Marc Degryse

Qui veut vraiment raboter le mercato ?

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, le mercato a été synonyme de folie et il y a peu de chance de le voir raccourcir prochainement.

C’est devenu un refrain bien à la mode : il faut raccourcir le mercato d’été. On entend maintenant ça un peu partout, mais qui a vraiment envie d’en arriver là ? Certainement pas les Qataris et les Russes qui investissent dans des grands clubs. Pour eux, plus la période de transferts est longue, mieux c’est. Parce qu’ils peuvent continuer à se faire plaisir, à dépenser sans compter, à frapper les esprits.

Si je dois résumer en un mot les mouvements de cet été dans les principaux championnats, c’est : folie. On croyait avoir atteint des sommets quand Paul Pogba est passé à Manchester United, mais il passe maintenant à la limite pour un joueur bon marché quand on voit les transferts de Neymar et Kylian Mbappé au Paris Saint-Germain. Et ce n’est pas fini, cette folie des grandeurs. Les dernières rumeurs envoient déjà Cristiano Ronaldo à Manchester United et Lionel Messi à City : sûr qu’on va parler plus de ça que de matches dans les prochains mois.

C’est surtout chez les Anglais qu’on entend des demandes pour fermer le mercato plus tôt. Mais est-ce qu’ils le souhaitent vraiment eux-mêmes ? Il y a des optimistes qui pensent que la date de fermeture pourrait être avancée dès l’année prochaine mais je n’y crois pas. Certains évoquent la fin juillet, ça me semble utopique.

Les clubs qui se renforcent sur le tard à gros coups de dizaines de millions d’euros sont-ils vraiment plus forts sur le long terme ? Cela reste à prouver. Il suffit de prendre l’exemple du Real Madrid. Depuis trois ans, le noyau là-bas bouge à peine. Et je vois que le Real accumule les trophées, dont les Ligues des Champions. Comment est-il possible de ne pas voir que la stabilité est une qualité première dans le foot de haut niveau ?

Des coaches de clubs belges doivent bricoler pendant la période la plus importante de la saison, c’est anormal.

Si on se penche spécifiquement sur le marché belge, on voit que les effets de ce long mercato sont quand même assez dévastateurs. Est-ce que Gand en a tiré quelque chose ? Que ce soit en Europa League ou en championnat, les mouvements de l’été n’ont rien apporté. Le groupe n’était pas formé pour la reprise et on voit les conséquences. Même chose à Bruges, en tout cas pour ce qui concerne la Coupe d’Europe. Ivan Leko a passé son été à bricoler. Björn Engels, Stefano Denswil, JoséIzquierdo, Lior Refaelov, c’était : partira, partira pas ? Je rappelle que ces matches européens font quand même partie des rendez-vous les plus importants de la saison.

À Anderlecht, ce n’est pas mieux. Si le marché avait été clôturé il y a un mois, on n’aurait pas eu un Leander Dendoncker aussi mal dans sa tête. Il a vu que son pote Youri Tielemans avait obtenu un beau transfert à Monaco et ça a suffi à le faire gamberger. On voit ce que ça a donné sur les résultats du Sporting en championnat.

Et au Standard… Où en est l’équipe aujourd’hui ? Elle est à la ramasse en championnat et on a l’impression qu’il faut recommencer une préparation tactique alors qu’on a déjà joué cinq matches. Ricardo Sá Pinto devra maintenant faire sans des piliers, ou en tout cas supposés piliers, comme Ishak Belfodil et Matthieu Dossevi. Ça c’est une chose. Mais il doit aussi intégrer dans son système des joueurs qui débarquent, qui ne connaissent rien de notre football. Tout cela aurait dû être fait il y a deux mois.

Au lieu de se plaindre de la longueur de la période des transferts, que les dirigeants s’appliquent plutôt à former un noyau presque définitif pour la reprise des entraînements. C’est quand même le b.a-ba d’une bonne gouvernance, non ?

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