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5 matches de tous les Diables

Avant la Coupe du monde en Russie, Raf Willems et François Colin ont rassemblé dans un livre les cent meilleurs matches des Diables Rouges. François Colin est le seul journaliste à avoir suivi live plus de 300 rencontres des Diables au stade. Il a sélectionné les cinq meilleures d’entre elles.

1. 1/8e FINALE COUPE DU MONDE ’86

UNION SOVIÉTIQUE – BELGIQUE 3-4

15 juin 1986

Estadio Campo Nuevo, León (Mex)

BELGIQUE : Pfaff (Bayern Munich), Gerets (PSV) 111e Leo Van der Elst (Club Bruges), Demol (Anderlecht), Renquin (Standard), Grün (Anderlecht) 99e Clijsters (Waterschei), Vervoort (Beerschot), Scifo (Anderlecht), Vercauteren (Anderlecht), Ceulemans (Club Bruges), Veyt (Waregem), Claesen (Standard)

LES BUTS : 28e Belanov 1-0, 56e Scifo 1-1, 70e Belanov 2-1, 78e Ceulemans 2-2, 102e Demol 2-3, 109e Claesen 2-4, 111e Belanov 3-4 (pen.)

Sans aucun doute le match des Diables Rouges le plus mémorable de toute ma carrière. Pour plusieurs raisons : le majestueux décor mexicain, un premier tour dramatique, une mission impossible sur papier face aux Soviétiques et un retournement de situation avec une aventure qui n’allait se terminer qu’en demi-finale.

En phase de groupe, l’Union Soviétique avait fait forte impression en battant la Hongrie (6-0). Dans le clan belge, personne ne croyait véritablement à une victoire à León et au camp de base, à Toluca, tout avait déjà été emballé afin de pouvoir rentrer le plus rapidement possible à Bruxelles après le match.

Au début de la rencontre, les Diables Rouges n’en touchent d’ailleurs pas une. Jean-Marie Pfaff semble être le seul à pouvoir contenir les Soviétiques. Il ne parvient cependant pas à empêcher Igor Belanov d’ouvrir le score.

Avec plus de chance que de savoir-faire, les Belges reviennent pourtant dans le match par Enzo Scifo, qui égalise. Mais Belanov est intenable et les joueurs de Valeri Lobanovski reprennent l’avance à vingt minutes du terme.

Sept minutes plus tard, Jan Ceulemans égalise à nouveau. Dans les prolongations, les Belges sont plus forts physiquement. Leurs contres-attaques sont de plus en plus tranchantes et Stéphane Demol, de la tête, puis Nico Claesen, d’une volée, offrent aux Belges une avance inespérée. Belanov inscrit sont troisième but de la soirée sur penalty mais Jean-Marie Pfaff tient bon.

En raison du décalage horaire, il était plus de minuit en Belgique lorsque le match avait débuté mais ça n’a pas empêché les gens de faire la fête dans les rues. À León, des trombes d’eau se sont abattues sur les joueurs et les journalistes, qui ont trouvé refuge dans les vestiaires. Au retour à Toluca, il a alors fallu redéballer tous les bagages.

2. MATCH DE BARRAGE POUR LA COUPE DU MONDE ’86

PAYS-BAS – BELGIQUE 2-1

20 novembre 1985

De Kuip, Rotterdam

BELGIQUE : Pfaff (Bayern Munich), Gerets (PSV), Broos (Club Bruges), Franky Van der Elst (Club Bruges) 74e Veyt (Waregem), Clijsters (Waterschei), De Wolf (La Gantoise), Leo Van der Elst (Club Bruges) 47e Grün (Anderlecht), Vandereycken (Anderlecht), Vercauteren (Anderlecht), Desmet (Waregem), Ceulemans (Club Bruges)

LES BUTS : 62e Houtman 1-0, 72e De Wit 2-0, 84e Grün 2-1

Un derby des Plats Pays, c’est toujours spécial. Surtout lorsqu’une qualification pour la Coupe du monde est en jeu. Pour aller au Mexique, la Belgique et les Pays-Bas doivent se départager à l’occasion de matches de barrages. Les Diables Rouges ont remporté le match aller à Anderlecht (1-0) grâce à un but de Frankie Vercauteren. Au retour, ils subissent la plus belle défaite de l’histoire du football belge.

Il fait -6 ° au Kuip. Avant le match décisif, les sélectionneurs, Guy Thys et Leo Beenhakker, se sont livré une guerre psychologique au sujet de John van Loen, le longiligne attaquant de nos voisins du nord.

 » Je pense que Van Loen n’entamera pas le match « , avait dit Thys.  » Georges Grün sera donc sur le banc. Il entrera au jeu dès que Van Loen montera sur le terrain.  »

En première période, la Belgique hérite des meilleures occasions mais au repos, le score est toujours vierge. Leo Beenhakker décide donc de passer au plan B et de lancer le grand Van Loen sur le terrain gelé. Un pari gagnant. Peter Houtman ouvre le score de la tête sur un centre de Rob de Wit et, à un quart d’heure de la fin, un centre de Ruud Gullit, dévié par René Vandereycken, parvient à De Wit qui fait 2-0.

ALLEMAGNE DE L'OUEST - BELGIQUE 2-1: D'une tête puissante, Horst Hrubesch prive les Diables des prolongations en finale de l'Euro '80.
ALLEMAGNE DE L’OUEST – BELGIQUE 2-1: D’une tête puissante, Horst Hrubesch prive les Diables des prolongations en finale de l’Euro ’80.© BELGAIMAGE

Les Hollandais pensent bien que c’est dans la poche mais, ironie du sort, le changement gagnant de Beenhakker va se retourner contre lui. Ce n’est en effet pas l’attaquant, John van Loen, qui décide de l’issue du duel mais bien le défenseur, Georges Grün. À cinq minutes du terme, Erik Gerets centre et le défenseur anderlechtois remporte son duel aérien face à… Van Loen pour faire 2-1. Sans doute le but le plus fêté et le plus célèbre de l’histoire des Diables.

3. FINALE DE L’EURO ’80

ALLEMAGNE DE L’OUEST – BELGIQUE 2-1

22 juin 1980

Stadio Olimpico, Rome

BELGIQUE : Pfaff (Beveren), Gerets (Standard), Luc Millecamps (Waregem), Meeuws (Club Bruges), Renquin (Standard), Van Moer (Beringen), Vandereycken (Club Bruges), Cools (Beerschot), Mommens (Lokeren), François Van der Elst (New York Cosmos), Ceulemans (Club Bruges)

LES BUTS : 10e Hrubesch 1-0, 72e Vandereycken (pen.), 89e Hrubesch 2-1

C’est difficile à croire aujourd’hui mais il y avait très peu de supporters belges au Stadio Olimpico de Rome pour le plus grand match de l’histoire des Diables Rouges depuis 1920. L’équipe belge avait terminé en tête d’un groupe avec l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie, pays organisateur. Une énorme surprise car l’équipe de Guy Thys ne s’était qualifiée que de toute justesse pour la phase finale.

En finale, les Belges font d’abord preuve de trop de respect mais après la pause, la rencontre change d’âme.  » Lorsque nous avons pris le match en main, les Allemands se sont mis à douter « , disait Jan Ceulemans.

René Vandereycken est le  » héros  » de cet EURO. Lors du match face à l’Italie, il a mis le meneur de jeu Giancarlo Antognoni sous l’éteignoir tandis qu’en finale, on ne voit pas Hans-Peter Briegel. Mais le Limbourgeois s’est aussi distingué de façon positive puisque c’est lui qui, à un bon quart d’heure de la fin, a égalisé sur penalty.

C’est mérité et, alors qu’on se dirige vers les prolongations, les Diables Rouges semblent avoir l’équipe la plus fraîche. Mais juste avant la fin du temps réglementaire, Horst Hrubesch, surnommé Das Ungeheuer (le monstre), reprend de la tête un corner de Karl-Heinz Rummenigge et bat Jean-Marie Pfaff (2-1).

À Zaventem, les Diables Rouges, vices-champions d’Europe, sont accueillis par des milliers de supporters.

4. 1/8e FINALE DE COUPE DU MONDE ’90

BELGIQUE – ANGLETERRE 0-1

26 juin 1990

Stadio Dall’ Ara, Bologne

BELGIQUE : Preud’homme (FC Malines), Gerets (PSV), Grün (Anderlecht), Clijsters (FC Malines), Demol (FC Porto), De Wolf (Courtrai), Scifo (Auxerre), Franky Van der Elst (Club Bruges), Bruno Versavel (FC Malines) 117e Vervoort (Anderlecht), Degryse (Anderlecht) 65e Claesen (Antwerp), Ceulemans (Club Bruges)

LE BUT : 119e Platt 0-1

C’est la troisième défaite de ce top 5 et cela prouve qu’en football, le plus important n’est pas toujours la victoire. Savoir perdre la tête haute est un art et ces défaites restent plus souvent dans les mémoires qu’une victoire obtenue avec de l’anti-jeu. Souvenez-vous de l’équipe des Pays-Bas emmenée par Johan Cruijff qui s’inclina face à l’Allemagne de l’Ouest en finale de la Coupe du monde 1974.

Le match opposant la Belgique à l’Angleterre fut le meilleur match d’un tournoi beaucoup trop défensif. Enzo Scifo et Jan Ceulemans ont tiré sur le cadre mais les Anglais, emmenés par Paul Gascoigne, ont eux aussi livré un très bon match.

Malheureusement, une des deux équipes doit être éliminée ce soir-là. La décision semble devoir tomber aux tirs au but mais, à la dernière minute des prolongations, le destin frappe la Belgique : David Platt reprend de volée un coup-franc donné depuis la ligne médiane et ne laisse aucune chance à Michel Preud’homme.

Les Diables Rouges sont terriblement déçus. Ils ont beaucoup mieux joué que quatre ans plus tôt au Mexique mais ils sont éliminés deux tours plus tôt.

5. FINALE DES JEUX OLYMPIQUES 1920

BELGIQUE – TCHÉCOSLOVAQUIE 2-0

2 septembre 1920

Stade Olympique d’Anvers

BELGIQUE : Jan De Bie (Racing Bruxelles), Armand Swartenbroeks (Daring Bruxelles), Oscar Verbeeck (Union), André Fierens (Beerschot), Emile Hanse (Union), Joseph Musch (Union), Louis Vanhege (Union), Robert Coppée (Union), Mathieu Bragard (CS Verviers), Henri Larnoe (Beerschot), Désiré Bastin (Antwerp)

LES BUTS :7e Coppée 1-0, 30e Larnoe 2-0

La première Coupe du Monde a lieu en 1930 en Uruguay, 26 ans après la fondation de la FIFA. Au cours des premières années, la nécessité d’organiser une Coupe du Monde ne s’était pas fait sentir. En 1908, le football avait en effet été ajouté au programme des Jeux Olympiques. Les amateurs anglais avaient remporté la médaille d’or en 1908 et 1912. Le troisième tournoi olympique a lieu à Anvers. Selon Guy Oliver, directeur du musée de la FIFA à Zurich, ces trois tournois olympiques, ainsi que ceux de 1924 et 1928, doivent être considérés comme les premières Coupes du monde.

 » Belges, n’oubliez jamais les noms de vos premiers champions du monde de football « , pouvait-on également lire dans le compte rendu de l’hebdomadaire Sport-Revue. Á vrai dire, ce match est le point culminant de l’histoire des Diables Rouges mais on en sait trop peu de choses pour pouvoir lui attribuer la première place.

Pendant la guerre, cinq Diables Rouges ont pu entretenir leur condition grâce à des matches sous le maillot des Front Wanderers organisés au profit des réfugiés en Grande-Bretagne. Ils forment l’épine dorsale d’une équipe très forte qui, dès le mois de juillet, s’est entraînée trois fois par semaine sous la direction du sélectionneur anglais William Maxwell pour préparer les Jeux, organisés au mois d’août.

Les piliers de cette formation sont le gardien Jan De Bie (Racing Bruxelles), le défenseur Armand Swartenbroeks et le rapide ailier gauche Dis Bastin (Antwerp).

La finale a provoqué une véritable migration populaire. Le stade olympique du Kiel déborde et la capacité maximale de 30.000 spectateurs est largement dépassée. Les Belges jouent leur jeu, ils laissent l’initiative à la Tchécoslovaquie, se replient dans leur moitié de terrain et sèment la pagaille dans les lignes adverses par des contres rapidement menés. Un centre de Bastin est dévié de la main par un défenseur et Robert Coppée transforme le penalty. Un peu plus tard, Bastin trouve Henri Larnoe qui met deux défenseurs dans le vent pour faire 2-0 avant la demi-heure.

BELGIQUE - ANGLETERRE 0-1: Paul Gascoigne dans ses oeuvres face à nos représentants lors du Mondiale 90.
BELGIQUE – ANGLETERRE 0-1: Paul Gascoigne dans ses oeuvres face à nos représentants lors du Mondiale 90.© BELGAIMAGE

À deux minutes du repos, Coppée file seul et l’arrière latéral Steiner l’arrête d’un coup de pied volontaire au-dessus de la ceinture. Coppée s’écroule et Steiner est exclu mais tous les joueurs tchèques le suivent au vestiaire. Le match est ainsi terminé après 43 minutes. La foule envahit le terrain et fait la fête comme jamais auparavant. Pour l’ensemble de la presse internationale, il ne fait aucun doute que la meilleure équipe l’a emporté.  »

BELGIQUE - TCHÉCOSLOVAQUIE 2-0L'Unioniste Robert Coppée transforme le penalty qui permet à la Belgique de mener 1-0 en finale du tournoi olympique d'Anvers en 1920.
BELGIQUE – TCHÉCOSLOVAQUIE 2-0L’Unioniste Robert Coppée transforme le penalty qui permet à la Belgique de mener 1-0 en finale du tournoi olympique d’Anvers en 1920.© BELGAIMAGE
Jan Ceulemans et ses partenaires : une victoire à l'arraché face à l'URSS en 1986.
Jan Ceulemans et ses partenaires : une victoire à l’arraché face à l’URSS en 1986.© BELGAIMAGE

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