Thomas Bricmont

Standard, un club de gentils

En coulisses comme sur le terrain, l’agressivité est inexistante chez les Liégeois alors que c’est le b.a.-ba quand rien ne va. Quel contraste avec le passé !

Le conte de fées était annoncé. Ou plutôt espéré par les supporters et même par la caste médiatique qui voyait d’un bon oeil ce quadra liégeois, souriant et affable, au discours empli de bons sentiments et dont la bonhomie contrastait tant avec le pâle et insipide Roland Duchâtelet. Plus de trois mois plus tard, la belle histoire s’est transformée en cauchemar pour Bruno Venanzi. Les symptômes d’une profonde déprime sont pourtant très vite apparus: manque de liquidités, des départs importants, des arrivées douteuses, une communication foireuse, un cuisant échec européen, un coach dépassé, un petit nouveau rapidement noyé par l’ampleur de la tâche et des supporters désabusés plus que révoltés. Et on en oublie surement.

Si depuis samedi soir, le Standard se trouve dans une position historique et honteuse, cela n’a rien d’absurde tant les maux sont nombreux. Et dire qu’on ne reconnait plus ce club, c’est un peu bateau mais aussi un constat implacable. On se croirait revenu près de vingt ans en arrière, quand Sclessin comptait les nombreux sièges vides et ne faisait plus peur à personne. Aujourd’hui, la saison de transition annoncée prend des allures de saison de perdition.

Mais il serait trop facile de tirer à boulets rouges sur une nouvelle ère qui n’aurait, il est vrai, pas pu plus mal commencer. Car s’il y a bien une cohérence au milieu du chaos des dernières semaines, c’est ce criant manque d’expérience à tous les étages. Une équipe jeune tirée péniblement par des anciens sans aucune lettre de noblesse, un coach qui faisait encore ses dents il y a quelques mois dans l’anonymat de la D2, et une direction qui découvre avec fracas la complexité d’un club du haut niveau. Car si Venanzi est rouche depuis sa plus tendre enfance, il est désormais convaincu que les affaires et le business du foot sont deux mondes bien différents. Son bras droit, Bob Claes, que l’on dit brillant, a seulement 30 ans. Son bras gauche, Axel Lawarée, qui essuie de plus en plus les critiques, était il y a peu un agent très discret qui a su profiter de l’affaire « Mazzu » pour prendre la lumière. Un trio qui manque encore de planches pour un club de la dimension du Standard. Dans pareil contexte, l’arrivée de Daniel Van Buyten, dont les contours précis de la fonction sont encore flous, ressemble à un appel à l’aide.

Quand Don Luciano débarquait pour « mettre un coup de pression », personne ne mouftait.

Le Standard est aussi devenu un club « gentil ». Au coeur d’un milieu qui ne l’est pourtant pas. Un club de gentils sur le terrain comme en coulisses. Face à Westerlo, dans un match couperet, dont on savait l’issue possiblement traumatisante, l’agressivité fut quasiment inexistante alors que c’est pourtant le b.a.-ba quand rien ne va. Quel contraste avec les souvenirs de l’époque du controversé Lucien D’Onofrio (dont pour rappel le début de règne fut aussi extrêmement chahuté). La qualité footballistique est évidemment incomparable mais les années D’Ono, ce n’étaient pas seulement les arabesques de Dieumerci Mbokani ou les coups de pattes de Sergio Conceiçao, c’était aussi beaucoup et même parfois trop d’engagement. Un engagement quasi quotidien qui virait régulièrement aux coups de poings à l’entrainement entre les Sarr, Dante, Jovanovic ou Onyewu.

En coulisses aussi, on ne laissait rien passer, même si les soirées étaient bien plus arrosées qu’aujourd’hui. Quand il s’agissait « de mettre un coup de pression » nous rappelle un joueur, Don Luciano débarquait par (mauvaise) surprise à l’entraînement accompagné de son fidèle chauffeur. Personne ne mouftait. Mêmes les plus grandes gueules. Et elles étaient nombreuses. Venanzi n’est pas habitué à ce type de codes. Le sera-t-il un jour? Le club était alors un volcan. Aujourd’hui il semble malheureusement totalement éteint.

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