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Pourquoi la Belgique doit se passer de Fellaini

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Avec 4 buts depuis le début de la campagne de qualifications, Big Mo est le meilleur buteur des Diables Rouges. Pourtant le voir sur le banc ne serait pas une mauvaise chose. Explication.

Si la Belgique qui a composté son ticket pour le Brésil était celle de Kevin De Bruyne, les Diables version « France 2016 » sont ceux de Marouane Fellaini. Une prise de pouvoir remarquée dans les chiffres puisqu’avec quatre buts depuis le début de la campagne, Big Mo est le meilleur buteur belge des qualifs.

Un putsch improbable sur les clés du jeu réalisé avec l’assentiment de Marc Wilmots, qui déclare au soir de la défaite à Cardiff que « ça a manqué d’un Marouane Fellaini » et qui décrit sa phase de jeu idéale avec un coup de casque de Felly à la conclusion : « Quand tu vois le centre de Toby Alderweireld pour Fellaini à Paris, un centre avant les seize mètres dans le dos de la défense et avec Fellaini en pleine course, tu ne sais pas défendre face à ça ».

À Manchester, pourtant, Marouane Fellaini n’est qu’un plan B. Louis van Gaal le sort du banc en cas de nécessité absolue, quand il faut arroser la surface de centres dans les dix dernières minutes. Mais chez les Diables, tout le jeu est organisé autour de ses centimètres.

Fellaini est un joueur au profil unique. Un pivot de basket avec des crampons aux pieds. Tellement atypique qu’il vous met devant un constat implacable. On ne joue pas AVEC Fellaini. Soit on joue POUR Marouane, soit on joue SANS lui.

Big Mo n’est pas un joueur de complément. Impossible d’en faire un rouage supplémentaire dans un système de possession bien rôdé. Et c’est là le problème des Diables, qui doivent se créer une identité avec le ballon s’ils veulent sortir de leurs difficultés récurrentes face aux équipes regroupées. Fellaini joue presque exclusivement sans le ballon, et sa mission consiste à gagner des duels sur les dégagements et les centres. Un rôle de deuxième attaquant qui prive la Belgique d’un lien entre son milieu de terrain et son attaque, et condamne le numéro neuf à vivre de ballons trop longs pour être précis.

La Belgique a la possession dans les faits mais pour grandir, elle devra également l’avoir parce qu’elle la veut, et gagner des matches grâce à elle. Un plan qui condamnerait certainement l’indispensable Marouane Fellaini à un retour sur le banc de touche, quitte à l’utiliser comme un riot-gun pour tirer dans le tas en cas d’ultime nécessité.

En 2008, Luis Aragones avait confié les clés de la Roja à Xavi pour emmener l’Espagne sur le toit de l’Europe. Deux mois plus tôt, le sélectionneur avait posé un choix fort : il avait laissé le légendaire Raul à la maison. Un immense joueur sacrifié pour une idée. Au nom du jeu.

Par Guillaume Gautier

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