Top 40 des entraîneurs (1-10)
A l’occasion des 40 ans du foot pro en Belgique, la rédaction de Sport/Foot Mag a dressé la liste des 40 entraîneurs qui ont eu le plus d’impact sur nos terrains. Aujourd’hui, les coaches classés de la 1e à la 10e place.
1. Ernst Happel
Date de naissance: 29 novembre 1925/Décès: 14 novembre 1992
Club Bruges (74-78), Standard (79-81)
Palmarès: 3 titres (1976, 1977, 1978), 2 coupes (1977, 1981)
L’entraîneur: sur une voie de garage à Séville, il fut recommandé au Club Bruges par Henk Houwaart, qui avait travaillé sous ses ordres à ADO La Haye. Un an et demi plus tard, le joueur hollandais fut lui-même remercié pour services rendus. Une sélection naturelle. Tout le monde devait travailler avec l’Autrichien et celui qui ne suivait pas pouvait dégager.
Der Ernst se sentait intouchable, suivait sa route sans se soucier des autres, avait mis le bourgmestre Michel Van Maele à la porte de son vestiaire et instauré immédiatement un nouveau système de payement: contrats minimums assortis de primes importantes.
Happel et Bruges, c’est une longue histoire d’amour: trois titres consécutifs, une finale de coupe mémorable assortie d’une victoire face à Anderlecht et deux finales européennes. Il savait exactement comment s’y prendre pour motiver ses joueurs et menaça un jour Georges Leekens d’une amende de 5.000 francs (125 €) s’il franchissait la ligne médiane. Leekens, que Happel surnommait « La grande catastrophe » marqua et regarda Happel en grimaçant. Happel riait sous cape. C’était un chef d’orchestre impénétrable et souvent solitaire. Comme à Panathinaikos, où il s’était enfermé seul dans sa chambre avec une grande bouteille de cognac. Un homme sobre à l’image un peu triste qui quitta le Club après 54 mois en disant: Meine Herren, danke schön und auf Widersehen.
Sa phrase: « Le football, c’est réfléchir, regarder et jouer. »
2. Raymond Goethals
Date de naissance: 7 octobre 1921/Décès: 6 décembre 2004
Saint-Trond (59-66) Diables Rouges(60-68, adjoint), Diables Rouges (68-76), Anderlecht (76-79), Standard (81-84), Racing Jet (85-87, directeur technique/entraîneur), Anderlecht (88-89), Anderlecht (95)
Palmarès: 2 titres (1982, 1983), 2 coupes (1988, 1989), Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe (1978), Super Coupe d’Europe (1976, 1978).
L’entraîneur: il a appris son métier au Staaien, où il interdisait au jardinier de rouler le terrain lorsque les techniciens d’Anderlecht débarquaient. Parfois machiavélique, il avait manigancé l’affaire de corruption Standard-Waterschei, demandant à Eric Gerets de contacter Roland Jansen pour arranger le match. Une page noire d’une carrière impressionnante.
Avec sa Belga en bouche et son grand imperméable, il ressemblait à l’inspecteur Columbo et était au moins aussi distrait que l’original. Un jour, il avait quitté l’ascenseur un étage trop tôt, était rentré dans un appartement, s’était installé dans un fauteuil et avait commencé à lire le journal jusqu’à ce qu’une femme sorte de la cuisine et lui demande ce qu’il faisait là. Souvent caricaturé, il connut un succès énorme.
Sa phrase: « Que doit faire l’entraîneur? Voir ce qui ne marche pas en cours de match et intervenir. Tu saisis? »
3.Aad De Mos
Date de naissance: 27 mars 1947
FC Malines (86-89), Anderlecht (89-92), Standard (97), FC Malines (00-01).
Palmarès: 2 titres (1989, 1991), 1 coupe (1987), Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe (1988), Super Coupe d’Europe (1988).
L’entraîneur: en deux ans, il a mené une équipe de province à la victoire en Coupe des Coupes et en Super Coupe d’Europe. Une marche triomphale dont le Hollandais est encore très fier aujourd’hui. Après trois saisons à l’Ajax, il n’était pourtant pas très chaud à l’idée de rejoindre la Belgique. John Cordier, patron de Telindus, finit par le convaincre en lui donnant carte blanche pour bâtir son équipe. De Mos faisait les transferts, dictait sa loi et provoquait ses joueurs, les faisant sortir de leur zone de confort. Il mit également sur pied un encadrement professionnel.
Il était extrêmement superstitieux et ses manies provoquaient l’hilarité au sein du groupe des joueurs. Un jour, il obligea le chauffeur du car à s’arrêter pendant une demi-heure devant un restaurant parce que, l’année précédente, son collègue s’était trompé de chemin et s’était arrêté durant 30 minutes au même endroit.
Sa phrase: « Un entraîneur cherche surtout à structurer son équipe tandis que les joueurs ne pensent qu’à eux. C’est un peu étrange. »
4. Erik Gerets
Date de naissance: 18 mai 1954
FC Liège (92-94), Lierse (94-97), Club Bruges (97-99).
Palmarès: 2 titres (1997, 1998)
L’entraîneur: Il a surpris tout le monde avec le Lierse, a confirmé avec le Club Bruges puis est parti à l’étranger, remportant encore deux titres avec le PSV, un avec Galatasaray, un en Arabie Saoudite et un au Qatar.
Il repense souvent avec émotion à son passage au Lierse, où les jeunes joueurs craignaient de devoir travailler avec un entraîneur distant et hautain. Quelques jours après son arrivée, le Lion de Rekem les emmenait dans un café d’étudiants de Louvain et dansait sur les tables avec eux. Il défendait ses hommes en toutes circonstances et, après la défaite 1-6 face à Anderlecht, il mit le président Freddy Van Laer à la porte du vestiaire.
Il savait se montrer dur lorsqu’il le fallait et prévenant à d’autres moments, sa force était de former un groupe. Un jour, en se rendant au Stade Constant Vanden Stock, Bruges apprit qu’il était déjà champion. Au restaurant, Gerets commanda des bouteilles de champagne mais quelques heures plus tard, ses joueurs s’imposaient 0-1 à Anderlecht.
Sa phrase: « La seule chose que j’aie dû apprendre dans ce métier, c’est à accepter la défaite. Quand j’étais joueur, je perdais trois matches par an. A Liège, pour ma première saison, c’étaient trois matches en deux mois. »
5. Guy Thys
Date de naissance: 6 décembre 1922/Décès: 1er août 2003
Beveren (66-69), Union (69-73) Antwerp (73-76), Diables Rouges (76-89), Diables Rouges (90-91).
Palmarès:-
L’entraîneur: Il a mené les Diables Rouges en finale de l’EURO 1980 en Italie (défaite 2-1 face à l’Allemagne de l’Ouest) et en demi-finale de la Coupe du monde 1986 au Mexique (défaite 2-0 face à l’Argentine). Quelques mois plus tôt, lorsque la Belgique s’était qualifiée pour le Mondial, il avait refusé une offre mirobolante du Real Madrid.
Sa phrase: « Je laissais tout le monde donner son avis mais je faisais quand même ce que j’avais en tête. »
6. Trond Sollied
Date de naissance: 29 avril 1959
Gand (99-00), Club Bruges (00-05),Gand (07-08), Lierse (11),Gand (11-12).
Palmarès: 2 titres (2003, 2005), 2 coupes (2002, 2004)
L’entraîneur: un homme très simple qui fut quinze fois international norvégien mais voulait faire mieux en tant qu’entraîneur. Il a débarqué à Gand après avoir pris contact avec Ivan De Witte alors qu’il cherchait un lieu de stage pour Rosenborg. Il a introduit les lignes de course dans le football belge et n’avait pas son pareil pour faire rire tout le monde.
Sa phrase: « Le football est le sport collectif le plus simple qui existe. Celui qui a le ballon contrôle le jeu. Et celui qui ne l’a pas doit le récupérer. »
7. Tomislav Ivic
Date de naissance: 30 juin 1933/Décès: 24 juin 2011
Anderlecht (80-82), Standard (98-00)
Palmarès: 1 titre (1981)
L’entraîneur: Assidu et fanatique, il pouvait exploser de colère. Sa méthode ne laissait aucune place à la flexibilité. Les joueurs l’appréciaient pour son approche fraîche et novatrice mais les médias le cataloguaient parmi les entraîneurs destructifs, notamment parce qu’il osait aligner cinq défenseurs lorsqu’il entraînait Anderlecht, le temple du football académique. Il était partisan du pressing, un concept qu’il avait découvert à Yougoplastika, le club de basket légendaire de Split.
Sa phrase: « Quand on m’a compris, j’étais parti depuis longtemps. »
8. Hugo Broos
Date de naissance: 10 avril 1952
RWDM (88-91), Club Bruges (91-97), Mouscron (97-02), Anderlecht (02-05), Genk (05-08), Zulte Waregem (10-11).
Palmarès: 3 titres (1992, 1996, 2004), 2 coupes (1995, 1996).
L’entraîneur: Il est arrivé au Club Bruges à la fin de sa carrière de joueur et lui a apporté deux titres et deux coupes. Cet homme de principes constitue une exception dans un monde du football où l’égoïsme règne en maître. Il n’a entraîné que trois clubs en quatorze saisons mais le changement du paysage footballistique a compliqué sa tâche, l’influence sans cesse plus importante du monde extérieur minant l’unité des groupes.
Sa phrase: « Je n’aime pas parler car on finit toujours par se contredire. »
9. Arie Haan
Date de naissance: 16 novembre 1948
Antwerp (84-85), Anderlecht (85-87), Standard (91-93), Anderlecht (97-98).
Palmarès: 2 titres (1986, 1987), 1 coupe (1993).
L’entraîneur: Il est passé deux fois par Anderlecht où il a fait sensation en affirmant que ses joueurs ne maîtrisaient pas l’abc du football et a mis ouvertement en cause le rendement de Pär Zetterberg. Il a été limogé après un 6-0 à Westerlo. Révolutionnaire au Standard, il fut l’un des premiers à aligner deux défenseurs centraux en ligne (André Cruz et Stéphane Demol).
Sa phrase: « Dans ce métier, un diplomate tient le coup très longtemps. Je ne suis pas diplomate mais dans la difficulté, je suis toujours resté moi-même. »
10. Hans Croon
Date de naissance: 25 mai 1936/Décès: 5 février 1985
Waregem (72-74), Lierse (74-75), Anderlecht (75-76), Waregem (79-81), Lierse (82-83).
Palmarès: Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe (1976)
L’entraîneur: A Waregem, il avait fait peindre les murs du vestiaire en rouge, couleur symbolisant l’esprit guerrier. Ce philosophe s’inspirait des oeuvres de Simone de Beauvoir. Il offrit à Anderlecht sa première Coupe d’Europe mais constata avec tristesse qu’on n’avait fait appel à lui que pour assurer la transition. Après son limogeage au Lierse, il entra dans la communauté Baghwan et changea de nom, se faisant appeler Shunyam Avyakul.
Sa phrase: « Dans le monde du sport, même les gens positifs peuvent se faire démolir. »
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