Je rêvais d’un autre monde

Le monde va mal. Les deux constipés du coeur et du cerveau continuent de muscler leur débilité au risque de faire péter la planète. Le reste du monde regarde et laisse faire. D’ailleurs, pas besoin de missiles nord-coréens pour dévaster les États-Unis. Le dérèglement climatique s’en charge. L’ouragan du quotidien et les vies de chien qu’ils dévoilent nous brûlent les yeux mais l’affaire du siècle, c’est l’affaire CavaniNeymar.

Deux mecs qui, en direct, ont envie de tirer un péno. Ils se parlent sans élever la voix ni faire de grand geste. Juste de la frustration chez le plus jeune. Et ça devient le  » Penaltygate « . C’est vrai que ce  » non-événement  » est aussi important que le Watergate. Comparer cinq secondes d’un petit désaccord réglé dans le calme et la dignité avec deux ans d’enquête de grands journalistes dont le travail a changé la face de l’Amérique et donc du monde ? Faut arrêter.

Pfff… Voilà que je me prends la tête avec une connerie. Faut que je me calme. Surtout que je suis pas le dernier à jouer avec le surréalisme. Mais bon, au risque de vous surprendre, je suis allé à l’école. Jamais doublé en plus. Et puis, je me suis même inscrit à l’unif. Comme élève libre hein, faut pas exagérer. En journalisme. Si, si. Je me rappelle que la première chose qui m’a fait tilter, ce sont les premières paroles du prof lors du premier cours :  » Le plus important, c’est le titre et la première phrase. Si vous voulez qu’on vous lise, faut appâter le lecteur.  » Il a ajouté :  » Mais bon, faut aussi avoir des choses à dire derrière « …

Y en a un qui a l’accroche et le contenu : Kylian Mbappé. Celui-là vous me le servez bien frappé. Ce mec est un puncheur. Il est le roi du KO. Mais des KO’s techniques. Il esquive, il provoque, il épuise, il touche toujours au bon endroit.  » Bouge comme le papillon, pique comme l’abeille « , disait le plus grand : Mohamed Ali. Mbappé n’est pas encore The Greatest mais il applique déjà cette vérité. Tout ça avec une pureté encore juvénile. Pas pollué pour un sou le gamin. Et Dieu sait s’il en touche déjà beaucoup. Mais il a été bien éduqué. Et bien protégé. L’éducation ! Y a que ça qui peut sauver le monde.

Nicolas Frutos a l’air, lui aussi, bien élevé. Frutos est déjà pressé avant d’être mûr. Cueilli à froid et mis directement en tête de rayon.  » Tu as quatre matches pour prouver que tu es l’homme de la situation.  » Mais c’est quoi cette mascarade ? Quatre matches et deux semaines pour redonner un sens à l’honneur d’un grand club et le jeu qui va avec. Le message derrière l’enfumage, c’est : tu occupes la place pendant qu’on s’occupe de Hein. Tu en seras récompensé.

Notez, y a des Maîtres à qui tout le monde voudrait faire signer un CDI mais qui ont fait de leur destin des CDD dorés. Marcelo Bielsa en est la quintessence. Un homme de principes. De vie et de jeu. Un indispensable qui ne veut pas l’être. La référence ultime de nos références actuelles. Guardiola, Pochettino et tous les autres ne jurent que par lui. Comme lui, ils veulent que l’ordinaire (les résultats) passe par l’extraordinaire (la manière).

Eux ont l’argent et les joueurs qui vont avec. Lui a l’utopie de vouloir y arriver avec de simples footballeurs. Garant qu’il est d’un idéal qui se traduit dans nos rêves de pureté footballistique. Et pourtant, son précepte numéro 1, c’est courir. Encore et toujours. Plus vite et plus longtemps que les autres. Une forme d’anarchie classieuse. C’est un révolutionnaire universitaire. Son cursus n’a pas pour but de faire des diplômés. Son ambition est de faire aimer l’objet de son obsession. Le football tel qu’il le rêve éveillé.

Mais le problème des génies, c’est de se faire comprendre par le commun des mortels. Et encore, comprendre est une chose, appliquer en est une autre. Espérons que Lille ne le renvoie pas sur son île où, seul, il ne pourra, de nouveau, que rêver d’un autre monde. Le sien.

Par Frédéric Waseige

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