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Le scandale Nassar prend de l’ampleur, au moins 265 gymnastes agressées

L’affaire Larry Nassar, le médecin à l’origine du plus grand scandale sexuel de l’histoire du sport américain, a pris un nouveau tournant mercredi lorsque la présidente du troisième tribunal devant lequel il comparaît a annoncé qu’il avait agressé au moins 265 jeunes femmes pendant vingt ans.

L’ancien thérapeute qui commettait ses abus sexuels sous couvert d’actes médicaux a déjà été confronté aux témoignages d’une centaine d’athlètes et est assuré de passer la fin de ses jours en prison après avoir été récemment condamné à deux lourdes peines. Mais le mouvement déclenché par les interventions de victimes, qu’elles soient inconnues ou championnes olympiques, ne semble pas vouloir s’arrêter.

Après deux procès à l’issue desquels il a écopé d’au moins 100 ans de réclusion pour abus sexuels et détention de matériel pédopornographique, Larry Nassar est à nouveau jugé depuis mercredi, cette fois par le tribunal de Charlotte, dans le Michigan. Il plaide coupable dans ce procès de trois chefs d’accusation pour abus sexuels au centre d’entraînement Twistars, et encourt de 40 à 125 années de prison supplémentaires. Selon l’accusation, au moins 65 victimes présumées ont demandé à témoigner.

« Nous avons plus de 265 victimes identifiées et un nombre infini de victimes dans l’Etat, dans le pays et dans le monde », a déclaré la présidente du tribunal Janice Cunningham. Elle a accepté que les débats soient retransmis en direct ou postés sur Twitter afin que « tout le monde puisse participer ».

Hors de la salle d’audience, la quadruple médaillée d’or olympique Simone Biles s’est exprimée en public pour la première fois sur son calvaire. « J’ai l’impression qu’il a pris une partie de moi que je ne peux pas récupérer », a déclaré à la chaîne NBC News la championne aujourd’hui âgée de 20 ans au sujet de l’ancien médecin.

A Charlotte, Jessica Thomashow a, elle, affirmé que « Larry Nassar est le mal ». « Larry Nassar est un criminel de la pire espèce », a poursuivi cette adolescente de 17 ans, qui s’était déjà exprimée la semaine dernière devant le tribunal de Lansing, également dans le Michigan.

Comme cette jeune femme affirmant avoir été agressée dès l’âge de neuf ans, près de 160 sportives au total ont raconté les agissements du prédateur sexuel qui se cachait derrière l’image d’un ostéopathe bienveillant ayant officié de 1994 à 2016 au sein de la fédération (USA Gymnastics), du Comité olympique américain (Usoc) et de l’Université d’Etat du Michigan (MSU). Considéré comme un « faiseur de miracles », Larry Nassar est parvenu à agir en toute impunité alors que l’Amérique dominait la gymnastique mondiale, jusqu’aux premières révélations en 2016.

Et les victimes s’insurgent que l’affaire n’ait fait chuter que trop tardivement les responsables des institutions sportives. L’Usoc et la MSU viennent d’ouvrir des enquêtes internes et l’équipe dirigeante d’USA Gymnastics a démissionné en bloc mercredi.

Le gouverneur du Texas a également demandé une enquête sur le ranch de Bela Karolyi, longtemps considéré comme le centre d’entraînement le plus réputé au monde où des membres de l’équipe olympique, dont Simone Biles, affirment avoir été agressées.

La Chambre des représentants a aussi voté mardi une proposition de loi obligeant le sport amateur à signaler les allégations d’agression sexuelle.

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