© Emilien Hofman

Pelouses, antiquités puis frites, burgers pour Anthony Englebert (rétro)

Trente-cinq ans après avoir atteint la finale de la Coupe des Coupes avec le Standard, Anthony Englebert a ouvert un snack dans son village natal de Tenneville. Pour l’ancien gaucher des Rouches, le football a depuis longtemps fait place au troc puis aux burgers. Rencontre.

Rare zone à 90 km/h de l’axe Marche-en-Famenne-Luxembourg, Tenneville fait office de lieu incontournable pour les routiers empruntant la Nationale 4. Nombreux d’ailleurs sont ceux qui en profitent pour y casser la graine dans une des friteries du patelin. Parmi ces établissements, celui de l’ancien footballeur Anthony Englebert. Après une carrière qui l’a vu passer par le Standard, Winterslag, Seraing et Ettelbrück (Luxembourg), l’ancien Rouche a décidé d’ouvrir, en avril dernier, un snack à burgers et frites dans son village natal.

Si l’odeur de friture a remplacé celles du vestiaire, il y a bien longtemps que celui que l’on surnomme Tony a tiré un trait sur son passé footeux. « Après mon expérience à Seraing, j’ai eu l’occasion de signer en France, à Sarreguemines », explique-t-il. « Mais j’ai finalement rejoint Ettelbrück, au Grand-Duché, ce qui était moins contraignant au niveau des entraînements. Mon plan de carrière a changé après une saison sur place, quand j’ai repris le commerce d’antiquités familial. » Une affaire qu’il tiendra durant plus de vingt ans, sillonnant nombre de marchés et brocantes à Namur, Bruxelles ou en France.

« Au début, on me ‘bourrait’ les meubles », se souvient-il. « Comme j’étais novice, les autres marchands s’associaient pour me faire payer très cher et donc me dégoûter. Mais comme je suis têtu, j’ai fini par entrer dans le jeu. » Attiré par le mobilier régional et le travail du bois, Anthony pouvait alors dépenser jusqu’à dix fois le prix qu’il s’était fixé en tête quand un meuble lui plaisait. « Mais dans ce cas-là, j’étais sûr de pouvoir trouver un acheteur par après », sourit-il.

Il y a quelque temps, son business ne tournant plus très bien, Tony a réfléchi à une reconversion et, profitant de son emplacement idéal le long de la route, il s’est lancé dans les burgers. « Depuis, le restaurant ne désemplit pas », dit-il. Lumineuse et spacieuse, la friterie d’Anthony Englebert fait oublier son ancienne fonction de bistrot, dans les années 70. Un café alors tenu par l’oncle d’Anthony et dans lequel il a signé son affiliation au Standard. « J’avais 14 ans », se souvient-il. « C’est donc particulier d’ouvrir un commerce là où mon aventure footballistique a commencé. »

De troisième homme à titulaire

Du passage compliqué entre le village de Tenneville et la ville de Liège à 15 ans, aux premiers entraînements très hachés avec l’équipe première, l’Ardennais s’est forgé un solide caractère en bord de Meuse. « Quand je suis arrivé en équipe première, il fallait lever les jambes pour ne pas se faire découper par Michel Renquin ou Eric Gerets », se souvient-il.

Barré par Gérard Plessers et le même Renquin, il ne joue que des bribes de matches. Sauf en Coupe de Belgique, où il participe plus abondamment au succès des Rouches en 1981. Cette année-là, le Standard remporte la finale 4-0 face à Lokeren. Englebert reste cependant sur le banc. « Je n’ai jamais su pourquoi car le coach, Ernst Happel, était un taiseux. Mais quelques jours avant ce match, j’ai taclé un peu trop durement son adjoint qui s’entraînait avec nous. Je n’ai plus joué sous ses ordres par après. »

Coup de bol pour le Tennevillois, l’Autrichien, en fin de contrat, est remplacé par Raymond Goethals la saison suivante. Sous la houlette du Bruxellois, Englebert reçoit véritablement sa chance. « Renquin étant parti à Anderlecht, Goethals m’a testé au back plusieurs fois avant de me donner sa confiance », se rappelle le gaucher.

« Avec lui, tout était réglé comme du papier à musique. Nous répétions nos gammes, encore et encore, tous les jours. De telle sorte que toutes les équipes se faisaient prendre au piège du hors-jeu, aux quatre coins de l’Europe. »

La campagne européenne 1981-82 du Standard le prouve lorsque les Rouches se hissent jusqu’en finale face à Barcelone. Un match qu’Englebert, pourtant titulaire durant tout la compétition et auteur d’un but somptueux face à Porto, en quart de finale, ne jouera pas.

« Je ne comprends toujours pas pourquoi mais Goethals a préféré aligner le Suisse René Botteron à ma place. Peu auparavant, il avait encore fait mon éloge en déclarant « Avec Englebert, on peut partir à la guerre ». Pour moi, il y avait du transfert dans l’air et il fallait le faire jouer pour le revendre plus facilement. J’enrageais de ne pas pouvoir monter sur la pelouse alors que nous étions menés au score. »

Une nouvelle passion

En manque de temps de jeu, notre homme profite des quelques minutes de jeu qu’on lui octroie pour se donner à fond. Au point que son style de guerrier lui attire les foudres du Lion de Rekem, Eric Gerets, lors d’un match contre Waterschei. « Il m’a engueulé parce que je mettais trop le pied », explique-t-il. « C’est là que j’ai compris ce qui se tramait autour de ce match acheté par Goethals et les cadres de l’équipe. »

Après sa dernière saison à Ettelbrück, Tony décline un poste de T2 à l’UR Namur et tourne le dos au foot pour découvrir les métiers d’antiquaire puis de tenancier de friterie, un job qu’il affectionne pour son côté social. « Je savais qu’un snack en bord de Nationale 4 marcherait. Mais je voulais me distinguer de ce que les autres établissements proposaient déjà. »

Du coup, l’ancien Rouche a développé cinq recettes d’hamburgers à la viande fraîche et au pain véritable. « C’est comme avec les antiquités : je n’ai jamais voulu copier et j’ai toujours préféré travailler avec de la qualité. » Tous les jours, Tony goûte une frite et une seule, pour déterminer si la cuisson est bonne. « J’ai une fâcheuse tendance à prendre du poids », se justifie-t-il. « Mais ça n’empêche pas certaines personnes de me reconnaître à la friterie. Il y a peu de temps, deux gars m’ont fixé longuement et je me suis dit : Mais qu’est-ce qu’ils me veulent ? C’étaient des coéquipiers d’il y a 40 ans… »

par Emilien Hofman

Anthony Englebert

Pelouses, antiquités puis frites, burgers pour Anthony Englebert (rétro)
© Emilien Hofman

Date et lieu de naissance 18 décembre 1961, Bastogne

Carrière de joueur

1980-83 Standard

1983-85 FC Winterslag

1985-89 RFC Sérésien

1989-90 FC Ettelbrück

1990-91 RCS Libramont

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