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Standard – Anderlecht : vous avez dit Clasico?

Il y a le Barça et le Real. L’OM et le PSG. Puis, chez nous, pour une lutte des classes et une confrontation d’identités qui traverse les âges, le Standard et Anderlecht. Sauf que, depuis quelque temps, le Clasico sauce JPL semble avoir perdu de son lustre d’antan. Explications.

L’affront s’affiche sur 1.500 mètres carrés. Le message, en lettres capitales. Red or Dead. Il y a trois ans, quasi jour pour jour, le mythe Defour est mort. Décapité par les sentiments de trahison, d’injustice et de dégoût. Dans la foulée, la toile s’embrase, les médias s’emballent. La réalité dépasse  » les scénarios de fiction les plus audacieux « , commente Michel Lecomte, dans La Tribune du lendemain. En effet, ce Standard-Anderlecht a tous les ingrédients du blockbuster parfait.

Un Clasico des plus tragiques, qui mêle le retour de Steven Defour, dans le rôle de l’ancien capitaine devenu traître réduit à l’expulsion, et le départ de Laurent Ciman, dans celui du patron qui sabre les espoirs mauves, avant de s’en aller en icône. Les Rouches l’emportent 2-0, dans une ambiance électrique. Depuis, ils pataugent dans leurs travers tandis qu’en face, le Sporting, pourtant sacré la saison dernière, connaît l’une de ses plus mauvaises périodes sur les années 10.

Autant dire que le choc de ce dimanche sent le pétard mouillé. « Le Topper a pris le pas sur le Clasico. Le Standard ne joue plus le titre depuis trois ou quatre ans », souffle Thomas Chatelle, qui tente de dépoussiérer ses souvenirs. « C’était quand la dernière fois qu’un Anderlecht-Standard déterminait le champion ? » Il faut remonter à 2009, à ces test-matches restés dans les annales, le penalty d’Axel Witsel et, aussi, son attentat plusieurs mois auparavant sur Marcin Wasilewski.

Chatelle y était. Tout comme Milan Jovanovic. « Pour les supporters, ça reste la plus belle affiche de la saison », assure celui qui a fréquenté les deux camps. « J’ai remarqué que, pour les supporters du Standard surtout, une victoire dans le Clasico est un bon médicament contre beaucoup de maux. » Mais au siècle actuel, les bobos se soignent lentement et les rencontres mémorables entre les deux ennemis héréditaires se comptent sur les doigts d’une seule main.

D’un côté, la rencontre reste spéciale pour les supporters. Une fois encore, Sclessin devrait être sold out. « On a le droit à 1.100 places », détaille Ludo Coninx, du Fan board anderlechtois. « La demande n’a pas diminué ces dernières années. J’ai plein de gens qui veulent aller à Sclessin, mais qui ne viennent pas voir les matches à domicile. » Pareil chez Jean-Luc Gillis, président des Rouches de la Vallée du Geer, groupe de supporters le plus fourni sur les bords de Meuse (1032 abonnés). Les demandes sont là, même s’il sent que « l’engouement est moindre ».

« Les play-offs ont un peu dévalué ce match »

D’un autre côté, les multiples répétitions du Clasico pourraient le faire sombrer dans la routine. D’autant que le championnat s’homogénéise, quand le niveau global laisse à désirer. « Aujourd’hui, on n’aurait pas pensé que Charleroi, Saint-Trond, l’Antwerp ou même Mouscron viendraient se mêler à la course.

« Les play-offs ont un peu dévalué ce match. Avant, tout le monde l’avait en tête des semaines à l’avance », rembobine Ariel Jacobs, sur le banc du Sporting lors de la transition. « C’est de moins en moins le cas. C’est quasiment devenu une rencontre comme les autres. »

Banal, le Clasico ? Benjamin Deceuninck, co-présentateur de La Tribune, converge. Comme si la RTBF devait tricoter pour monter le Clasico en épingle.

« Aujourd’hui, ce sont des matches qui ne valent plus vraiment trois points. Sur le moment même, ça reste particulier, mais en amont, on sent moins la pression monter. On dit souvent que ce qui est rare est cher. Là, c’est moins rare et c’est encore moins cher. »

Dans l’édition 88 du Clasico, Czerniatynski, dit Czernia, se mue en héros. Il inscrit un doublé pour permettre au Standard de recoller au score et de glaner un point, à l’arraché. « J’adorais cette atmosphère, cette ambiance. Ça m’excitait », pétille-t-il. Aujourd’hui, une telle flamme ne semble plus habiter la plupart des joueurs des noyaux actuels.

Parmi les  » historiques « , sur les deux effectifs confondus, seuls Olivier Deschacht, voire Leander Dedoncker, et Mpoku, Réginal Goreux, Sébastien Pocognoli ou Jean-François Gillet semblent en mesure de capter la portée symbolique de l’événement.

« Les autres n’en ont rien à cirer de ce match », tranche Jacky Munaron, portier historique des cages anderlechtoises puis liégeoises. « Si on demande aux joueurs de répondre à des questions sur l’histoire du Clasico, ils ne sauront pas y répondre correctement. »

Par Nicolas Taiana et Alain Eliasy

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