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Igor Plastun

Gand

NOTRE BIÈRE

IGOR PLASTUN (28 ans) :  » Je sens quand j’arrive près de ma maison. J’ai grandi à Obolon, un district au nord de Kiev. L’endroit est réputé pour sa brasserie. Elle répand une odeur spécifique. Petit, quand je m’éveillais, c’était la première odeur dont je prenais conscience. La fabrique de bière sponsorise le club de football local. C’est là que j’ai effectué mes débuts au plus haut niveau.  »

MES TRAJETS EN BUS

 » Ma mère ne travaillait pas pendant mon enfance. Mon père est chauffeur de bus à Kiev depuis 35 ans. Gamin, je pouvais de temps en temps l’accompagner l’espace d’une journée. J’adorais ça. Après, je jouais au chauffeur de bus à la maison.

De temps à autre, mon père avait des problèmes au travail. Avec mon frère, on le remarquait. Normalement, ma mère nous accompagnait toujours en trolley à l’entraînement mais quand j’ai eu neuf ans, elle nous a parfois laissés seuls car il n’y avait pas assez d’argent pour trois billets. Je n’étais pas encore conscient des difficultés que rencontraient mes parents car mon frère et moi n’avions besoin que d’eau et d’un fruit pour passer la journée.

On jouait au ballon en rue pendant des heures. Les autres jouets étaient juste bons pour les filles, selon nous. Seule une console nous intéressait : la Sega Mega Drive. Un des garçons de notre bande en possédait une et, de temps en temps, on pouvait jouer à FIFA 98 chez lui. On jouait chacun à notre tour : deux garçons aux manettes, les huit autres en train de les regarder.  »

NOTRE HÉROS

 » Ici, quand on demande à quelqu’un de citer un Ukrainien, il répond toujours : Andreï Shevchenko. À la maison, on pouvait suivre les matches de Serie A à la télévision. Sheva jouait alors à l’AC Milan. On imitait ses sprints en rue.  »

MES CONSEILS TOURISTIQUES

 » Si vous venez en Ukraine, je vous ferai visiter Kiev et je vous montrerai de chouettes coins le long du Dniepr, le fleuve qui traverse la capitale. Je vous emmènerai aussi à la place de l’Indépendance ( Maïdan, ndlr), là où beaucoup de protestations politiques débutent. Mais ce sont surtout les riches qui vivent à Kiev. La capitale est le décor des politiciens. Pour voir la véritable Ukraine, il faut aller au nord. Vous y verrez nos mauvaises routes et nos bâtiments déglingués. Là, on ne répare jamais les buildings qui tombent en ruine. On ne les rafistole même pas. L’Estonie et la Lettonie, qui faisaient partie du même pays que nous, l’URSS, il y a trente ans, réparent tout. Je ne comprends pas. Nous payons autant d’impôts, pourtant. Je pense que beaucoup de gens en Ukraine se moquent bien que nos immeubles aient si piètre allure. Malgré tous ses problèmes, je reste fier de mon pays et surtout de mon peuple. Les Ukrainiens sont très forts. La vie n’est pas facile dans notre pays. Salaires et pensions sont peu élevés mais ça n’empêche pas les gens de rire.  »

NOS VOISINS

 » J’habite à Heusden. Je peux y capter la télévision russe comme l’ukrainienne. Une chaîne noircit l’Ukraine, l’autre accuse la Russie de tous les maux. Je trouve ça triste car il y a cinq ans, Russes et Ukrainiens étaient encore des frères. Comment peut-on en arriver là ? Ce sont des petits jeux politiques mais qui coûtent la vie à des tas de gens. Au début, je suivais la situation de près mais les télévisions ne cessent d’annoncer des nouvelles négatives jour après jour et, à la longue, j’en ai marre.  »

CE QUI EST BIZARRE EN BELGIQUE

 » Beaucoup de gens vivent dans une maison, en Belgique, alors qu’en Ukraine, la plupart des gens habitent un appartement. Même les riches n’occupent pas nécessairement une maison. Heureusement : l’Ukraine compte 45 millions d’habitants. S’ils voulaient tous une maison, le pays serait complètement bâti. Ici à Heusden, j’ai découvert la vie dans une maison et j’apprécie l’espace qu’elle me procure, de même que le jardin, surtout pour mes deux enfants. Alors, il se pourrait que je veuille acheter une maison en Ukraine plus tard.  »

ORIGINE: UKRAINE

– Où on ne répare pas les buildings qui se déglinguent.

– Où les enfants imitaient Sheva en rue.

– Où les relations avec les frères russes sont devenues difficiles.

– Où presque tout le monde vit en appartement.

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