les statistiques. Mais avec une rechute durant sa première saison complète, comme Simon.

Un moins bon début, trop de tâches dont il avait du mal à s’acquitter et un détour par le banc, suite aux difficiles premières semaines. Plus de Kalu contre Anderlecht, Genk ni Ostende cette saison, puis de maigres entrées au jeu d’une demi-heure, un quart d’heure, vingt minutes. Victime du système ou simplement de lui-même. Comme les Theo Bongonda et les Anthony Limbombe de ce monde : les ailiers rapides sont souvent instables, pas toujours disciplinés ni concentrés. Gand va avoir un autre exemplaire du genre la saison prochaine, en la personne de Stallone Limbombe.

Nana Asare, l’autre Black Star

À la mi-octobre, dès qu’ Yves Vanderhaeghe a pris place sur le banc, contre Waasland- Beveren, il a réanimé ses ailiers nigérians. Ce soir-là, Moses Simon a délivré son premier assist de la saison et Kalu, entré au jeu, a inscrit deux buts -ses deuxième et troisième de la saison. Les deux hommes ont fait la différence. Deux semaines plus tard, Kalu était titulaire et il éclatait après la trêve hivernale : cinq assists et deux buts en sept parties. Sur le plan statistique, il apporte davantage à Gand que Simon, plus coté. Après 129 matches sous le maillot des Buffalos, il en est à 20 buts et 17 assists alors qu’en 49 rencontres, Kalu compte déjà 10 buts et 16 assists.

Leur atout : le 4-3-3 de Vanderhaeghe leur convient mieux que le 3-4-2-1 prôné par Vanhaezebrouck. À une nuance près : Simon, qui a travaillé plus longtemps avec l’actuel coach d’Anderlecht, a acquis des réflexes défensifs et est plus avancé sur le plan tactique. En perte de balle, il harcèle l’adversaire et se replie alors que Kalu, qui n’a vécu que les derniers moments de Hein, a encore des progrès à accomplir. C’est notamment pour ça que son éclosion en janvier est liée au retour dans l’équipe de Thomas Foket, rétabli de ses problèmes cardiaques. Une fois le Bruxellois redevenu une valeur sûre, Dylan Bronn a rejoint l’axe et Gand a retrouvé plus de stabilité défensive, ce qui a permis à Kalu de se consacrer à l’offensive.

Gand dispose donc de ses deux ailes. Pour combien de temps ? Ça dépendra de la fraîcheur de Simon, après sa blessure. Et de la force mentale des deux joueurs. En interne, on a longtemps espéré qu’Anderson Esiti, qui n’a que 23 ans, devienne le leader naturel du trio. Il y parvient parfois, comme à Anderlecht, mais le jeu requiert encore trop sa concentration pour qu’il puisse vraiment diriger ses comparses. Ça a été si pénible contre le Club que Vanderhaeghe a dû le remplacer à l’heure. Brecht Dejaegere, meilleur tactiquement, a dû rendre de l’équilibre à l’équipe. De facto, c’est le capitaine ghanéen Nana Asare, qui force le respect par ses états de service à Gand, qui dirige les Nigérians.

De but en banc

S’ils poursuivent tous sur leur lancée, Gand aura trois bons triangles sur le terrain dans les prochaines semaines. En défense le trio Gigot-Bronn- Kalinic, qui est le gardien le moins passé de D1A. Dans l’entrejeu, le triangle Dejaegere- Verstraete-Esiti et devant la paire Simon-Kalu avec Rangelo Janga, qui conserve bien le ballon ou Roman Yaremchuk, doté de plus de sens du but.

Sans oublier un banc très solide – l’international japonais Yuya Kubo n’a même pas joué dimanche et il était entré en fin de match à Anderlecht -. Dimanche, Kubo, huit buts cette saison, était sur le banc à côté de Yaremchuk, le meilleur buteur gantois avec dix goals. C’est dire l’opulence de Gand, qui n’a pas encore renoncé au titre.

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