Marc Degryse

Quelle image pour le foot wallon !

Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, revient sur les incidents du match entre Charleroi et le Standard.

J’aime bien les matches entre Charleroi et le Standard, surtout depuis que Charleroi n’est plus une équipe qui se bat en fond de classement mais un club qui essaie d’accéder aux play-offs I. Il y a toujours des attentes, de la tension, de la passion, la lutte de prestige pour être le meilleur club wallon, et régulièrement un jeu intéressant aussi.

Ce dimanche, tout était à nouveau réuni pour qu’on ait du spectacle. Beaucoup d’attention médiatique lors des jours précédents, un stade plein, un Charleroi en pleine bourre après sa qualification en Coupe contre Anderlecht. Et sur le terrain, ça a bien commencé. De ce duel, sur le plan sportif, je retiens la complémentarité du duo formé par Ishak Belfodil et Orlando Sá. Deux très bonnes pioches du mercato d’été. Ils devraient être une des clés du Standard sur la route des PO. Sá est toujours à la bonne place, il me fait penser à Lukasz Teodorczyk. Et Belfodil, c’est la puissance même. Un gabarit hors normes. Et un magnifique coup de patte, comme on l’a vu sur son coup franc somptueux.

Mais à côté de tout ça, dans les tribunes, quelle misère ! On avait un beau spectacle qui a été gâché par quelques personnes. Des gars qui ont tué le match, bousillé la soirée et donné partout en Belgique une image catastrophique du football wallon de haut niveau. Rien de négatif à dire à propos de Serge Gumienny. Stopper définitivement la rencontre, c’était la seule décision possible. Le choix de la raison.

L’image qui m’a le plus frappé est celle de ce gamin qui semble terrorisé par ce qu’il voit.

Au-delà des incidents et du danger physique pour Nicolas Penneteau et Guillaume Hubert, je retiens les réactions de quelques personnes importantes des deux clubs. Et je ne suis pas obligé d’être d’accord avec tout le monde ! Quand Adrien Trebel et Aleksandar Jankovic implorent leurs supporters de se calmer, je trouve ça bien. Mais je suis beaucoup moins d’accord avec le coach quand il dit, après l’arrêt du match, qu’il a connu bien pire en Serbie lors des fameux derbies entre l’Etoile Rouge Belgrade et le Partizan. C’est malvenu comme réflexion parce qu’en parlant comme ça, il dédramatise une situation dramatique. Son analyse était très malheureuse. Rien, aucune comparaison avec ce qui se fait à l’étranger ne peut justifier des débordements aussi graves.

J’ai été touché par l’analyse à chaud de Felice Mazzù. L’entendre dire que des incidents pareils le dégoûtent du métier d’entraîneur, c’est très fort. C’était une conclusion très émotionnelle mais je la comprends. La réaction de la direction de Charleroi était classe aussi. Ils ont dit qu’ils se plieraient au verdict de la Fédération, même si ça leur coûte cher. Alors que les incidents ont quand même été provoqués par le public du Standard dans un premier temps.

Je donnerais une solide amende aux deux clubs. Notamment parce qu’ils ont été incapables de faire une fouille efficace des supporters. Quand on connaît les risques qui entourent un match pareil, on doit tout faire pour empêcher des gros pétards d’entrer dans le stade. Et je ferais rejouer le match, à huis clos. Pas les 20 minutes restantes mais la totalité du match. Cela pénaliserait le Standard, qui menait 1-3 ? OK mais les problèmes ont été déclenchés par les supporters de ce club, et si on fait un bilan chiffré, ils ont frappé deux fois, pour une seule au public de Charleroi ! Ne donner de points à personne, c’est pénaliser exagérément les entraîneurs et les joueurs qui ont bossé pour préparer le match.

L’image qui m’a le plus frappé est celle de ce gamin qui semble terrorisé par ce qu’il voit. On n’aurait dû avoir que des clichés de gens enthousiastes, souriants, occupés à chanter, à encourager leurs couleurs. Mais quelle tristesse !

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