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Hernan Losada

Beerschot Wilrijk

MES CHAUSSURES

HERNAN LOSADA (35 ans) :  » Un type armé d’un pistolet m’a surpris alors que j’étais à vélo devant ma porte. – Donne-moi tes chaussures, a-t-il ordonné. Je me suis exécuté calmement. Notre maison était située à Barracas, un quartier familial et paisible au sud de Buenos Aires. Mais Villa 21 n’était pas loin. En argentin, Villa désigne les favelas. Le soir, il fallait donc être sur ses gardes à Barracas. Maintenant, quand j’y retourne, je suis à l’aise car tout le monde me connaît. Mon coéquipier Mohamed Messoudi m’y a rendu visite l’année dernière et ça s’est passé sans problème. Il a participé à un barbecue avec dix de mes copains, tout près de la maison familiale. Ensuite, on a joué au poker et beaucoup rigolé. Les Argentins ont une vie sociale différente des Belges. Quand mes amis ont appris que je recevais un visiteur de Belgique, ils ont immédiatement proposé de l’emmener visiter le pays. Les Argentins sont très ouverts. Tout se passe en dernière minute, chez nous, spontanément, alors qu’en Belgique, on programme tout. En Argentine, on se téléphone : – Tu fais quelque chose dans deux heures ? Non ? Alors on fait un barbecue. « 

NOS ANCÊTRES

 » Puerto Madero est un endroit bien connu à Buenos Aires. C’est un peu comme Het Eilandje à Anvers. C’est là qu’on trouve les appartements les plus chers, avec une vue superbe sur l’eau. Il y a d’excellents restaurants qui servent de succulents plats de viande. Palermo est aussi un chouette quartier au style bohème, avec beaucoup de boutiques. San Telmo est plutôt ancien. Les gens y dansent le tango en rue. Enfin, Caminito, une partie du quartier La Boca, est très particulier avec son style italien, soigneusement entretenu, et ses maisons de toutes les couleurs.

Tous les Argentins ont des ancêtres italiens ou espagnols. Mon père a découvert que son grand-père était originaire de Gênes et il est parvenu à le prouver. Du coup, il a pu demander la nationalité italienne, comme moi. Mon passeport italien est intéressant pour jouer en Europe. Je me sens chez moi en Italie. J’y retrouve notre caractère : on parle à voix haute, avec passion, pas seulement à propos du football. La nourriture suscite les mêmes émotions. On adore manger des pâtes le dimanche, avec toute la famille.  »

MA MAISON

 » Je possède un appartement à Buenos Aires et une maison à Cordoba, au centre du pays, à onze heures de route de la capitale. Avant, mes parents emmenaient souvent mon frère et moi passer les vacances à Cordoba. Ils y ont ensuite acheté un bed-and-breakfast. Cordoba est parfait en été, quand c’est en fait l’hiver ici. Beaucoup de gens fuient alors Buenos Aires : l’été, le mercure monte facilement à 37 degrés et on ne peut rien faire. Cordoba est entouré de superbes endroits, de montagnes, de rivières, de chutes d’eau et de lacs où on peut nager, à moins qu’on ne veuille profiter des chevaux.  »

NOTRE HEROS

 » Je n’ai connu que la dernière période de Diego Maradona et ce n’était pas précisément sa meilleure. Donc, pour moi, Lionel Messi est le meilleur footballeur argentin de l’histoire. Il s’illustre dans le football contemporain, qui se joue à un rythme plus élevé que du temps de Maradona. Le jeu est moins évident sur le plan physique aussi : on est souvent tenu par des bêtes. C’était plus amateur avant. Au PSV, Romario pouvait faire la différence même s’il était sorti la veille du match. D’un autre côté, les footballeurs sont mieux protégés maintenant, grâce à l’énorme attention médiatique et aux 50 caméras présentes autour du terrain. Maradona a encaissé des coups qui auraient mérité une carte rouge et une suspension de dix journées mais on sifflait rarement ces fautes.  »

NOTRE ECONOMIE

 » Mes amis travaillent d’arrache-pied en Argentine et leur vie s’améliore. L’Argentine possède une terre très riche. C’est une façon de parler mais jetez votre GSM à terre et une plante va pousser. Donc, en Argentine, on a coutume de dire que si vous n’avez pas une vie agréable, c’est parce que vous ne voulez pas travailler. Vous ne trouverez peut-être pas l’emploi de vos rêves mais il est toujours possible de gagner sa vie dans mon pays.  »

Kristof De Ryck

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