Marc Degryse

Pour le VAR, il faut tout revoir

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, le VAR est une bonne chose mais le système est très mal utilisé quand il est aussi question d’interprétation.

Depuis le début de l’expérience, je suis partisan de l’assistance vidéo pour les arbitres. Et je n’ai pas changé d’avis entre-temps, malgré la succession de couacs. Le VAR est un très bon outil sur certaines phases bien précises. On en a encore eu deux fois la confirmation lors des deux dernières journées. À Genk, le but de l’égalisation du Standard a été annulé et il devait bien l’être parce que Renaud Emond était clairement en position hors-jeu. C’était une phase importante et la vidéo a permis de faire la clarté et de prendre la bonne décision.

Même chose ce dimanche à Anderlecht. Abdoulay Diaby était hors-jeu, donc le but de Bruges ne devait pas être validé. La décision finale de l’arbitre était la bonne. Que ce soit pour deux centimètres ou trois mètres, un hors-jeu est un hors-jeu. Dans des situations pareilles, l’utilisation du VAR est clairement un pas en avant. À un stade de la saison où il y a plein d’enjeu dans chaque match, c’est un progrès.

Par contre, le système est très mal utilisé quand il est aussi question d’interprétation. Sur les phases où on doit décider s’il faut exclure un joueur ou pas, on utilise parfois mal les images, ou on n’y a même pas du tout recours. Alors qu’elles sont là, disponibles, alors qu’elles peuvent aider à trancher de la bonne façon.

Et surtout, il y a ces phases importantes dans les rectangles depuis le début des play-offs. Trois fois, en trois journées, les arbitres se sont trompés en accordant des penalties alors qu’ils n’auraient pas dû les donner. Ça a commencé lors de la première journée avec ce contact entre Jere Uronen et Ruud Vormer dans Bruges – Genk. L’arbitre a donné le penalty à Bruges et la décision a offert la victoire au Club dans les dernières secondes. Pourtant, il n’y avait pas de quoi siffler. Et les images étaient disponibles.

Le plus dérangeant, c’est que les plongeons spectaculaires dans le rectangle risquent de se généraliser, à cause de la mauvaise utilisation du VAR.

Ce week-end, ça a commencé dans le match Charleroi – Genk. Il n’y a pas d’intervention fautive de Ruslan Malinovsky sur Kaveh Rezaei mais l’arbitre donne le penalty. Là aussi, comme dans tous les matches des play-offs 1, il suffisait qu’il aille voir l’écran pour se rendre compte qu’il n’y avait pas lieu de siffler. Puis ça a continué dans Standard – Gand. Edmilson met toute son énergie dans un plongeon spectaculaire quand il se retrouve face à Nana Asare. C’est clair : le penalty ne se justifie pas. Mais encore une fois, l’arbitre ne va pas à l’écran.

Pourquoi se prive-t-on de l’outil technologique ? Sur ces trois phases, il n’est plus question de centimètres comme sur les phases de hors-jeu. L’interprétation entre en ligne de compte, ce n’est plus noir ou blanc. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas de contacts, mais en tout cas, le joueur qui s’écroule n’est jamais en position franche de marquer ou de faire marquer un but. Il faudrait que les arbitres prennent ce paramètre en compte. Au lieu de ça, ils sifflent quand c’est léger et ils ignorent le VAR qui pourrait les aider à corriger leurs erreurs.

Le plus dérangeant, peut-être, c’est qu’une nouvelle mentalité risque de s’installer. Les footballeurs ne sont pas aveugles. Ils voient qu’il suffit de s’affaler à l’approche du but adverse parce que ça paie. Ils voient aussi que le VAR ne pousse pas les arbitres à revenir sur leur première décision. Donc, ça risque de continuer. On ne changera pas le règlement comme ça, mais ce serait bien que les arbitres tiennent compte de la dangerosité, ou de l’absence de dangerosité des actions. Un contact léger et innocent dans un rectangle, ça ne mérite pas un penalty si le joueur qui s’écroule – souvent en y mettant énormément de bonne volonté – n’a pas une chance de finir son action. Vormer, Rezaei et Edmilson n’étaient pas sur le point de marquer un but. Ils ont été très bien payés.

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