Stephane Vande Velde

« Trop miser sur la jeunesse peut jouer des tours! »

A trop forcer sur la jeunesse, on obtient des équipes déséquilibrées et on risque de brûler certains talents.

Lorsque le Standard a été champion en 2008, le microcosme du football belge a découvert qu’on pouvait décrocher le titre avec une équipe jeune. Cette distinction déclencha une réorientation de la politique de la plupart des équipes belges en général, et des cadors en particulier. Cette évolution bénéfique redonna une nouvelle dynamique à notre football.

Cependant, à force de parler jeunesse (et surtout plus-value à la revente), on en oublierait l’équilibre prépondérant à la constitution d’une équipe performante. Car la mémoire a parfois ses ratés. Le Standard fut certes la première équipe championne avec une moyenne d’âge très basse mais dans cette formation de 2008, aux côtés des Fellaini (21 ans), Witsel (19 ans), Defour (20 ans), Bolat (20 ans, qui sera titulaire l’année suivante), ou Mbokani (23 ans), il y avait des tauliers comme Sarr, Dante, De Camargo (tous les trois 25 ans), Onyewu (26 ans) et Jovanovic (27 ans). Aucun ancien mais au moins cinq joueurs qui avaient plus de 25 ans.

Certains ont aujourd’hui oublié cela. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder l’Anderlecht version 2014-2015. Pourquoi cette équipe si plaisante à voir jouer, si talentueuse sur la scène européenne se transforme-t-elle en fantôme sur les pelouses belges ? En d’autres temps, quand Charleroi ou un quelconque underdog parvenait à battre Anderlecht, il le devait à un soupçon de chance et une grande dose d’abnégation et de combativité. Pourtant, que ce soit à Charleroi ou à Mouscron, on a chaque fois vu une équipe bruxelloise se faire balader techniquement par son adversaire du soir. Pour la première fois, ces deux teams ont battu les Mauves en étant largement supérieurs.

Pourquoi Anderlecht n’a-t-il pas entouré ses jeunes par davantage d’expérience ?

Une des explications de ce double visage réside sur la feuille de match. Dans son onze de base, Anderlecht ne compte que quatre joueurs de plus de 25 ans (Proto, Deschacht, Vanden Borre et Defour ou le fantomatique Kljestan). N’est-ce pas un peu court ? Certes, cette équipe a du talent mais sa jeunesse la pousse vers des trous d’air inconvenants pour une équipe de cet acabit mais compréhensible puisque tout jeune connaît à un moment ou à un autre des passages à vide. Atteindre la régularité fait partie de son apprentissage. Pourquoi ne pas avoir intégré cela en entourant ces jeunes par davantage d’expérience ?

Mais cette donne n’est pas nouvelle. Charleroi a valsé en D2 à cause d’un président Abbas Bayat, tellement obnubilé par la plus-value à la revente qu’il avait décrété qu’un joueur de plus de 25 ans était périmé et bon à rien. Lui aussi avait vite oublié qu’il devait ses plus beaux résultats (2004-2007) à une bande de vieux briscards (Laquait, Defays, Chabaud, Oulmers, voire Smolders).

Par Stéphane Vande Velde

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