Thomas Bricmont

Walem, Mazzu, Ferrera et l’importance de la com’

Dans le foot actuel, l’image d’un coach est indissociable de sa réussite professionnelle. Et le championnat belge n’échappe pas à la règle.

Comment se défaire d’une image négative ou comment la rebooster ? En politique, les experts en communication sont rodés à ce type d’exercice et souvent très bien rémunérés pour inverser la courbe des sondages. Car dans les métiers à haute exposition, l’image est indissociable de la réussite professionnelle. Le monde du foot a depuis longtemps intégré la donne mais jamais le ballon rond et ce qui l’entoure n’avaient été autant épiés qu’aujourd’hui, jusqu’à déballer les poubelles de la vie privée.

Les coaches sont assurément les personnes les plus exposées à cette dictature de l’image. Ils sont aussi les premiers à faire les frais de résultats négatifs et tentent donc de se protéger de toute forme de kabbale médiatique ou des foudres de la vox populi. Georges Leekens a longtemps été présenté comme un as de la com’, l’homme à la tape amicale sur l’épaule, qui vous lance un  » mon ami  » à chaque début de phrase, capable de s’épancher de longues minutes tout en noyant le poisson dès la moindre question quelque peu dérangeante.

Aujourd’hui, et si l’homme de terrain garde de beaux restes, il est difficile de prendre Long Couteau au sérieux car on pense apercevoir sa caricature habillée de sa veste  » Prince de Galles  » combiné à un bling-bling des plus dévastateurs.

Yannick Ferrera semble aussi avoir très vite saisi les codes d’une com’ efficace, qui l’a protégé durant des premières semaines éprouvantes au Standard. Le coach des Rouches ne se défile jamais et tient souvent un discours osé, sans langue de bois, parfois mal perçu, comme quand il a pointé les errements de ses joueurs après la défaite face à Gand (0-3), alors que plusieurs d’entre eux reprochaient en coulisse son schéma de jeu défectueux. Mais le jeune Ferrera semble retenir les leçons puisqu’après la nouvelle défaite face à Saint-Trond, il a évité de pointer les responsables.

L’image est indissociable de la réussite professionnelle.

Chez Besnik Hasi, par contre, les sautes d’humeur spectaculaires contrastent avec une discrétion médiatique qui le limite aux conférences de presse d’avant et d’après match. Comme Pep Guardiola. Et la comparaison s’arrête là. Pourquoi se faire piéger par des requins du journalisme avides de sang quand l’horizon est brumeux, doit-il se dire. Ou est-ce plutôt un manque d’envergure pour un club comme Anderlecht ?

Parfois, il arrive de tomber sur des personnes meurtries qui ont envie de tout déballer. Comme Johan Walem dans la grande interview de cette semaine. Un entretien qui dénote avec les habituels formules toutes faites et qui dévoile la pression extrême et le milieu fourbe dans lequel sont plongés de nombreux coaches. Notre ex-sélectionneur des Espoirs souffre aussi d’un déficit d’image, entretenu par un visage crispé, froid, et quelques envolées sanglantes mais sincères qui passent mal dans un milieu où l’hypocrisie est préférée.

Felice Mazzu est son opposé. Non pas qu’on le soupçonne de manquer de sincérité, mais le personnage est volcanique, spectaculaire, bonnet zébré sur la tête et pas de danse le week-end dernier à Waregem ou enchaînant les chansons paillardes à Malines. Un T1 qui n’hésite pas à se jeter sur ses joueurs après une victoire, ou à embrasser la caméra après un but. Un gars proche de ses joueurs et de son public.  » C’est gagné d’avance  » chanterait Enzo Scifo avec une telle com’ en Pays Noir. Même la fameuse affaire du sms et ses touches avec le Standard n’ont pas réussi à le faire chuter dans les sondages. Mais Mazzu, c’est surtout un coach dont tout le monde souligne le travail et l’intelligence tactique, qui permettent aux Zèbres de rêver une deuxième année de suite de plays-offs 1. Le terrain, le jeu, le bilan chiffré resteront toujours prioritaires mais pour durer et exister, il est toujours préférable d’y mettre la forme…

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