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Eric Van Meir

Le Lierse est mort mais il veut continuer à faire vivre le foot dans la ville. Même en repartant de très bas.

1 Tu as dit en février que la gestion du Lierse était incroyablement mauvaise. Ce qui se passe aujourd’hui, avec la faillite, c’est simplement une suite logique ?

Absolument. Aujourd’hui, on a des supporters qui posent plein de questions et des ex-dirigeants qui s’obstinent à ne pas vouloir donner de réponses. En dix ans, le Lierse a dépensé 72 millions, ça apparaît dans les comptes. Il y a dix ans, le club était en deuxième division. Avant que la faillite soit déclarée récemment, il y était toujours. Et il y a une grosse dette. Alors, qu’a-t-on fait de tous ces millions ? À quoi a servi cet argent ? On ne peut pas dire que les dirigeants aient consacré une partie de cette somme à construire un nouveau stade de 30 millions, par exemple. Je pense que Maged Samy avait de bonnes intentions, mais le constat est là, ça n’a pas marché du tout. Il a parfois été trop naïf. Il n’y avait aucune vision à long terme. Tous les six mois, on voyait cinq ou six nouveaux joueurs débarquer, et il y en avait autant qui partaient. Le Lierse a consommé une quinzaine d’entraîneurs pendant ces dix ans. C’est moi qui suis resté le plus longtemps en poste : 18 mois. C’est incroyable.

Pour le moment, je ne suis plus tenté par une carrière d’entraîneur.  » – Eric Van Meir

2 Tu soutiens le projet d’une arrivée du Lyra dans le stade du Lierse. Il faudrait alors repartir de très bas. Tu t’en sens le courage ?

Ce ne serait pas une fusion puisque le Lierse n’existe plus. Ce serait une collaboration entre ses supporters et le Lyra, qui est en troisième division amateur. Le but est effectivement que le Lyra aille jouer dans le stade du Lierse. Mais il y a un autre projet, celui des anciens dirigeants du Lierse qui voudraient racheter le matricule d’Oosterzonen, un club de première division amateur. Pour eux, ce serait une façon de rester dans le football, de s’accrocher à leur poste. Ils ont un avantage par rapport à notre projet : le stade appartient à Maged Samy. Mais on a les supporters du Lierse avec nous, ils en ont marre de ce qu’on leur a fait vivre ces dernières années et ils veulent un projet complètement nouveau. En tout cas, si le rachat du matricule d’Oosterzonen a lieu, le projet du Lyra s’arrêtera net.

3 Tu as donné une longue interview quand tu as eu 50 ans, en début d’année. Tu as notamment dit que tu n’aurais pas voulu échanger ta vie contre celle de Kevin De Bruyne. Vraiment ?

Vraiment ! Parce que je suis tout à fait satisfait de ma carrière, de ma vie. Pour De Bruyne, c’est impossible d’aller faire les courses ou de prendre un café sur une terrasse. Très peu pour moi. Je suis content de ce que j’ai gagné et l’argent n’a jamais été mon moteur. Quand on m’a proposé un contrat, je n’ai jamais rien négocié, jamais demandé plus. Je savais que certains coéquipiers gagnaient deux fois plus que moi mais ça ne m’a jamais dérangé.

4 Quand le titre de champion se joue sur une erreur d’arbitrage, on a envie de continuer son job de consultant télé sur le championnat de Belgique ?

Il y avait des erreurs avant le VAR, il y en a encore avec le VAR. La grande différence, c’est qu’elles sont encore plus mises sous la loupe. Je ne suis pas convaincu que c’était une bonne décision de le tester dès cette saison, j’ai l’impression que le système n’était pas prêt. Il aurait peut-être fallu l’essayer dans une division inférieure. Je comprends en tout cas les réactions de certains entraîneurs par rapport à des décisions d’arbitres.

5 En étant consultant télé comme toi, Gert Verheyen reçoit maintenant un poste d’entraîneur en première division. Tu te dis que ça pourrait marcher pour toi aussi ?

En ce moment, redevenir entraîneur n’est pas une option pour moi. Je me plais vraiment dans mon rôle de consultant à la télé. Je pense que Gert Verheyen peut faire quelque chose de bien à Ostende, notamment parce qu’il va être bien guidé et canalisé par Hugo Broos et Franky Van der Elst. Mais je n’envie pas sa reconversion. Quand je vois tous les C4 qui ont été distribués cette saison en D1A et D1B, je ne suis plus tenté. Le Lierse m’a limogé alors qu’on sortait d’une très grosse saison. Je peux comprendre qu’on change l’entraîneur qui est dernier, mais quand je vois que le Cercle licencie un José Riga. Ça panique partout. Ceux qui ont l’argent ont tout le pouvoir, c’est difficile à accepter. Tu sais que tu peux voler dehors si tu n’alignes pas un joueur que le patron te demande d’aligner. Non, en ce moment, je ne peux plus.

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