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Ferrari à un tournant

Suite au décès de Sergio Marchionne, le CEO qui dirigeait Ferrari d’une main de fer, la concurrence espère que le manque de leadership de la Scuderia lui sera profitable.

Au décès d’ Enzo Ferrari l’été 1988, la mythique formation de Maranello est devenue une autre entreprise. Le fondateur de Ferrari avait assisté au succès d’ Alberto Ascari (1952, 1953), Juan Manuel Fangio (1956), Mike Hawthorn (1958), Phil Hill (1961), John Surtees (1964), Niki Lauda (1975, 1977) et Jody Scheckter (1979) mais après lui, ce fut le vide. Et le désespoir. Les présidents se sont succédé, les deux principaux ingénieurs du moment, John Barnard (ex-McLaren) et Harvey Postlethwaite, ont travaillé l’un contre l’autre et se sont sabotés.

Cette guerre des tranchées a duré cinq ans. Jean Todt y a mis fin en 1993 en attirant Luca di Montezemolo à Maranello. Le Français, le premier manager général non-italien de la Scuderia Ferrari, a remis de l’ordre et deux ans après son arrivée, il a trouvé un accord avec Michael Schumacher, qui a offert à l’écurie cinq titres mondiaux d’affilée, de 2000 à 2004. Kimi Räikkönen a remporté le dernier titre pour Ferrari en 2007.

Trente ans après la mort de son fondateur, Ferrari se trouve à un nouveau tournant de son histoire. Sergio Marchionne – CEO et président de Fiat Chrysler Automobiles, Ferrari et Maserati -, est décédé fin juillet des suites d’une opération à l’épaule. Il dirigeait son entreprise avec une poigne de fer. Enzo Ferrari vivait pour le sport automobile, Marchionne (66) était plutôt un captain of industry. Le point commun : ils ne toléraient pas la contradiction et entretenaient la terreur.

Quand Marchionne arrivait à un GP sans s’être annoncé, le team manager Maurizio Arrivabene restait toujours derrière lui. Deux pas en arrière plutôt qu’un. La pression exercée par Marchionne paralysait pilotes, managers, ingénieurs et techniciens. Les proches de l’écurie savaient que les jours d’Arrivabene chez Ferrari seraient comptés si l’écurie n’arrachait pas le titre mondial cette saison.

Marchionne vouait une confiance aveugle à Mattia Binotto, le chief technology officer qui poussait chacun au-delà de ses limites et prenait des risques alors qu’Arrivabene prônait le calme et l’harmonie. A Hockenheim, Sebastian Vettel a perdu à cause d’une faute de pilotage. Le team manager a préféré vanter la course parfaite de Räikkönen dans son communiqué de presse, sans piper mot de l’erreur de Vettel.

Ce style ne plaisait pas à l’impitoyable CEO, qui prenait lui-même toutes les décisions : choix des pilotes, introduction de l’Alfa Romeo chez Sauber, projets de collaboration entre Maserati et l’écurie américaine Haas. Arrivabene l’écoutait et opinait. Maintenant, il va devoir prendre les décisions lui-même.

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