© BELGA

Qui es-tu Rafael Galhardo ?

Anderlecht a payé un million d’euros pour acquérir son nouvel arrière droit, Rafael Galhardo de Souza. Mais que peuvent espérer les fans d’un joueur élu meilleur arrière droit du Campeonato Brasileiro ?

Le 20 août 2011, Nova Friburgo, ville de 200.000 habitants de l’Etat de Rio de Janeiro, était dans tous ses états. Ce soir-là, Rafael Galhardo, un vrai friburguense, était devenu champion du monde U20 avec le Brésil après une victoire (3-2) sur le Portugal. Danilo (Real Madrid), Casemiro (Porto), Coutinho (Liverpool), Oscar (Chelsea) et Willian (Chelsea) avaient fait le show, Galhardo se contentant d’un rôle apprécié dans l’ombre.

Mais après les terribles inondations qui, en janvier de la même année, avaient coûté la vie à 214 citoyens de Nova Friburgo, tout était prétexte à rendre le sourire aux habitants d’une ville dont Galhardo est aujourd’hui le principal produit d’exportation. En décembre 2013, son mariage avec Priscilla fut un véritable événement.

Pourtant, chez les Galhardo, on reste modeste. Le football a toujours rythmé la vie quotidienne de la famille. Lors des matches opposant Flamengo et Vasco da Gama, les deux clubs les plus populaires de Rio de Janeiro, c’était toujours un peu la guerre. Maman Alzinea et papa Robero étaient supporters de Vasco tandis que Rafael et son frère Marcus étaient des fervents de Flamengo.

Les deux frères étaient inséparables, même lorsqu’ils s’affrontaient en équipes d’âge. « Nous avions toujours la gorge nouée quand c’était le cas : nous n’aimions pas du tout cela », racontait Rafael voici quelques années à une chaîne de télévision. « Je me souviens d’un match à l’époque où il jouait à Botafogo et moi, à Flamengo. Nous sommes tous deux allés au contact dans un duel aérien et il m’a donné un coup de coude. Il a passé tout le match à s’excuser. C’était à devenir fou. »

Ami de Neymar

En 2010, Galhardo était définitivement incorporé au noyau A de Flamengo mais il éprouvait des difficultés à s’y imposer. Sa grande idole, Leo Moura (que l’on a connu au Germinal Beerschot en 1999-2000), était titulaire indiscutable au poste d’arrière droit. Zico, directeur sportif de Flamengo de mai à octobre 2010, croyait pourtant dur comme fer dans les qualités du défenseur bouclé.

« A l’époque, Galhardo était le seul junior autorisé à s’entraîner avec le noyau A. Si Leo Moura ne jouait pas, nous savions que Galhardo était tout à fait capable de le remplacer valablement. L’entraîneur ne craignait pas de l’aligner. »

En 2012, après avoir joué treize matches en trois ans, Galhardo décidait de quitter Flamengo et prenait la direction de Santos, dans l’Etat de São Paulo. Dans l’ex-club de Pelé, il faisait surtout office de remplaçant à Bruno Peres, aujourd’hui un des piliers de Torino. Mais il était surtout très proche d’un certain Neymar.

En 2014, il était prêté sans succès à Bahia. Un an plus tard, il prenait la direction de Grêmio, toujours en prêt. Et là, il finissait par s’imposer alors qu’au début, Luiz Felipe Scolari ne voulait pas entendre parler de lui.

« Les fans de Grêmio n’avaient pas une très haute estime de Galhardo lorsque Santos nous l’a envoyé », dit André Heck, du Jornal NH, le quotidien le plus lu de l’Etat de Rio Grande do Sul. « Scolari a été limogé en mai et le nouvel entraîneur, Roger Machado, a fait de Galhardo son arrière droit titulaire.

Au fil du temps, les supporters ont également changé d’avis à son égard. Les interventions défensives de Galhardo et ses coups francs l’ont rendu très populaire. » A la Grêmio Arena, les supporters vibraient à chaque coup franc de Galhardo. Son secret ? Avant de tirer, il parlait au ballon.

Réaliser un rêve

En 2015, Galhardo connut la meilleure période de sa carrière et début décembre, il obtenait enfin la reconnaissance des observateurs. Le célèbre magazine Placar lui décernait la Bola de Prata (le Ballon d’Argent), récompensant le meilleur arrière droit du championnat brésilien. On louait surtout son intransigeance.

Dans un pays où les petits numéros techniques constituent la norme, la désignation de Galhardo ne plaisait pas à tout le monde. Certains médias brésiliens s’empressaient de souligner qu’il était le lauréat le moins bon techniquement à ce poste au cours des quinze dernières années.

Au palmarès, on retrouvait entre autres Arce, Cicinho, Leonardo Moura et Mancini, des joueurs dotés de capacités techniques supérieures à la moyenne. Les supporters d’Anderlecht sont donc prévenus : Galhardo n’est pas du genre à régaler le public de ses gestes.

La critique, ce Fluminense âgé de 24 ans (c’est le surnom qu’on donne aux habitants de l’Etat de Rio, ndlr) s’en fiche éperdument. Galhardo n’a qu’un but : réaliser le rêve de son frère Marcus, mieux connu sous le surnom de Marquinhos et décédé le 23 avril 2013 dans un accident de voiture au retour d’une fête de famille à Nova Friburgo.

« Le pire jour de ma vie », disait Galhardo il y a trois ans. « Ce jour-là, j’ai perdu mon binôme. Marcus était mon meilleur ami et mon plus grand fan. Il rêvait de deux choses : me voir porter le maillot de la Seleçao et me voir jouer en Europe. Je ne mettrai pas un terme à ma carrière tant que je n’aurai pas exaucé son voeu. » Anderlecht est donc prévenu.

Par Alain Eliasy

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire