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Rednic : « L’été dernier, j’ai failli revenir au Standard »

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Ses problèmes de santé, le sauvetage de Mouscron, son clash avec Glen De Boeck ou encore son rapport au Standard, le coach roumain n’élude rien. Extrait.

Quand on voit ta joie le soir de la victoire contre Eupen, on a l’impression de voir un coach débutant, un gamin. En face, ce n’était quand même qu’Eupen !

REDNIC : J’ai toujours été comme ça. Je profite de la vie. Le foot est un plaisir. Encore plus depuis quelques mois. Tu sais que j’ai eu des soucis de santé ? Une tumeur de la peau, sur le visage. Il a fallu opérer, c’est pour ça que je n’ai pas prolongé mon contrat au Dinamo Bucarest, en été de l’année dernière. J’ai décidé de donner la priorité à ma santé. Entre-temps, les analyses sont bonnes, mais tu ne sais jamais prévoir comment ça va évoluer, ces trucs-là. Et maintenant, je me dis que c’est le moment de profiter à fond de la vie.

Tu aurais pu carrément arrêter de travailler, pour en profiter à fond !

REDNIC : Financièrement, c’est clair, je pourrais me le permettre. J’ai gagné beaucoup d’argent. Comme joueur, comme entraîneur, dans les affaires. Mais arrêter de travailler maintenant, non. Si tu fais ça, tu peux mal tomber, avoir des problèmes. Tu risques de ne plus voir personne, de te renfermer sur toi-même. Et ça peut être dangereux. Quand tu entraînes une équipe de foot, tu sors souvent de chez toi, tu vois du monde, ça te permet d’oublier tes ennuis de santé. Simplement, je suis aujourd’hui décidé à ne plus donner la priorité qu’au plaisir du boulot, plus du tout à l’argent. Profiter ! J’ai encore reçu des très grosses offres, des Emirats, du Qatar. Je pouvais y gagner entre 50.000 et 80.000 par mois. Plus les primes. Tu prends tout cet argent mais tu n’as plus le plaisir de ton métier, et donc tu n’as plus le plaisir de vivre. Et puis, à cause de ma tumeur, je ne peux de toute façon plus rester au soleil, c’est embêtant dans des pays pareils… C’est pour ça que j’ai préféré venir à Mouscron. J’ai le plus petit contrat de ma carrière. Une toute nouvelle expérience parce que c’est la toute première fois que j’entraîne une équipe qui se bat pour ne pas descendre. En général, je travaillais dans des clubs qui visaient des trophées. Mouscron avait pris 11 points en 17 matches quand je suis arrivé…

Tu ne trouves pas, avec le recul, que tu as été maladroit dans tes déclarations ? Tu as dit que l’équipe valait mieux que son classement. Glen De Boeck l’a pris pour lui. Et quand Mouscron a perdu ses premiers matches avec toi, il a rigolé publiquement…

REDNIC : J’ai eu raison.

Explique.

REDNIC : On a juste ajouté deux joueurs en janvier et ça marche. Ça veut dire qu’il y avait déjà des qualités dans le groupe, non ? Aujourd’hui, je dis qu’on a 99 % de chances de se sauver. OK, De Boeck n’est peut-être pas d’accord avec mes analyses mais j’ai quand même un peu plus d’expérience que lui, non ? Et puis, je me serais tiré une balle dans le pied si j’avais dit en arrivant que mon noyau n’était pas assez bon. Même si ça avait été vrai. Imagine, il restait un mois avant l’ouverture du mercato. Si j’avais dit que les gars étaient mauvais et qu’il me fallait vingt nouveaux joueurs en janvier, qu’est-ce que j’aurais encore pu tirer de ceux que j’allais devoir mettre sur le terrain jusqu’à la fin décembre ? … C’est ça aussi, l’expérience.

De Boeck a pris ton discours comme un manque de respect.

REDNIC : Mais enfin ! J’ai dit : -Je m’en fous de Glen De Boeck, je m’en fous de ceux qui sont passés ici avant moi, je commente ce que je vois.

Tu as prévu quelque chose de spécial le 4 mars ?

REDNIC : Ben oui, on va ouvrir le champagne, hein ! (Il éclate de rire). On va jouer au Standard. Et on va aller gagner là-bas. Je l’ai fait avec Gand, en 2013-2014. On a gagné 2-3 en phase classique. On a privé le Standard d’un point et demi. Il a finalement perdu le championnat pour deux points.

Ce sera un jour particulier ?

REDNIC : Toujours. À vie. Avant d’entraîner le Standard, j’avais dit que j’étais prêt à y aller gratuitement. On m’a donné un contrat plus intéressant que celui que j’ai à Mouscron mais ce n’était quand même pas terrible. Je crois que Roland Duchâtelet a bien profité de mes déclarations. (Il rigole). Pas grave. Même si ça s’est mal terminé avec lui, je lui serai toujours reconnaissant de m’avoir permis de vivre mon rêve : entraîner le Standard de Liège ! Et je suis sûr que j’y retournerai un jour. Sûr ! Tu sais que ça a déjà failli se faire l’été dernier ? Je suis en Roumanie, ils m’appellent, c’est urgent, je suis obligé de prendre dare-dare un billet en business class. Je discute avec Olivier Renard, Daniel Van Buyten et Christophe Henrotay, on met toute la stratégie au point, je sors de là en pensant que c’est réglé. Ils me demandent juste de patienter un jour ou deux. Puis, là, Bruno Venanzi dit qu’il a promis à Yannick Ferrera qu’il serait maintenu s’il gagnait la Coupe. Venanzi ne veut pas revenir sur sa promesse. Je prends un gros coup ! Mais je te répète que j’y retournerai un jour. C’est mon destin.

Par Pierre Danvoye

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