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Que se passe-t-il à Anderlecht ?

Dimanche soir, dans le cadre de la 5e journée des play-offs 1, Anderlecht s’est rendu à Roulers pour y affronter Ostende. Là, les Mauves ont réalisé un non-match qui leur a été fatal (4-2). Mais bien plus que le score, on retiendra le mécontentement des supporters anderlechtois, dont certains ont envahi le terrain et causé l’interruption du match.

Le score était de 4-1 pour les Côtiers, quand, à la 83e minute, des supporters mauves ont pénétré le terrain. L’un d’eux s’est alors dirigé vers les joueurs mauves avant d’être stoppé par les services de sécurité. D’autres ont été contenus au sein du parcage, là où l’ambiance était très électrique. L’arbitre, Wim Smet, a interrompu la rencontre de longues minutes avant que le match reprenne et se clôture sur un score de 4-2.

Si l’envahissement du terrain de quelques supporters est regrettable, il n’en est pas moins rempli de sens. Il ne s’agissait pas là d’une simple foulure de pelouse « ludique » dans le cadre d’un pari, mais bien d’un appel de détresse. Se soumettre à une amende de 1.000 euros et à une interdiction de deux ans de stade pour faire part de son mécontentement face au jeu de son équipe fétiche témoigne d’un malaise grandissant au sein du club de la capitale.

Cela dit, cet évènement n’aurait pas eu de véritable impact si les certains supporters anderlechtois n’avaient pas acclamé Anthony Van den Borre et Jordan Lukaku. Le premier étant écarté et en froid avec le club, le second ayant été vendu. Plus que d’un véritable soutien aux protagonistes, il s’agissait surtout d’un message adressé à la direction. Durant l’interruption de la rencontre, Silvio Proto, a tenté de raisonner ses supporters. La réponse s’est avérée claire et sans appel : « Shame on you ! ». Traduisez : « Honte sur toi/vous ! ». Steven Defour, lui, s’est fait arroser de bière. Les supporters sont mécontents, il ne fait aucun doute que le message soit passé.

Des résultats sportifs positifs… ou pas

Pourtant, si l’on s’en tient au bilan chiffré de la saison des Mauves, il n’est pas mauvais. Atteindre un 8e de finale de l’Europa League en ayant battu des équipes comme l’Olympiakos, Monaco ou Tottenham n’est pas donné à n’importe quelle équipe. Pointer à trois points de la première place au classement et s’afficher comme un candidat au titre non plus. D’ailleurs, tous s’étaient accordés pour placer Anderlecht en tant que favori au titre après une victoire face à Bruges et un 9/9 en PO1. Une semaine, un nul et une défaite plus tard, les supporters sont à bout. Pourquoi ?

Le problème le plus récurrent abordé par les fans mécontents est le fond de jeu inexistant. Et personne ne pourra leur donner tort : Anderlecht ne propose pas une qualité de jeu à faire frémir des amateurs. D’ailleurs, le constat est le même pour l’ensemble des clubs de ces play-offs : le niveau est insuffisant. Si d’aucuns trouvent la compétition attrayante, l’attrait actuel de cette compétition ne tient que dans l’indécision de celle-ci. Il arrive que Bruges propose du beau football mais leur inconstance est leur plus grand défaut. La Gantoise a semblé longtemps cramée avant de refaire surface avec une victoire à 10 face à Genk. Les Limbourgeois pourraient afficher de biens meilleurs résultats sans les multiples erreurs de leur gardien. Une irrégularité propre à tous les clubs expliquant qu’aucun ne semble apte à prendre l’ascendant sur ses adversaires au classement. Le fait qu’Anderlecht soit encore candidat au titre n’a donc rien d’exceptionnel.

Les cibles des critiques

La faible qualité des prestations mauves engendre des mécontentements à tous les niveaux du club. De fait, Certains expliquent la chose en remettant en cause les joueurs : « une énorme combativité face à de grosses équipes, une motivation ridicule face à de plus petites comme Ostende », explique un fan anderlechtois. Ce serait donc leur mentalité qui serait en cause.

D’autres expliquent un manque de fond de jeu par un recrutement médiocre d’Herman Van Holsbeek. De l’argent engrangé par les ventes de Mitrovic et Mbemba mal réinvesti. Exemple : Kara, acheté plus de quatre millions d’euros à Genk, enchaîne les erreurs et fait preuve d’une suffisance qui irrite.

D’aucuns jettent toute leur frustration sur Besnik Hasi. Celui-ci est considéré par beaucoup comme l’initiateur d’une mauvaise ambiance au sein du groupe, de performances sportives médiocres et de mauvais choix tactiques. Face à Ostende, ils ont été plusieurs à regretter l’absence de Büttner dans l’effectif tandis que le Néerlandais a prouvé avoir des qualités. Jugé trop offensif par son coach, il lui a été préféré Olivier Deschacht, qui lui n’était pas à 100% de sa forme. La Dernière Heure affirme, à l’aide de captures d’écran, que le Batave a aimé des commentaires anti-Hasi sur sa page Facebook. Bien qu’il reste à prouver que ce soit effectivement lui qui dirige le compte, cela témoignerait à nouveau d’une maladresse déconcertante qui mettrait de l’huile sur un feu déjà bien conséquent au sein du club.

Un feu qui pourrait bien avoir l’effet d’une bombe « s’il n’y a pas un déclic face à la Gantoise dimanche » explique un supporter anderlechtois. Logique. Le mécontentement fait rage tandis que le titre est toujours à portée. Qu’en serait-il si le club venait à perdre des points face aux Buffalos et à être distancé au classement ?

Quentin Droussin

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