Drapeau blanc pour la Syrie

Depuis des années, notre sport est saccagé par ceux qui devraient nous le faire aimer encore et toujours. La FIFA, l’UEFA, des dirigeants de clubs, des prétendus supporters, des agents, des joueurs à la solde de ces mêmes agents et de l’argent. La bouffée d’amour pour le football est finalement venue de ceux qui étouffent. De ceux qui ne bouffent plus à la faim qu’ils méritent. Du peuple syrien en quête de liberté au travers de son équipe nationale.

Dans un pays où plus rien ne tient debout, un poteau australien a, à la 120e minute du match retour des barrages, mis fin au rêve de tout un peuple. Qui, grâce à la plus noble expression (le jeu) de notre sport vénéré, a oublié l’instant d’un jeu de balle pacifique l’horreur des indécences de la vie. Pourtant, les indécences rôdent autour de cette  » armée du bonheur « .

Pas moins de 50 footballeurs du championnat ont été tués par les forces gouvernementales. D’autres sont détenus ou portés disparus. Qui sommes-nous, dès lors, pour juger l’entraîneur syrien qui s’était présenté, lors d’une conférence de presse d’avant match en 2015, avec un T-shirt à l’effigie de Bachar al-Assad ? Avait-il vraiment le choix ?

D’autres ont eu le courage de le faire. Le choix de la contestation. En 2012, le capitaine de la sélection, Firas AlKhatib décide de renoncer à toute sélection tant que le pouvoir bombardera sa propre population civile. Geste fort et risqué pour le Zidane syrien. Qui remet ça dans l’autre sens. Il y a un mois, il décide de revenir pour aider à la qualif à la Coupe du Monde. Gros courage car qualif ou pas, il risque de se faire disqualifier de la vie à jamais.

 » J’ai peur. Pour moi, ma famille. Donc, maintenant je vais jouer et surtout ne pas parler. Maintenant je suis un homme aimé par 12 millions de Syriens et les 12 autres millions ne pensent qu’à une chose. Me mettre une balle.  » Et pourtant, le temps de faire tourner le ballon, ces deux fois 12 millions que tout oppose vont supporter la même cause. Même si beaucoup prétendent que cette équipe n’est qu’une équipe de propagande du régime.

Personne n’est dupe mais un peu de bonheur dans cet énorme malheur qu’est le drame syrien est toujours bon à prendre. Cela dit, gros dilemme pour les expatriés syriens présents en Australie pour le match décisif. Puisque tout autre drapeau que l’officiel syrien était interdit dans le stade. Que faire ? Ce drapeau qui symbolise trop al-Assad. Propagande ou pas, le rêve a cédé la place à la réalité. La Syrie n’ira pas à la Coupe du Monde. On souhaite que grâce au football, c’est le drapeau blanc qui deviendra bien vite, le symbole de la Syrie.

Le symbole de la tromperie, de l’infamie nous vient, lui du Panama. Victoire 2-1 contre le Costa Rica. Avec une égalisation qui n’en est pas une. Ce pays d’Amérique centrale, qui n’a rien demandé à personne, a reçu plus que, pensait-on, le football ne pouvait lui offrir. Un but inventé. Un but qui n’existe pas rend l’existence de 3.700.000 Panaméens tellement plus belle. Tellement que le Président a décrété jour férié le lendemain de la qualif.

Une qualif en forme de calice pour le Honduras et les États-Unis. Bu jusqu’à la lie. Un poison nommé incompétence. Paraît même que le canal s’est pendu avec ce ciel devenu si gris au-dessus de la crédibilité de l’arbitrage. Cela dit, cela sert la cause d’un  » petit « . Ça ne change rien à l’affaire mais au moins on n’aura pas le doute éternel que le foot ne sert que les grands marchés.

Et puis, il y a la cause d’un petit que personne d’autre que lui-même n’a besoin de plaider. Lionel Messi a encore fait dans le divin. Il fait du pluriel un singulier. Lui, l’unique, fait du collectif un argument de règlement. Faut jouer à 11 mais on gagne à 1. Trois buts pour entretenir sa légende.

44e triplé de sa carrière. Le premier, lors d’un Real Madrid – Barça il y a 10 ans. Il ne choisit pas ses matchs, Leo. Et donc, la logique qui ne peut s’appliquer qu’à lui nous offrira le 45e lors de la finale de la Coupe du Monde. Béatification et un verset de plus dans la Bible selon Messi.

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE

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