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L’âge du bronze avant l’âge d’or ?

Une médaille de bronze, et encore plus de confiance et de solidarité. C’est ce que les Belges ont ramené à Bruxelles. Ici en Russie, c’était le bronze, mais dans deux ans, ils pourront (devront) placer la barre encore plus haut.

The summer of love (for football) : c’est ainsi que les Anglais ont décrit leur tournoi, qui s’est terminé par une défaite contre la Belgique. Comme lors du match de poule. Les Anglais ont joué sept matches en Russie, ils en ont perdu trois et ont concédé un partage (transformé en victoire après les tirs au but). Ils possèdent en Harry Kane le meilleur buteur du tournoi, mais en fait, ils n’ont bien joué que dans les deux premiers matches de poule. Leur prestation contre la Suède, en quart de finale, était honnête, sans plus.

Si les Anglais estiment que la prestation de leur équipe nationale a été satisfaisante, c’est qu’ils ne sont pas encore tout à fait remis des couacs enregistrés au Brésil – un petit point seulement et bye bye après la phase de poule – et en France (élimination en huitièmes de finale face aux surprenants Islandais). Ils avaient alors subi un véritable traumatisme.

Depuis lors, ils ont travaillé en profondeur, les U17 et les U20 ont obtenu de bons résultats, et l’espoir est revenu. De là à devenir euphoriques, il y a toutefois un pas. Le jeu développé par les hommes de Gareth Southgate en Russie a rarement été enthousiasmant.

Le coach anglais ne s’est pas dissimulé derrière l’excuse d’une trop longue saison, et c’est tout à son honneur. Les mauvais résultats du passé n’étaient pas liés à un manque de fraîcheur physique, selon lui. Plutôt à un manque de qualité. Dans deux ans, ils seront plus forts.

Le plein de confiance

Cela symbolise le développement de l’équipe nationale belge : nous commençons à trouver une victoire contre l’Angleterre comme ‘normale’. Logique, vu la différence de qualité entre les deux pays. Pourtant, ce n’est pas logique : dans l’histoire de l’équipe nationale, ce n’était encore arrivé qu’une seule fois en match officiel, avant ce tournoi. Et il faut remonter à la préhistoire du football européen, le 9 mai 1936, pour en trouver trace. Avant ce tournoi, 22 autres duels avaient été perdus.

C’est, avec le succès contre le Brésil, la plus grande victoire de cette génération en Russie : elle a chassé ce doute éternel, elle est désormais convaincue qu’elle peut aussi gagner contre de grandes nations. A la question de savoir ce que ce tournoi lui avait apporté, Jan Vertonghen a répondu :  » Encore plus de confiance.  » Et Simon Mignolet :  » Que cette crainte des grands pays n’a désormais plus lieu d’être.  » On peut désormais penser à l’EURO. Avec, majoritairement, le même groupe ?

Toby Alderweireld :  » Pour ce groupe, le Championnat d’Europe est encore envisageable. La Coupe du monde, pour certains, s’annonce un peu plus compliquée. Mais d’ici là, il y aura moyen d’intégrer d’autres garçons. Vincent Kompany était déjà là à 16 ans.  » Vertonghen confirme :  » Je ne peux pas parler pour d’autres, mais lorsque je regarde autour de moi, je n’en vois pas beaucoup qui parlent déjà de raccrocher.  »

Roberto Martínez non plus, affirme le chef de délégation Bart Verhaeghe.  » Nous avons un contrat et de bonnes bases ont été construites ici. Nous essaierons de poursuivre dans cette voie. Je ne me fais pas de soucis au cas où des sollicitations devraient arriver. Roberto est un homme loyal.  »

Une valeur extrasportive

Un esprit de groupe encore renforcé, une flexibilité tactique, de la maturité. L’équipe que Roberto Martínez a alignée samedi à Saint-Pétersbourg avait une moyenne d’âge de 27,8 ans. Dans deux ans, lors du prochain grand tournoi, cette moyenne ne sera pas encore trop élevée, même si le coach entend introduire du sang frais, pour apporter de la concurrence à la hiérarchie actuelle. D’où son choix, samedi, pour Youri Tielemans (21 ans).

 » Ici, tout était fait en fonction du groupe « , explique Martínez.  » Personne n’a évoqué un possible transfert ou son intérêt personnel. Cela ne signifie pas que personne n’y pensait dans un coin de sa tête, car pendant une année de Coupe du monde, les transferts s’effectuent généralement très tard et le momentum joue un rôle.  »

Eden Hazard (27 ans) a joué un grand tournoi et a été élu homme du match dans trois rencontres sur six – c’était encore le cas samedi contre l’Angleterre. Il voulait montrer quelque chose au pays, après un EURO qui, à l’exception du match contre la Hongrie, avait tout de même été décevant pour lui. Mais il voulait aussi forcer quelque chose. Personne ne viendra le chercher à Chelsea sur base de son profil marketing. Sur base d’une bonne Coupe du monde, oui.

Ce tournoi a donc eu, pour tout le monde, sa valeur extrasportive. Thomas Meunier (26 ans) a pu montrer qu’il pouvait parfaitement assurer la succession de Dani Alves comme arrière latéral droit, avec plus de potentiel offensif qui plus est. Après une année compliquée dans un vestiaire compliqué, il a pu montrer qu’il avait progressé sur le plan défensif (contre le Brésil) et sur le plan offensif.

Vincent Kompany (32 ans) a obtenu une nouvelle victoire contre son corps et a été récompensé pour des mois de travail dans l’ombre, en salle de fitness. Il a grandi de façon phénoménale durant le tournoi. Alderweireld (29 ans) a aussi déposé a carte de visite : celle, peut-être, de l’un des meilleurs défenseurs de la Coupe du monde.

Nouvelle chance en 2020

Et la liste est longue : Thibaut Courtois (26 ans) a été fidèle au rendez-vous, Nacer Chadli (28 ans) s’est montré contre le Japon, le Brésil, la France et l’Angleterre, Axel Witsel (29 ans) aussi. Si quelqu’un doutait encore qu’il avait le niveau pour revenir en Europe, il a apporté une réponse cinglante. A suivre.

Pour deux hommes, le match de samedi a été celui de trop. Romelu Lukaku (25 ans) a bien joué, jusqu’à la dernière semaine. Avant le match contre l’Angleterre, il a demandé à quelqu’un dans l’hôtel des joueurs : touche ma tête, as-tu l’impression que j’ai de la fièvre ? Un peu malade et fatigué – le match de samedi était son 67e de la saison – il n’a pas pu se dépêtrer du marquage de John Stones. Déçu, il s’est vite réfugié sous la douche.

Il manquait aussi à Kevin De Bruyne (27 ans), qui disputait son 69e match de la saison, ce petit surplus d’énergie. De Bruyne a été aligné dans différentes positions durant le tournoi : très bas dans des matches où la Belgique avait beaucoup le ballon – Panama, la Tunisie, le Japon – et plus haut dans les matches difficiles. L’équipe a toujours compté sur son intelligence, son sens de la passe, ses courses.

Dans un match, il a cependant perdu beaucoup de ballons : contre la France, lorsque trop peu de solutions s’offraient à lui sur le flanc droit et que personne ne s’infiltrait sur le flanc gauche. Ce jour-là, il n’a pas pu jouer son jeu. Dans les autres matches, il a disputé un tournoi remarquable. Il a marqué contre le Brésil, a délivré des assists contre Panama et l’Angleterre, et quelques pré-assists lors de superbes contres.

Les vacances vont être courtes. Dimanche, ils ont tous sacrifié un jour pour remercier le public. Un public qui les a surtout encouragés au pays, et pas en Russie. Ils l’ont tous un peu regretté…

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